London Adobe Creative Meet up

5 janv. 2017





C'était une idée de mon expat de copine, qui avait vu circuler quelque part l'annonce alléchante d'une réunion de créatifs dans la capitale anglaise, sponsorisée par le géant de nos quotidiens de graphistes, Adobe.

On s'est inscrites pour le meet up, mail de confirmation, braclet d'invité et tutti quanti.
L'event avait lieu à Shoreditch, évidemment. Au Bike Shed, 384 old street.
A l'entrée, un vigile qui cadre les allées et venues. Es-tu sur le registre ? For which event ?
Il est intimidant, d'autant plus que les festivités ont déjà commencées, que le réseau ne passe pas et que j'ai bien du mal à joindre ma copine déjà sur place.

A l'intérieur, des voûtes quasi provençales, c'est assez drôle d'aller si loin pour se sentir si proche de chez soi. Petits fours, prosecco, majordomes en costard qui t'amènent le tout sur un plateau.
Avec nous, Orsola, collègue de travail de ma copine, jolie petite tchèque à l'anglais parfait sans accent qui vit à Londres depuis 8 ans, habite en zone 9 avec son boyfriend d'avocat et se fait déposer en porsche, ou galère sans oyster card pour rentrer chez  lui  elle, en indépendant, graphiste free lance chez Wallace.

L'ambiance est électrique. Tant de créatifs dans un si petit périmètre...


Ma cheville foireuse et moi nous installons sur une chaise, dans la salle -quasi vide- de conférence, histoire d'anticiper et de ne pas faire partie du public debout. Deux cents personnes environ, peut être un peu plus. Les invités de la soirée se succèdent sur le devant de la scène. Applaudissements, sifflements, c'est décontract.

Je tends l'oreille. Vocabulaire spécifique, argot... Disons que je ne comprends que 60% de ce qui est dis. Score assez frustrant. Mes sidekicks d'expat tournent autour des 80-85%.

Si j'ai raté les deux premiers intervenants, je me fais conter la prestation du dernier, Dan Mumford, l'illustrateur, dont "tu aurais tellement kiffé les dessins" qui en direct d'une salle pleine à ras bord de créatifs a montré sa méthode de colorisation digitale sous les yeux ébahis / critiques / curieux / scrutateurs du public.


P A T R I C E   D E    V I L L I E R S  








Puis les spots s'éteignent et c'est autour de Patrice de Villiers, une photographe british, de prendre la parole. Le silence est religieux.

Quelques unes de ses photos défilent à l'écran. L'artiste nous parle de son rapport à l'image, de sa transition vers la photo food quand sa prédilection de jeunesse se tournait vers les portraits, en toute décontraction.

Aux flots incessant de ses paroles pour parler de son travail, Patrice de Villiers m'en bouche un coin. Ses prises de vues, sublimes, intelligentes et créatives, ont su nous faire baver d'admiration.

Tout comme son carnet d'adresse. Ses clients sont des pointures. Le rêve de tout créatif. A de nombreuses reprises, le public essayait de prendre des photos de ses photos.

Patrice de Villiers nous remercie et laisse la place au prochain intervenant.



A A R O N    D R A P L I N 






Et c'est un hamburger sur pattes qui prend la suite. Aaron Draplin, graphic designer, entre en scène. Casquette, veste en jeans, kilos de graisse et patchs colorés, ça sent bien fort l'américain couleurs 90ies. Jet lagged, il ne manque pas de nous faire savoir qu'il l'est, mais très vite, l'auditoire est scotché à ses mots : l'homme sait faire le show. Orateur, charismatique, drôle, les paroles et l'énergie qu'il transmet sont captivants. L'homme est aussi talentueux que passionné. Le design graphique, il le maitrise, et haut à la main. Son travail est remarquable.

Mais son talk s'axe rapidement autour d'une seule et même chose : son livre. Draplin vient de sortir le premier volume de son travail sur papier glacé, et déborde de fierté. Le Meet Up se transforme en Book Tour. A comprendre, une campagne de promo pour vendre son bouquin. Il ne s'en cache pas. Une date par soir depuis un mois.

DDC, c'est le nom de son studio, le Draplin Design Company, qu'il a fondé, et autant dire que dans la lignée des self made men, le petit immigré polonais a de quoi être fier de l'empire qu'il s'est bâtit.
On ne l'arrête plus. La conférence s'éternise, aucun temps mort, il n'est jamais à court de mots, ni d'énergie. But guy, you're in a creative meet up. We don't care about your private life, we want to ear about your career.

A l'américaine, Draplin confond tout. Son père, récemment décédé, ses photos de familles, ses opinions politiques. Il n'en revient toujours pas. Avoir travaillé sur la campagne yes, we can, avoir été choisi pour s'occuper de l'identité visuelle de Bernie Sanders, il nous décrit en long, en large et en travers l'insigne honneur que lui a fait l'amérique, mais tu sais ici c'est plutôt God save the queen.

Come on, we don't care about Obama and Bernie Sanders. Can't you understand you're in England ?
Non. He can't understand. Typiquement américain, persuadé d'être le centre du monde, il continue, et les anglais, fascinés, en redemandent. Le public se précipite pour lui faire un high five. Il est applaudit comme jamais. Nous, on est impressionnées par tant de connerie.

A la question du public "What do you prefer in graphic design ?" Draplin trouvera le moyen de répondre très sérieusement sans ciller " Taking care of my mom."
Nous, on éclate de rire. Draplin, tout fier, finit son diaporama sur une photo de son père et s'en est trop pour notre entendement. What about your cat and your second cat and the cousin of your grandma ? scande ma copine entre les applaudissements hystériques de la foule.
Et le pire restera ceux qui se précipitent pour acheter le livre et l'instagrammer, ravis d'avoir entre les mains l'empreinte du Great Man. Bullshit, a show off, not a great man...
Les anglais seraient-ils en manque de héros ?

C'est la fin du cycle de conférence, la scène se clôture. Un dernier verre de champagne, un test en direct du nouveau windows surface (manque de précision du stylet, gardons nos cintiqs), un shooting photos sur une harley davidson, et c'est déjà l'heure de rentrer à Paddington.

Si le concept de ces rencontres entre créatifs m'a beaucoup plu, le sujet initial, la suite adobe, s'est pourtant peu vu traité de mon point de vue.

Je retiens aussi leur âge, à ces intervenants. La vingtaine de loin, la quarantaine passée en s'approchant, et toujours créatifs, de plein pieds, très à l'aise dans leur travail. Beaucoup de passion dans leurs paroles, tant de choses à dire, un portfolio qui déboite et une réputation reconnue de par le monde. Très inspirants, tout de même, ces intervenants.

Bref, j'ai adoré l'esprit de l'Adobe Creative Meet Up. Vivement qu'il en fleurisse dans toute la France. Quelques unes ont déjà eu lieu à Paris cette année. 


Live Stream



ADOBE CREATIVE MEET UP LONDON 24th NOVEMBER 2016
La retransmission de l'Event Online :

Part One : Rufus Deuchler here ( 30min )
Part Two : Dan Mumford here ( 20min ) http://www.dan-mumford.com/
Part Three : Patrice de Villiers here ( 30min ) http://www.patricedevilliers.com/
Part Four : Aaron Draplin here (1h)  http://draplin.com/

L'ADOBE CREATIVE MEET UP de Paris, le 22 Novembre (2h) ici



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