Un week end d'automne dans la Drome provençale

13 nov. 2023







Pas facile de profiter de l'automne en Provence. Avec notre climat méditerranéen très sec et peu pluvieux, l'été s'attarde tandis que l'hiver tombe d'un coup, ce qui nous laisse peu de temps pour sentir la saison des feuilles colorées. D'ailleurs, elles se colorent bien après les autres régions de France, ne nous laissant à proprement parler qu'une fenêtre de tir très réduite pour profiter de ses ambiances : de fin Octobre jusqu'à fin Novembre.   

Cette année-là, on avait voulu partir pour un week-end de charme, dans une province limitrophe qu'on ne connaissait pas du tout : la Drôme provençale. A cheval entre plusieurs départements et deux régions, la Drôme provençale est un territoire plutôt riche, en histoire et en deniers, à l'image des contrées aixoises et arlésiennes, en plus petit. Ponctuée de villages en hauteurs et de châteaux, elle est aussi tapissée de vignobles, offrant aux visiteurs le parcours d'une route des vins 


L'ambiance est calme, un peu mélancolique. En marge des touristes, quelques visiteurs s'aperçoivent ça et là, mais globalement nous avons les lieux pour nous. Etrangeté de cette France des campagnes, irrespirable en été, désertée hors saison. 






I T I N É RA I R E 

Jour 1 : départ de Marseille / St Restitut / Clansayes / La garde Adhémar / nuit à Taulignan
Jour 2 : Château de Grignan / château de Suze la Rousse / Vaison-la-romaine / nuit à Vaison-la-romaine
Jour 3 : Seguret / Gigondas / retour à Marseille 



Nous avons commencé notre week-end par un passage à Saint Paul trois châteaux, pour le souvenir, pour toutes les fois où nous allions voir tonton Léonce, dans sa congrégation de frères maristes où il se plaisait tant sous les ordres dans sa soutane. Je n'ai pas eu l'impression de reconnaitre les routes, les murs, les ambiances, en marge de ce domaine où il ne nous est plus possible d'entrer.  

Nous sommes ensuite allées visiter Saint Restitut, où nous avons mangé dans un des derniers restaurants acceptant les clients après 13h30. Le village n'est pas grand, pas spécialement charmant sous cette lumière-là. L'office du tourisme étant de bon conseils, nous suivons ses recommandations pour la journée.








Les caves cathédrales

À quelques encablures de Saint Restitut, au fil d'une petite route sinueuse dans la colline, les caves du mas Theo envoutent le visiteur. Nichées dans une ancienne carrière de pierre, les caves cathédrales portent bien leur nom. C'est dans ce site creusé dans la roche que le vigneron paysan Laurent Clapier, passionné par son métier, propose un parcours découverte autour du "vin vivant" et de la biodynamie, une conception vinicole en adéquation avec l'agriculture biologique.


 Sans doute que vous apprendrez beaucoup sur l'agriculture biodynamique (qui se distingue de l'agriculture biologique par son petit aspect philosophique et "ésotérique", avec la prise en compte des rythmes lunaires et planétaires), qui une fois débarrassé de ses termes scientifiques a l'air franchement passionnante, mais j'avoue à l'instant T avoir été plus sensible à ce que j'avais sous les yeux qu'aux explications de chimistes placardées au mur, pas forcément initiée au vocabulaire et à la culture du vin.


Tout est sublime dans les caves cathédrales. On se croirait transportés dans un autre monde, un peu steampunk sur les bords. Formes, couleurs, lumières... Je me suis imprégnée de cette ambiance sombre et parfaitement automnale avec beaucoup de bonheur (et d'insistance, j'y serais restée encore des heures). Mon imagination s'est mise à tisser des rêves d'idées à dénouer, sans parler de mon ressenti très positif du lieu en général, qui m'aura fait forte impression, en plus d'être parfaitement romanesque.  



Les caves cathédrales 
2620 Route du Belvédère 26130 Saint-Restitut
entrée gratuite 




 Clansayes


Perché sur un rocher, entouré de collines, Clansayes semble de prime abord n'être qu'un village provençal comme on en croise de nombreux, avec sa petite église, ses maisons inhabitées et ses rues dépeuplées. Mais en poussant l'exploration plus loin, on comprend pourquoi Clansayes est chaudement recommandée par l'office du tourisme.  

Il y a d'abord ce sol, inhabituel, pierreux, avec de la mousse et des racines entremêlés qui rendent la marche difficile, mais donne une sacré ambiance gallo-romaine à ses petites rues provençales. Il fait plus humide dans la Drôme, ça se sent. 

Mais il y a surtout cette tour haut perchée, la tour des templiers, qui intrigue et son petit chemin en montée sur les hauteurs, au beau milieu de la roche. Il s'agit d'un superbe donjon médiéval 12ème siècle, surplombé d'une statue de la Vierge Marie, un type d'architecture que je n'avais encore jamais vu. 

La balade est agréable, entre le magnifique panorama sur la vallée, le charme de la petite église et les ruines la salle aux trois niches qu'on suppose dater du temps de l'âge de bronze. Clansayes est très petite, on en fait vite le tour. Mais son charme vaut amplement le temps d'un détour. 










La garde Adhémar


Le soleil décline, nous sommes en fin d'après-midi un jour d'Octobre, proche du passage à l'heure d'hiver. C'est la meilleure lumière, celle de la golden hour, qui vient frapper les vieilles pierres de ce magnifique village pour lequel j'ai eu un vrai coup de coeur. Perché sur un éperon rocheux, La Garde Adhémar, classé dans Les plus beaux villages de France, recèle de quelque chose de mystérieux entre ces murs. Une atmosphère séculaire, presque celte semble émaner de ce lieu.



Le village tire son nom de sa fonction : il était l'avant poste protecteur des Adhémar, riche et puissante famille provençale, seigneurie de l'époque ayant donné son nom à la ville de Montélimar. Ce bourg bâti au 12ème siècle a gardé son atmosphère médiévale, avec ses voûtes, sa superbe église romane, ses sublimes petites ruelles et sa vieille pierre blanche, omniprésente. Du lierre court sur les murs, cyprès et oliviers se dressent dans le paysage, bordant ses ancestrales maisons restaurées avec amour, aujourd'hui écrin de quelques galeries, boutiques et restaurants. 

La Garde Adhémar nous incite à prendre le temps, à ralentir le rythme, à prêter attention aux milles petits détails autour de soi, à se perdre dans le temps aussi. 


Quelques promeneurs déambulent dans la ville, l'atmosphère est silencieuse, méditative. On admire la vue depuis ce sublime panorama sur la vallée, au soleil couchant. En contrebas, un jardin, où je ne peux m'aventurer en raison des douleurs de ma cheville. Il s'agit du Jardin des herbes, une collection botanique qui rassemble toutes les plantes ornementales et officinales de Provence, aujourd'hui labellisé Jardin remarquable.


Un endroit que j'ai raté, et je m'en mords les doigts : le val des nymphes. Situé à 2km du village, il s'agit d'un lieu mystique, héritier d'un culte gallo romain, près d'une source. Dans cet écrin de verdure où les pierres sont recouvertes de mousse il ne reste des quatre édifices médiévaux qui s'y dressaient qu'une chapelle du 12ème siècle, mélange de styles roman et antique. On raconte également que les premiers habitants de La Garde Adhémar vivaient dans ses alentours avant de se déplacer sur les hauteurs.








Pour manger, nous avons poussé la porte d'un charmant restaurant dans le petit village de Taulignan, à quelques kilomètres de là, non loin de Grignan. Dans un décor authentique, La malle poste, avec ses voutes en pierre, ses jolies fenêtres et sa superbe cheminée propose une farandole de spécialités provençales servies sur d'élégantes tables. L'ambiance est cosy, intimiste, chic-décontracté, et les plats savoureux. Une soirée dans un beau cadre comme je les aime, dont je me souviendrai. 





Pour dormir, nous avions réservé une nuit à Taulignan également. 

La Rialhe était peut être une de nos premières chambres d'hôtes. Au coeur d'une bastide provençale aux volets bleus lavandes, cerclée d'arbres et de fleurs, l'atmosphère y est calme et feutrée. La chambre était jolie, le rapport qualité prix plus que correct, le petit déjeuner à tomber, la gentillesse de l'hôtesse étant un plus dans ce décor intimidant pour le néophyte des grandes tablées avec des inconnus. Bref, une chouette adresse à recommander, à seulement dix minutes de Grignan. 





La Rialhe
26 Rue des Petits Remparts, 26770 Taulignan

La malle poste 
Les Grands Remparts, 26770 Taulignan










Le château de grignan


Objet de notre séjour dans la Drôme, le château de Grignan était un peu le clou du spectacle, le temps fort du week-end. 

Perché en haut du village du même nom, on y accède à pieds par une pente assez raide, avec la sensation de mériter la visite, surtout lorsqu’on souffre de la cheville. 

Le château, magnifique de loin, l’est d’autant plus de près. Clairement de style Renaissance, sa pierre provençale et son architecture peu habituelle frappent tout de suite les esprits, avec ses et ses rangées de fenêtres à carreaux.  


Château fort construit vers le 11ème siècle, c’est la famille des Adhémar (encore et toujours eux) qui le pare de ses atouts Renaissance en le transformant de poste de garde à forteresse habitable par la noblesse. On dit même que François Ier y séjourna. 


Mais la renommée du château se doit surtout à Madame de Sévigné. Le comte de Grignan, épouse au XVIIème siècle sa fille Marguerite, qu’on dit plus belle fille de France, ce qui sera toujours une blessure pour Madame de Sévigné restée à Paris. De cette séparation naîtront les lettres les plus connues de la littérature françaises. 


Ravi de son nouveau prestige, le comte de Grignan aménage le château pour recevoir la noblesse parisienne. Festoyante et faste sont les maitres mots : il dépense sans compter. 


Difficile en si peu de temps de visite de savoir à quel point le poids du temps passé par là aura endommagé le château, mais tout semble à s’y méprendre aux appartements d’origine, un vrai plongeon dans le passé, les deux pieds au coeur de l’histoire. 


Le château de Grignan est juste sublime. De ses meubles à ses tapisseries, en passant par ses boiseries, candélabres et gypseuses, on se sent glisser au fil du grand siècle, dans cette France riche et puissante au temps de sa noblesse. Tout est magnifique, plein de gout, invite à la rêverie. Je ne m’étonne pas d’apprendre qu’il s’agit du plus grand (et du plus beau) château de mon Sud-est de la France. La Provence riche est toujours une surprise pour nous qui habitons l’autre Provence. 


Je suis en plein vision-trip renaissance, images et associations d’idées m’aggripent l’esprit  lorsqu’un gardien vient me taper sur l’épaule. Le château ferme entre midi et deux. Evacuez les lieux et revenez plus tard. Est-ce une blague ? Non, non, c’est bien réel. Nous sortons donc du château, partons déjeuner, et revenons plus tard. Oui, on en est là de l’absurdité. Vieille campagne, vieux moeurs. Je suis bouche bée. 


La suite de la visite sera donc moins magique, plus désabusée. Forcément, la rêverie n’est plus au rendez-vous, hein… Bon, je sors de là tout de même assez flottante, un peu sur ma fin, mais je ne manque pas de passer à la boutique m’offrir une édition poche des Lettres de Sévigné. Je ne les ai jamais lues, il est temps d’y remédier.








 grignan



Sans doute que j'imaginais Grignan très différemment. Le village ne manque pas de charme, avec sa pierre provençale, dominée par les cimes de son château. De loin, il a tout de la carte postale, de près, il est plus hésitant. De mutliples influences se tiennent à la croisée de son paysage. Médiéval, renaissance, contemporain, un savant mélange ... On sent le patrimoine riche et on imagine sans mal la fille de la marquise de Sévigné s'y balader au bras du comte de Grignan. 

Grignan est plutôt petit. Ses ruelles étroites, pleines de charme, nous guident jusqu'à son sublime lavoir à colonnes, le lavoir du Mail, rêve éveillé d'une beauté romantique entre Versailles et la villa d'Este de Rome. J'ai rarement vu un cadre aussi beau, d'autant plus qu'il est bordé d'une superbe maison au jardin bordée de fleurs. Sa beauté est à couper le souffle, je tombe en amour pour sa verrière. Il s'agit d'un restaurant, le très renommé Le clair de plume, un michelin étoilé aux prix inabordables. Tant de poésie, tant de déception. 

Le reste n 'est que désillusion. Probablement que je n'ai pas vu Grignan sous son meilleur jour. Hors saison, entre midi et deux, les boutiques d'artisanat sont fermées (et réouvriront à 16h, lorsque nous aurons quitté le village). Son calme confèrerait presque au sordide. Quelques âmes se massent le long d'une agitation dans un restaurant bonne franquette assez quelconque, l'un des rares ouverts et le seul apte à servir du végétarien. L'expérience est un peu amère, au milieu des ouvriers du coin, on est loin de l'expérience vie de château. 

Ici ce seront succédés tous les mauvais côtés de la campagne française (horaires à la con, prend pas la carte bleue, vie hors saison morne, château qui ferme entre midi et deux, celle là je ne m'en remets pas...). Ce fut donc pour moi un rendez-vous manqué avec Grignan. Je pense qu'il faudra retenter l'expérience, mais cette fois-ci lors d'une autre saison. Sans doute au mois de Juillet, pendant la floraison des lavandes et le festival de la correspondance. 









Le château de Suze-la-Rousse




Sur la route de notre périple se dresse un nouveau château, et pas n’importe lequel. Suze la rousse, avec ses tourelles et ses mâchicoulis, a des airs de château forts et de relents d’époque féodale. Classé monument historique, on y sent le pouvoir du temps se déployer entre ses murs. Car Suze la Rousse se pare aussi d’atouts Renaissance et parvient à faire cohabiter parfaitement, comme certains de nos châteaux français, ce mélange en deux temps de deux ères et de leurs attributs.

Si l’extérieur, très médiéval, perché sur un éperon rocheux saisit d’entrée le visiteur avec ses hauts murs de forteresse, l’intérieur lui, porte les couleurs de la Renaissance. La cours d’honneur, assez impressionnante, rugit de beauté, avec sa pierre claire et son enchâssis de fenêtres à n’en plus finir. On imagine sans peine le coeur d’un bal de silhouettes du passé défiler sur ses pavés.

L’intérieur du château, moins riche que celui de Grignan, ne manque tout de même pas de charme, avec ses lambris et ses gypseries, ses peintures et ses arcades. On prend le temps de musarder entre ses murs, de faire galoper son imagination. Il y a tant d’histoires et tant d’horizons que pourraient raconter les pierres du château, qui en ont vu passer, des siècles et des hommes.

Suze-la-rousse possède aussi la particularité d’abriter sous son toit, l’Université du vin, école de renom pour les aspirants aux métiers de la vigne et du vin. Une petite exposition y était présentée lors de notre passage, mais j’avoue ne pas m’y être penchée avec beaucoup de passion. De même que son jeu de paume, pourtant un des mieux conservé de France, qui ne m’a pas spécialement éblouie.

On ne s'attarde pas spécialement à la visite du village, notre prochaine point d'intérêt se situant à quelques kilomètres de là.







Vaison-la-Romaine


Sans doute mon étape coup de coeur. Vaison-la-Romaine, un lieu inconnu de moi mais un nom familier, qu'aimait à répéter mon grand-père. J'ai trouvé ce village tout de pierres et de charme, bâtit en hauteur, profondément merveilleux. Avec la vigne rouge témoins de l'automne, la luminosité déclinante mais franche et le peu de monde dans les rues de cette cité médiévale qui sent si bon la Provence, je me suis sentie les sens envoutés. 


Le village est magnifique, avec ses belles petites ruelles en calade, ses jolies portes en bois, sa végétation aux fenêtres, les portiques sculptés de sa pléthore d'hôtels particuliers. On sent que ce coin de Provence fut riche en son temps. Sa construction date du XIIème siècle, bras de fer entre un comte et un évêque pour asseoir son pouvoir sur la vallée. De ces querelles historiques naissent souvent de belles choses et l'on s'en réjouit, car 800 ans plus tard, on en prend plein les yeux. Charme supplémentaire : la bonne idées de cette exposition photos à ciel ouvert, qui se fond parfaitement dans le décor. 

En suivant le fil des ruelles, avec son sol de plus en plus pierreux (ce qui n'est vraiment, vraiment pas terrible pour ma cheville) on a tôt fait d'arriver sur les hauteurs de Vaison-la-Romaine, où se dresse un château fort en ruines, gardé d'une myriade d'arbres morts et d'une vallée de pierres lisses et rocheuses. Des images galopent dans mon imaginaire, mes sens s'imprègnent du lieu. Paix dans mon coeur. 






Le soleil décline, il est temps de se mettre en quête d'un endroit pour dormir. 
Nous jetons notre dévoluy sur l'hostellerie Le beffroy. Sa situation centrale, au coeur du village, en face de la fontaine, nous aura séduit, mais pas tant que l'intérieur des chambres. Aménagé dans le beffroi, comme son nom l'indique, ce superbe hôtel s'empare de son patrimoine médiéval pour offrir à ses visiteurs l'expérience d'une nuit dans un château. Le lieu, sublime, se décline aussi du côté gastronomique avec son restaurant accolé, "La fontaine" dans un jardin avec vue sur la vallée. Volupté, volupté, volupté !  

En définitive, nous n'aurons pas trop eu le temps de nous attarder à Vaison-la-Romaine. Nous quittons tôt la ville le matin. Exit la visite de son site archéologique Puymin, pour mon plus grand regret. Nous partons faire un crochet vers les derniers villages, avant d'amorcer notre pente ascendante du retour vers Marseille.

Plus tard, j'ai compris que je n'aurais qu'effleuré cette ville. Car Vaison-la-Romaine se divise en trois parties. Le site archéologique gallo romain, la ville-basse, partie moderne avec ses commerces et ses marchés, puis la ville-haute, cité médiévale entourée de remparts. Nous n'avons qu'exploré la partie médiévale. 





Hostellerie Le beffroy
2 Rue de l'Évêché, 84110 Vaison-la-Romaine





Séguret


Encore un village que je méconnaissais, et pourtant, encore un endroit merveilleux. Seguret, une vraie perle du Vaucluse. Classé Plus beaux villages de France, on est de prime abord immergé dans ses rues au fond desquelles on devine un village plutôt petit. Il est d'ailleurs impossible d'y circuler en voiture, le ton est donné.

Bâti au pied d'une colline, surplombant des kilomètres de vignes, à quelques encablures des dentelles de Montmirail, Séguret déploie son faste de charme et de beauté. Ruelles médiévales, pavés en calade, maisons de pierre, vigne grimpante, tout est sublime à Seguret. J'ai trouvé qu'on y sentait la Provence profonde, la Provence de carte postale, figée dans la beauté de son temps typique. 

Je serais restée des heures sur la place, face à la fontaine des Mascarons, à tracer les contours de chaque pierre avec mes yeux. 







Ici plus qu'ailleurs l'automne est en fête, avec son vignoble au pied du village et ses façades parées de couleurs flamboyantes. J'en ai pris plein les yeux à Seguret. Je me suis sentie immergée le long de quelque chose de plus grand que moi. J'aurais voulu improviser un shooting photo, j'aurais voulu m'asseoir et dessiner dans un carnet, j'aurais voulu m'y attarder, prendre le temps de m'imprégner plus longuement des lieux. Mais le sol en calade heurte ma cheville et je comprends qu'il ne serait pas sage de pousser mon corps au delà de ses limites. Nous croisons quelques restaurants qui ont l'air plein de charme, mais il n'est pas l'heure de s'attabler. 

Nous quittons à regret le village, avec pour ma part la folle envie d'y retourner plus longuement, un jour de guérison, en automne aussi, et pourquoi pas d'y prendre mes quartier pour un week-end dédié. 







Gigondas


Nous entammons notre visite des caves et de dégustation de vin. Mais avant, un détour par le village de Gigondas s'impose. 
Pas spécialement oenologue, je ne suis pas très au fait des appelations bien connues de nos vignobles du côte du rhone. Gigondas en fait pourtant partie. A peine les deux pieds posés dans le village, on comprend qu'on ne peut s'y tromper. Ici, le vin est roi. 

Gigondas est un superbe village, avec ses belles façades en pierre, ses magnifiques portes, et la merveille de son arrière gout de village typique de Provence riche. 

Mais je ne lui ai pas trouvé le charme séculaire d'un Seguret, d'un Grignan ou d'un Vaison-la-Romaine. 
Ici, on sent une légère perte d'authenticité, un penchant pour l'aseptisé, un tapis rouge déroulé pour les touristes américains et leur envie de se payer le charme à la française avec leur fort pouvoir d'achat. 
 
L'endroit n'est pas dénué de charme, mais difficile de se sentir à son aise à Gigondas pour ma part. Peut-être l'ai-je trop vu au travers de ce prisme, peut-être était-ce la lumière du jour, très pluvieuse, qui m'a fait sentir des choses de cet acabit. Peut-être aussi les prix décomplexés du restaurant étoilé michelin sur la place centrale. 

Quoi qu'il en soit, nous avons déjeuné dans un restaurant quelconque de la ville, avant de taper d'abord timidement aux portes des caves, puis avec un peu plus d'assurance. J'ai pour ma part adoré l'exercice de la dégustation de vin, mais me suis tout à fait refusé à le recracher, ce qui a sans doute fait de moi une newb affichée mais quelle importance ? 

Nous n'avons pas sélectionné les caves d'ailleurs, nous laissant porter au gré du paysage, car elles sont nombreuses sur la route. Sans doute la visite des caves et ses dégustations de vin auraient mérité de faire plus de recherches en amont du séjour. Quoi qu'il en soit nous sommes rentrés avec trois bouteilles à déguster en bonne compagnie lors de nos futures soirées. Nous amorçons maintenant le voyage retour vers Marseille avec la sensation au coeur d'avoir fait le plein de découvertes, de bons moments et de souffles d'automne. 








S’il fallait faire le bilan de ce séjour, je dirais que j’ai été très agréablement surprise de ce que j’ai pu croiser. Je ne m’attendais pas à un tel dépaysement au sein de ma propre région. Il est vrai que nous n’avons pas spécialement l’habitude de l’explorer en automne, et c’est un tort. Tout est plus agréable en automne, finalement.

Région viticole, Provence riche, la Drôme provençale séduit de par son climat épicurien, et franchement esthète. De superbes villages, un bel art de vivre, de l’inspiration à chaque coins de rue, et le calme respirant de la nature.

J’ai particulièrement aimé sa touche historique et son patrimoine, la région portant encore les atouts de ses riches heures. La Drôme m’aura donné envie de renouveller ma visite en ses lieux, à deux pas de chez moi, avec tant d’autres endroits à explorer. Des années plus tard, je dois dire que j’en garde un plutôt très bon souvenir.

Proprement sous-côté, le département gagnerait à être bien plus connu et je reste persuadée que ses attraits sauront séduire tous types de visiteurs, du plus intello-arty au plus sportif et au plus quidam d’entre nous.









Pour aller plus loin 

- Les plus beaux endroits de la Drôme provençale, superbe article de Prochaindetours 
- Une journée à Grignan, les jolis mots de Note au voyageur


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