Ma vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier Dolan

20 mars 2019

Ma vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier Dolan
Ma vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier Dolan
Ma vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier DolanMa vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier Dolan


Bon. Je fais partie des admirateurs de Xavier Dolan, en qui je vois un mec badass avec des corones autant qu'un jeune prodige du cinéma. Parce que sa sensibilité, au lieu de la porter en écharpe en silence comme tous les artistes introvertis, Xavier Dolan il l'a portée à l'écran à l'âge de 20 ans, âge où il a commencé à se faire sa place là où pas grand monde n'a du le prendre au sérieux. Et non content de réussir jeune, Xavier Dolan réussit salement bien. Son cinema vaut celui des plus grands. 

Subjuguée par Mommy, seul et unique film apte à me faire supporter 2h19 d'accent québécois, fortement marquée par Juste la fin du monde, je n'ai pas hésité une seule seconde à pousser la porte des salles obscures pour aller voir son dernier opus au nom peu séduisant, de même que sa thématique. Un enfant qui écrit des lettres à une star, oui bon, et alors ? 

Et alors le charme Xavier Dolan a opéré dès les premières minutes. Ma vie avec John F. Donovan est un film bouleversant sur beaucoup de plans. 



Ma vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier Dolan
Ma vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier Dolan
Ma vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier Dolan


Le pitch : Rupert, 11 ans, tremble d'impatience. Il va enfin pouvoir rencontrer son idole, John F. Donovan, avec qui il échanges des lettre depuis l'âge de 6 ans. Rupert voudrait être comme lui plus tard, acteur. John F. Donovan incarne tout de l'homme à qui la vie sourit. Mais la renommée est une amie peu fidèle, et les secrets nombreux derrière le masque du succès. Il semblerait que dans ce monde où chacun peine à trouver sa place, la correspondance entre l'enfant et l'acteur célèbre de vingt ans son ainé sonne comme un abri dans la tempête. 


Je pense avoir tout aimé dans ce film.

Ses grandes thématiques, centrées autour de l'admiration.
Je comprends profondément ce qu'est être fan. L'importance capitale des Roles Models. Et j'ai moi aussi grandit sous des posters d'oeuvres ou de personnalités que j'admirais énormément. J'ai ressenti ce feu dévorant, cet irrésistible amour qui vient d'on-ne-sait-où, et qu'on ne sait pas toujours expliquer.

Dans Ma vie avec John F. Donovan, on retrouve aussi d'autres grandes thématiques chères à Dolan. 
La figure maternelle, l’homosexualité secrète, la gloire, la dépression et surtout l'amour du cinéma.

J'aime la façon dont Xavier Dolan traite l'objet famille. 
Il y a de l'amour dégoulinant, profond, et de l'affrontement, à couteaux tirés. Ça gronde, ça rit, ça rugit. Bref ça existe. Et c'est intense. C'est doux, ça lance des éclairs, ça fait des étincelles. Comme la vie. Cette ambivalence, je l'ai toujours ressenti dans mon rapport personnel à la famille, sans jamais avoir réussi à le comprendre avant d'avoir vu ces films.

Une autre marque de fabrique signée Dolan : l'omniprésence du cadrage serré. J'aime beaucoup cet effet, plus nerveux, plus immersif. Rien d'autre n'est présent dans l'objectif que ces visages, aptes à exprimer plus fort les choses. 

Mais ce que je préfère dans les films de Dolan, c'est clairement sa haute maitrise de la narration. Avec brio, le réalisateur raconte les choses différemment. Telle scène s'étoffe avec à l'appui images et bande son sans rapport apparent. Dolan sait parfaitement relancer ses intrigues, questionner les émotions du spectateur, maintenir les tensions dramatiques, jouer parfaitement avec le rythme de son histoire. 

Il est dit que pour Ma vie avec John F. Donovan, Xavier Dolan s'inspire de sa propre enfance où à 8 ans, il écrit une lettre à Leonardo Dicaprio. 

Ma vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier Dolan
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Comme à chaque fois, j'ai beaucoup aimé ses personnages. 

John Donovan, dans son rôle d'homme envié de tous, et qui n'en est clairement pas heureux. Prisonnier de la renommée, il ne peut exister pleinement en tant que lui-même et mène une vie pleine de solitude. 

La mère Donovan, semblable à toutes les mères des films de Dolan, dans l'excès pur et dur, et ce, à tous les niveaux. Qui sous couvert d'un amour dévastateur, peut aussi figurer la haine et la destruction. Même ambivalence pour l'autre mère de l'histoire, la mère de Rupert, ancienne actrice qui n'arrive pas a rebondir et porte avec elle sa tristesse, quitte à la faire se dresser entre elle et son enfant, pour qui elle est pourtant prête à tout.

La journaliste en charge de l'interview, porte d'entrée pour le spectateur, qui se retrouve en elle, tour à tour dubitatif, critique, peu touché puis finalement complètement happés par cette délicate histoire de pudeur et de tristesses. Même le professeur, adorable et intelligent, tout comme le vieil homme qui n'a qu'une seule scène à l'écran parviennent à émouvoir aux larmes.

Mais surtout, le meilleur personnage est Rupert Turner, enfant précoce aux réparties cinglantes et à la vive intelligence. J'ai adoré sa façon d'être. Solitaire, abandonné, bouc émissaire, et pourtant brillant et déterminé à ne rien laisser entraver sa route.

Point de vue casting, on est plutôt bien servis. Kit Harrington, qui décroche un peu des sourcils froncés et du regard de chien battu de John Snow... Nathalie Portman, en mère en proie aux doutes, dépassée par les événements... Kathy Bates alias l'insubmersible Molly Brown de Titanic dans le rôle d'un tout aussi insubmersible impressario... Susan Sarandon en volubile mère à scandales... Des grands noms, des visages connus qui ne déçoivent pas.

Mais la révélation du film est pour moi le petit Jacob Tremblay, qui m'a transpercée de son talent. Petit acteur à suivre.



Ma vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier Dolan
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Mais le cinema de Dolan, c'est aussi un propos qui fait réfléchir. 
J'ai adoré celui de ce film. La solitude. L'injustice. 
Et plus que tout, cette incroyable correspondance entre deux être humains si différents qui se comprennent effroyablement. John Donovan affirme que personne n'est apte à comprendre leur amitié, ce qui la classe dans le domaine des précieuses et des singulières, qui dépasse les normes explicatives et les cadres sociétaux. Privés d'amitié sincère au royaume des faux-semblants, John et Rupert se comprennent là où leurs proches, ceux qui gravitent autour d'eux, y échouent lamentablement.

J'ai beaucoup aimé cette tirade aussi, celle de Rupert, qui reprend au vol la condescendance de la journaliste, incapable d'être touchée par le sort d'un homme plein de "problèmes de riches" là où il y a tant à faire dans l'humanitaire. Comme si l'argent et la renommée définissaient les valeurs, et que ne pas manquer de nourriture reléguaient les affres de l'âme humaine au second plan. Sommes nous certains que cette vision des choses soit porteuse, ait un sens pour ce qu'on attend de l'humanité ? 

Mention spéciale aussi pour la plus belle scène du film : celle où la mère et le fils se retrouvent sous la pluie et finissent enfin par se comprendre. Encore une fois par le biais d'une lettre. Difficile de tarir ses larmes tant tout est émouvant dans cette scène. 

Ma vie avec John F. Donovan : subtil, intelligent, intense et sensible. Bref, du grand Xavier Dolan


Ma vie avec John F. Donovan est plus qu'une réussite. C'est assurément un coup de coeur. Le long d'une narration virtuose, on suit le fil d'une histoire peu banale entre deux personnages que tout oppose, qui ne se sont jamais rencontrés, mais qui ont tant en commun. 

Au travers de leur incroyable histoire, on suit leurs grandes peines, leurs craintes, leurs incertitudes. leurs moments de gloire et de déboire. A leurs côtés, j’ai eu l'impression d'explorer mes propres tristesses intérieures, j'ai réfléchi à mes doutes et j'ai questionné mes ambitions.

La force du film, outre le talent de la patte Xavier Dolan qui n'a désormais plus rien à prouver, c'est ce tour de passe-passe, qui fait d'une histoire auto-centrée un propos bien plus large. Car c'est aussi par le prisme d’histoires très personnelles, presque égocentriques, que l’on raconte le mieux l’universel. À travers ses aveux intimes, Dolan parle du monde. Et c'est très fort en émotion. Moi j'ai été très émue de ce cinéma puissant, viscéral, intelligent. Toute la salle du cinema aussi apparemment, où de nombreux spectateurs n'ont pas du décoller de leur siège, écoutant toutes les notes de Bitter sweet symphony tandis que défilaient les noms sur fond noir du générique de fin. Bref, un film à voir absolument.


2 commentaires

  1. J'en ai été resté au titre et synopsis qui ne m'attiraient pas mais ton article m'a trop donné envie de le voir ! j'y fonce ce weekend :)

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  2. Grâce à ce site, vous pouvez trouver les meilleurs films et les regarder tranquillement https://film4k.stream/ Je l'aime bien et peut-être pour vous, il conviendra parfaitement.

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