Parce que la ville d’Espagne la plus pavoisée, la plus convoitée,
la plus louvoyée, c’est pas Madrid. C’est… Barcelona !
Poser ses valises à Barcelone, c’est relever un défi : celui
de se laisser séduire, de s’offrir en deux jours et demi au gouffre sensorial
de frénésies qu’est la ville la plus visitée d’Espagne.
Barcelone, c’est grand.
Plus grand que Paris, plus grand que Rome (mais moins grand
que Berlin).
Il me parait clair que pour saisir l’âme de cette ville, il
faut y habiter.
Trois fois que je l’arpente, et je n’ai toujours pas
l’impression de la connaitre, je n’ai pas réussi à me l’approprier, comme si
Barcelone se voulait insaisissable, farouche, prude et mystérieuse aux yeux du
visiteur.
Ici les gens viennent pour la fiesta car Barcelone n’est que
havre d’espace et de temps consacré au monde de la nuit. Mais pour ma part je ne pourrait malheureusement pas te
parler de cet aspect là de la ville que je n’ai pas vraiment expérimenté
(ce n’est pourtant pas faute de l’avoir voulu).
Si comme moi tu
décides d’y aller en Septembre, je ne saurais que te conseiller sur les dates. Moi
j’y ai été quelques jours avant et la frénésie se faisait déjà sentir, mais sache
que chaque année, le 24 septembre et pour une durée de trois jours, c’est la
Mercè, la grande fête annuelle de Barcelone. La Mercè, c’est la fête de la
Vierge. Pourquoi on honore la Vierge à Barcelone ? Parce que naguère, en
des temps plus reculés, Barcelone subit une invasion de sauterelles (non mais
l’angoisse, quoi). Et que pour s’en dépêtrer, les barcelonais ont prié très
fort la Vierge qui leur accorda le départ du fléau insecto-anxiogène. Du coup
la Mercè, c’est la grosse teuf.
La ville est en ébullition, de nombreuses scènes sont
installées partout, dès le 19 c’est répétition générale, on exhibe de grands
personnages aux costumes orientaux (on dirait les rois mages et leurs femmes),
et au programme : des bains de foule, des concerts, du théâtre et des spectacles
de rue.
Du coup +30% sur le prix des hotels, tout à tendance à être
full et les touristes encombrent ta vue de leurs têtes absolument partout. Bon…
à toi de voir.
Moi je suis partisane pour l'idée de visiter Barcelone au printemps. Moins de chaleur, moins de touristes. Les mois de Juin et de Mai : le compromis parfait.
Mais en attendant, en amont de ta visite, pour la préparer, tu
peux te plonger dans les influences suivantes :
- L’auberge espagnole, ou l’erasmus selon Klapisch
- Vicky Cristina Barcelona, l’hommage à Barcelone de Woody Allen
- Le travail d’Antoni Gaudi, ambassadeur catalan de l’Art Nouveau
- La trame artistique de Salvador Dali, le plus connu et salué des surréalistes
- L'ombre du vent et tous les romans de Carlos Ruiz Zafon
Pour y aller, c’est plutôt easy : tu trouves du low
coast en avion, du low coast en train, du low coast en car. Tout le monde veut
poser ses valises à Barcelone.
Au départ de Marseille, je ne saurais que trop te conseiller
la voiture. Parce que ce n’est qu’à 5h de route, parce que tu peux te charger
en victuailles, alcools et tabac détaxés à la frontière –et aller aux putes
éventuellement, si tu es un gros beauf qui me lit- et que monts et merveilles
sont à découvrir en chemin.
L E L O G E M E N T
Pour loger, tu n’as que l’embarras du choix. Mais ne fais
pas l’erreur de te retrouver loin du centre, la ville est vraiment grande. Nous,
on nous a prêté un appart, à deux pas du stade Camp Nou, dans le quartier Les
Corts.
Central et bien desservi par les métros, je recommande le
quartier qui, bien qu’un peu populaire, se dote d’un charme à l’espagnole des
plus romanesques.
Ne doute pas une seule seconde que tu souffriras de la
chaleur. Ici c’est caliente, même aux heures de l’été tardif. Ce que tu dépenses
en bouteille d’eau s’évapore tout de suite par tes pores. N’en sois pas trop
frustré.
Les appartements en Espagne, c’est la gestion de l’espace tout
en longueur. Ils s’organisent le long d’un long couloir étroit où il n’est pas
gênant que le salon jouxte la salle de bain et les chambres, alors que la
cuisine gravite au milieu de tout ce bazar sans logique. La disposition offre
beaucoup d’intimité aux pièces tant elles sont petites et même le regard plein
d’aprioris, on finit par s’y habituer et à y trouver du charme.
Mais parlons de l’indomptable Barcelone.
Ici les touristes se pressent en masse sur les ramblas et
les parvis des monuments. Tu entendras beaucoup parler français, aussi bien
dans la bouche des visiteurs que dans celle des commerçants (et tu ne seras pas
toujours fier de tes compatriotes, avouons-le).
Investis dans une carte de métro.
Pour 10,20€, elle
t’offre dix trajets, ce qui n’est relativement pas trop cher quand on connait
le cout d’un ticket solo (2,10€).
Quoi que tu fasses, arme toi de patience, il y aura toujours
une file de touristes devant toi. Tu peux réserver tes visites en entrant dans
le schéma “je nais, je me marie, j’enfante et je programme la date de ma mort”
et ainsi te priver de la beauté du monde spontané si tu n’as pas peur de
voyager déshumanisé, mais dis-toi bien qu’il y aura forcément des têtes de cons
sur tes photos ratées car c’est comme ça en 2014, les gens voyagent, et
n’importe quel bourricot se force à se planter devant une toile de Dali qu’il
fait semblant d’apprécier pour se dire que sa vie s’est dotée d’une minute
culturelle qu’il n’ose pas décrier, critiquer, remettre en question par peur de
passer pour un con auprès de son entourage car il est de bon ton de ne pas s’avouer
en flagrant déli d’inculture, alors que ses yeux, son dos, la position de ses
coudes le crient, qu’il n’en a rien à foutre, de l’art et de la culture. (Sens-tu
la frustration dans ces lignes ? Fuck le tourisme de masse.)
Difficile d'enchainer la visite acharnée après les 5h de route + l'heure pour trouver une place où se garer. Alors, on y va plutôt mollo. Il est déjà 16h et aujourd'hui nous n'irons pas très loin du quartier où nous dormons.
/ Passeig de Gràcia : balade architecturale sur les traces de Gaudi / Vinçon / shopping Plaça de Catalunya / repas du soir /
Nous on a commencé par le Passeig de Gràcia. Quartier
branché, quartier d’art et de design, il porte les traces des premiers exploits
de Gaudi, comme tu peux l’observer sur les luminaires qui bordent la rue,
estampillés de son génie créatif.
Si les grandes enseignes shopping habillent les trottoirs,
je te suggère vivement de t’arrêter chez Vinçon. Haut lieu du shopping design
de Barcelone, tu peux venir y chiner les nouvelles tendances home et prendre un
bain d’originalité. Tout ce qui s’y vend est plutôt frais, ingénieux, et se
réparti sur deux étages. Vraie caverne d’ali baba, même si bon, les prix, c’est
du solide.
Mais sa renommée, le Passeig de Gràcia le doit à sa Manzana
de la Discordia. Trois maisons côte à cote, qui ayant fait beaucoup parler
d’elles à l’époque, se posent aujourd’hui en figures de proue du modernisme
catalan.
Trois architectes, trois bâtisses modernistes mitoyennes
érigées au début du siècle, c’est à qui se distinguera le plus des deux autres.
C’est à qui séduira le plus, et décrochera des prix. Pendant des années, c’est
la grosse compet. Et cent ans plus tard, l’une d’elle éclipse les deux autres,
classée patrimoine mondial de l’UNESCO : la Casa Batlló.
Considérée comme la plus grande réussite architecturale de
Gaudi après la Sagrada Familia, la Casa Battló se pare d’une belle façade art
nouveau extrêmement diverse en richesses picturales qui te pousse à te planter
longuement devant, comme la plupart des gens au niveau de tes alentours. Si tu
t’armes de courage et de patience, tu peux aller visiter l’intérieur, sinon, l’observer
finement constitue déjà en soi un spectacle des plus réjouissants.
Sa voisine, la Casa Amatller, se laisse admirer plus
humblement, et si tu as la chance de trouver sa porte ouverte, je te suggère de
t’y engouffrer pour faire de belles photos.
Les troisièmes murs mitoyens, sont ceux de la casa Lléo
Morera, magnifique bâtisse à faux airs gothiques, transfigurée en magasin de
luxe pour les besoins de la marque Loewe.
Non loin de là tu devrais trouver la Pedrera se dresser
fièrement sur ton chemin. Hôtel particulier construit par Gaudi peu après la
Casa Battló, la Pedrera, dans un style moins alambiqué que sa soeur la Casa
Battló, témoigne à triple reprises du génie créatif de l’homme, que tu pourras
constater si tu choisis d’attendre au bout de la file de touristes venus
l’admirer.
Bon, moi je l’ai pas visité, puis j’ai trouvé la Pedrera
enrobée d’échafaudages. Double frustration.
Si t'es opé pour du shopping là, maintenant, tout de suite, tout au bas du Passeig de Gràcia, Plaça de Catalunya, c'est le début d'une artère jalonnée de petites rues adjacentes où les magasins font loi. El cortinglès, les galeries Lafayette à l'espagnole valent la peine de se faire découvrir, et toutes les enseignes espagnoles de fringues (Zara, Bershka, Mango, Pull and Bear, etc...) sont regroupés par là-bas. Ai-je besoin de mentionner que vu qu'on est en Espagne, les vêtement espagnols, ceux-là, les mêmes que tu trouves dans les mêmes boutiques en France sont moins chères ici ? Razia de vêtements, quoi.
Ce n’est pas les endroits pour manger/boire un verre qui
manquent dans le quartier de Gràcia. Tu peux trouver facilement quelques
pépites, si tu n’as pas peur de t’engager dans les petites rues. Nous on à cédé
aux appels de la chaine basque « Txapela » que j’avais déjà
expérimenté à Bilbao l’année dernière. Installés au comptoir, on a trouvé les
tapas “montaditos” plutôt bons, et les verres de sangria énormes. Mais pour le charme et l’authenticité, on
repassera. Tout le monde a l’air de plébiciter le Tapas 24. On a voulu tester,
mais il y avait trop de monde, il fallait réserver (tiens, cette litanie m’est
vaguement familière).
Le soleil est déjà radieux sur Barcelone. La journée promet d'être assez chaude. Pas de temps à perdre, les distances à parcourir sont quand même assez grandes dans cette ville. Aujourd'hui nous partons un peu dans tous les sens. J'ai en tête l'envie de prendre de belles photos des hauteurs de la ville au coucher du soleil.
/ métro jusqu'à la sagrada Familia : balade aux alentours / déambulations dans l'Eixample / promenade dans le Barri Gothic / descente de la Rambla vers le Port de Barcelone / montée sur les hauteurs et visite du Parc Güell /
Evidemment, tu sais que tu ne peux pas partir sans avoir
visité la Sagrada Familia. A part si tu aimes à te lever pour 6h du mat ou si
ta patience est d’or, tu peux faire une croix sur l’idée de t’y poser au grès
de tes envies pour la visiter en dilettante. Non, pour le coup, réserve ta
visite. Même moi, je m’y suis mise. Peine perdue, c’était complet pour toute la
semaine. Je t’épargne ma tirade sur les méfaits du tourisme de masse et des
stressés de la vie qui réservent à tout va. En plus des “oh, c’est dommage,
cette année elle était enfin finie, l’intérieur était réellement visitable”, impossible
de se consoler par des photos. Il y a des échafaudages partout. J’adore les
échafaudages. Fuck you all.
Déambuler dans les alentours se veut un exercice charmant,
nous on a marché dans l’Eixample, à la recherché de la Casa Valvet, l’un des
premiers édifices de Gaudi, transformé en restaurant. Tu peux essayer de
rentrer admirer les architectures au culot, mais sache que tu ne seras pas très
bien reçu et qu’on te demandera de rester dans l’entrée. N’hésite pas à rentrer
dans les passages dérobés, nous on est tombés sur un petit marché couvert bien
cool et moins touristique que celui de la Boqueria, on s’est pris des petits
jus frais et on a été à deux doigts de s’acheter des plantes carnivores.
Le but, c’était de rejoindre la Rambla, mais avant il fallait
arpenter El barri gotic.
Meilleur quartier de Barcelone à mes yeux, tout n’est que
beauté dans ses formes et son cachet. Je te suggère de t’offrir un verre à “Le
cercle” (Carrer del arcs, 5), petite terrasse en hauteur qui sent bon la bonne
humeur. L’entrée se fait par une cours intérieure pleine de charme, qui abrite
également un restaurant et une galerie, mais si tu suis bien mon raisonnement
depuis tout à l’heure, tu te doutes de ce qui va suivre, alors entonne la
litanie avec moi : “il fallait réserver” !
En tombant sur la cathédrale Ste Eulalie, il peut toujours te prendre
l’envie d’aller la visiter. Etant profondément ancrée dans ma tradition française,
j’ai du mal à me dire qu’il faut payer 6€ pour rentrer dans une église, donc je
te laisse apprécier ce que je n’ai pas vu, en revanche, je te suggère de te
faufiler dans la Carrer del Bisbe Irurita qui
regorge de jolies choses à percevoir si tu ouvres l’oeil.
Au hasard des portes cochères et des grillages, tu peux
tomber sur des lieux à couper le souffle, d’une volupté incandescente. Moi je
me suis pâmée dans la cours intérieure de la Casa del Arcadiacono aux faux airs
de l’alhambra de Grenade.
Si tu as quelques notions d’espagnol, tu seras vite
déstabilisé. Ici, on parle plutot catalan. Plaza ça donne plaça, España ça donne
Espanya et nación ça donne nació.
Indépendance, indépendance !
La petite adresse design : la Rasoterra, Carrer Palau, 5.
Dans un lieu plutôt cosy au design minimaliste, on cuisine
au kilomètre. Carte originale, plutôt orientée bio-végétarienne- slow food, tu
peux choisir de commander des plats a la mesure de tes convictions (ou de ton
je m’en foutisme) dans un espace agréable et joli, plein de cachet. La cuisine
est très bonne. Moi, j’aurais pu y passer largement la journée. Adresse coup de
Coeur !
Au fil de tes pas, tu vas finir par te retrouver sur la
Rambla, et si tu te débrouilles bien, tu auras vu entre temps la Plaça Reial.
D’après l’écrivain William Somerset Maugham, la Rambla compta parmi les plus belles avenues du
monde. C'est tante Eugénie qui me l'avait dit, dans un français parfait.
Le charme est sans doute un peu éteint maintenant qu’il n’y
a que des milliers de touristes qui descendent la Rambla au grès des petits
marchands d’objets griffés I <3 Barcelona sans cachet. Mais l’agitation est
quand même agréable à sentir, et si tu aimes bien les cactus, tu peux en
trouver des mignons, moi je m’en suis attifée d’un blanc, en attendant de
tomber sur la partie basse de la rue, où tu peux admirer les prouesses
maquillages des hommes et femmes pantomimes pour impressionner le touriste.
Sous les années Franco, Eugénie et surement toutes les
femmes de son époque, main dans la main, aimaient à se promener en couple, dans
des habits élégants, s’éventant lors des grosses chaleurs. Et plus tôt dans le
siècle, au London bar (carrer Nou de
la Rambla, 34), avaient coutume de venir se poser tranquillement Dali, Picasso,
ou encore Hemingway. Et moi, personnellement, je les kiffe tous les trois.
En bas de la Rambla, tu tombes sur la colonne Christophe Colomb,
qui abrite également l’office du tourisme de la ville. Pour 4,5€, on te propose
de monter voir la vue depuis le panorama de la statue. Naïvement, j’ai dit oui.
Mais quelle erreur. Si tu as des tendances plutôt claustrophobes comme moi, tu
vas te sentir très mal dans cet ascenseur de l’an 40 grand comme un cercueil où
7 personnes s’entassent gaiment. Arrivée en haut, non, non c’est toujours pas
la délivrance. Dans cette superficie très étroite se baladent 4 personnes au mètre
carré, tu ne profiteras que très peu du panorama, il fait beaucoup trop chaud,
le sol est légèrement en pente, et soyons francs, ça chancelle et ça bouge
légèrement. Je n’ai pourtant pas le vertige. Mais j’ai frôlé le malaise vagal.
Une petite balade sur le port s’impose. Mais j’ai rapidement
trouvé ça sans intérêt, coincée entre les centres commerciaux et les bateaux
amarrés semblables à ceux qu’on pourrait trouver sur le vieux port de
Marseille.
Nous avons donc migré vers le Parc Güell.
Pour le coucher du soleil, c’est mieux. Les couleurs sont
plus chatoyantes.
Alors attention, deux entrées possibles pour le parc Güell.
Je te suggère de faire les choses à l’envers. Métro Vallcarca. Il faut marcher
un peu, et grimper beaucoup. Heureusement, nature peinture dans la rue comme
ça, tu vas trouver des escalators, parfait pour l’économie de souffle et d’eau
des grosses chaleurs.
La vue sur Barcelone est plutôt saisissante, et la balade
–très- agréable. A ne manquer sous aucun prétexte.
Depuis l’an dernier, la partie la plus jolie a été rendue
payante. La polémique a enflé au sein des barcelonais, car désormais, il te
faut débourser 8€ et te plier à des horaires d’entrée fixes pour avoir le
privilège de visiter les jardins modernistes de Gaudi.
Ce coup-ci je te conseille vivement de faire la queue, si tu
tiens à ta jolie photo sur le banc coloré avec les maisons de pain d’épices en
contrebas.
C’est un peu le fight car nombreux sont les touristes qui
veulent faire de même. Mais avec un peu de patience et d’ingéniosité, tu
devrais pouvoir y arriver sans problèmes. Attention, méfie toi du soleil
déclinant. L'exposition est telle qu' après 18h, tu peux dire au revoir à la beauté de la lumière.
Ne crois pas que tu arriveras à prendre des photos exemptées
de têtes de touristes, c’est peine perdue dans les parties basses. Mais tu peux
toujours méditer sur l’esprit de l’homme qui a imaginé tant d’angles alambiqués
dans ses constructions, et sur l’éclat des trencadis (ces petits bouts de
mosaïque assemblés) catalanes.
Visiter la tour du gardien ne t’apportera pas grand chose,
mais tu ne peux que retenir du parc Güell une agréable balade suspendue le
temps d’un morceau de féerie.
P E T I T P O I N T D E G A S T R O N O M I E C A T A L A N E
A Barcelone, on trouve de nombreuses échoppes alimentaires,
de la petite cantine indépendante au restaurant avec serveurs affairés, mais
globalement, l’art de la table espagnol n’a rien à voir avec le français.
L’espagnol prend le repas plus à la légère que le français, et ne s’attable pas
très longtemps, car il a prévu de faire la tournée des bars après son repas.
Ici plus que chez nous, le végétarien, a le vent en poupe.
(ça m’arrange bien !)
Au niveau des horaires, on a plutôt tendance à manger tard, 14h
et 22h étant les pics de fréquentation les plus hauts des restaurants.
Parmi le large choix proposé dans les rues de Barcelone,
sont à fuir les “restaurants/cafés” sur les ramblas. En revanche tu peux (et tu
dois !) collectionner les petites échoppes cosy, design, dotées d’un
concept et d’une esthétique recherchée.
Evidemment, il faut
tenter les incontournables tapas. Parce que les tapas, c’est la vie, même si
globalement ça te revient assez cher, et qu’il te faudra plusieurs séances à la
salle de sport pour éliminer tout ça, avec un bon verre de sangria, tu te sens
le roi du monde. Il y en a pour tous les gouts, au poisson, a la viande, aux légumes,
avec ou sans pain, sans oublier les tortillaaas et les patatas bravas, de la
tuerie gastronomique.
On te fait plutôt confiance dans le nombre de tapas que tu
commandes, et on se dit qu’au nombre de pics que tu rends dans ton assiette, on
parvient à deviner le montant de ton addition, appelée quand même en espagnol
“la dolorosa”, la douloureuse, il faut le souligner.
Sinon, outre les concepts tapas y montaditos qui font légion
à Barcelone, tu peux trouver des plats entiers dans des assiettes (si, si!).
Une petite adresse qui nous a bien plue : La Riera, Carrer del Regent Mendieta, 15, 08028 Barcelona
Un petit resto sans prétention à la déco désuète, où on a observé la formule suivante : pour dix
euros tout ronds, Barcelone la généreuse nous a servi trois plats.
- le premier plat, une petite entrée.
- le second, une seconde entrée.
- le troisième, un plat de résistance.
Les quantités ne sont pas immenses, et soyons
francs, même si tu as les yeux plus gros que le ventre, tu sais bien que deux
plats te suffiraient. Mais la variété est au rendez-vous et parmi les jolies
découvertes culinaires de ce séjour, je retiens l’ajoblanco, soupe froide
espagnole typique de la région andalouse à base d’amande, de lait, de pain, de
vinaigre et d’ail, à cheval entre des saveurs plutôt contradictoires, une vraie
curiosité pour les papilles.
Typiquement catalane, cette sauce qui accompagnait souvent
les plats : le sofregit. Dans la paella, dans le taboulé, dans le quinoa…
Valeur ajoutée +100.
Conclusion : tu rentres en France en ayant pris des kilos,
c’est statistique. Mais gustativement parlant, tu t’en es donné à coeur joie.
Bon, c’est la pression, c’est ton dernier jour et tu as
l’impression de n’avoir rien vu de Barcelone. Je te rassure, c’est normal. La
ville, dans son amplitude, s’affiche tellement éparse qu’il te sera difficile
de réellement l’avoir dans ta poche un jour.
Mais il faut essayer.
/ itinéraire de saveurs au Mercat de la Boqueria / marche jusqu'au quartier du Raval : visite du MACBA et balade dans les rues singulières de ce quartier / montée vers Montjuïc : déambulations autours de la Plaça d'Espagna et découverte de l'incroyable piscine municipale de Montjuïc / tournée des bars et des tapas dans le Poble sec /
Nous on a commencé la journée par une virée au marché de la
Boqueria. Bon ok c’est touristique. Ok, t’as envie d’empaler les gens et tu
entends beaucoup trop parler français, et moins deux, on te marche quatre fois
sur les pieds par quart d’heure. Mais c’est tellement beau ! Cette farandole
d’étalages de couleurs, de textures, de saveurs. N’hésite pas à gouter des
trucs. Nous, on a embarqué des olives (les olives espagnooooles…) et bien
évidemment on s’est pris les jus de fruits, le produit phare de l’année 2014 on
dirait bien. De toutes les couleurs, de toutes les saveurs, pour 2 petits
euros, tu déambules dans les rues avec ton jus frais à la main. Mure coco,
mangue orange, papaye framboise, banane fraise (le meilleur)…
Après, moi j’ai voulu explorer un peu El Raval, le quartier
le plus contrasté de la ville.
A commencer par son grand musée d’art contemporain, le
MACBA. Neuf, design et élégant, le MACBA honore l’art contemporain sur trois
étages.
Parmis les expositions temporaires, j’ai beaucoup
aimé :
- La Forma Abierta (forme ouverte) d’Oskar Hansen.
- La Herencia immaterial (l’héritage immatériel).
Se balader dans les rues d’El Raval c’est un peu se sentir
plus ou moins projeté dans la série Un, dos, tres, petits artistes au look
travaillé sous la chaleur, jeunes skateurs, et vieux murs, gentil concierge et
étudiants en arts qui se cotoient le long des petites rues étroites parfois un
peu coupe gorge. L’insécurité, on l’a sentie que là bas, mais en même temps, on
y a trouvé les plus jolies devantures de shop et de restos.
Deux petits lieux très cools où poser ses jambes fatiguées :
-
Pintxos
Anardi, carrer del parlament 48
Design épuré,
belles lignes, montaditos chatoyants , une simple photo à l’arrache et
tu t’improvises styliste culinaire tant tout est déjà très beau à voir. Le lieu
se distingue dans la confection de montaditos sucré-salés.
-
Café
cometa, carrer del parlament 20
Dans les moindres détails, depuis les cadres
accrochés aux murs, jusque dans la poignée de porte en passant par le revers de
la tasse et la couleur de la chaise, tout est fait pour créer une ambiance
hautement artistique dans ce petit café –trop- prisé qui ne peut pas te donner
envie de le quitter, surtout si tu te sens quelques affinités avec le monde du
graphisme.
Après ça, moi j’ai voulu aller voir ce qu’il se passait du
côté de Montjuïc. Si tu es téméraire, tu peux prendre le téléphérique qui t’y
conduira depuis le ciel, sinon le metro te dépose sur la très belle Plaça d’Espanya,
depuis laquelle tu peux avoir un beau panorama sur le magnifique Palau
Nacional. Petite ascension des marches, pour un bel effet. La nuit, la grande
fontaine devient la fontaine lumineuse, et resplendit de mille couleurs. Le
palais abrite le musée national d’art catalan, où se cotoient renaissance
italienne et modernisme catalan, que je n’ai pu visiter par manque de temps.
Il faut dire que niveau art dans la région de Barcelone,
parmi les enfants du pays, on compte quand même du lourd : Antoni Gaudi,
Joan Miro, Salvador Dali et Pablo Picasso. Rien que ça.
Déambuler dans les jardins de Montjuïc n’est qu’une vaste déception.
A part croiser la fondation Joan Miro et une roulotte de vente de crêpes, il ne
t’arrivera rien de bien et tu te feras ronger la peau par les moustiques. Aucun
panorama, beaucoup de déception et de montées interminables. Tu ferais bien de
quitter l’endroit par le téléphérique, si tu prévois de passer la soirée sur le
port, sinon tu peux observer l’appréhension des passants lorsqu’ils pénètrent
l’objet volant identifié.
Mais un peu de curiosité te vaudra une découverte
franchement insolite : la piscine municipale de Montjuïc. Bien cachée derrière
un grillage opaque et sous ses airs de vieil édifice datant des années
franquistes, la piscine plein air de Montjuïc surplombe la ville et t’offre un
panorama à couper le souffle. Tu la vois d’ici, la photo que tu aurais pu
prendre de toi, suspendue dans le ciel en plongée sur la Sagrada Familia, pour
5,50€ de droit d’entrée… Kylie Minogue avait été moins conne, elle. Elle y
avait tourné son clip “slow” en 2003.
Conclusion : Je te déconseille
les jardins de Montjuïc, à part si tu prévois d’aller tester la merveilleuse
piscine municipale. Si tu veux du jardin, va faire un tour du côté de la Horta
et de son labyrinthe, ou du côté du parc de la Ciutadella que je n’ai pas testés
mais qui avaient l’air pittoresques d’après les photos.
Pour manger, les rues adjacentes du Poble Sec offrent de larges
possibilités. Nous on l’a fait à l’espagnole, on s’est enchainé les bars à
tapas, un verre ici et deux tapas par ici, trois verres là et quatre tapas par
là, encore un verre chez lui et deux
tapas parce qu’il fait encore faim, et dans le lot, on a retenu la cave à vin/
tapas de Celler del Marino (carrer
de Margarit, 54) parce que le personnel était cool, la rue escarpée, les tapas
authentiques et la déco vintage.
Pour ta dernière soirée, les possibilités sont multiples.
Moi j’ai bavé d’envie d’aller faire un tour au Razzmatazz. Donc, meme si c’est
un peu trop excentré, je te suggère d’aller faire un tour au Razzmatazz et de
me decrire l’ambiance de fou dans les cinq salles du lieu que j’ai raté,
histoire que je maronne bien fort et que ça te fasse bien tripper.
Mais rassure toi, le voyage n’est pas fini, que neni.
C’est le jour où tu fais de la route. Cinq petites heures
pour rentrer au bercail. Aller, sur le chemin, on va s’arrêter plein de fois.
retour à Marseille / route sur la Costa Brava / arrêt à Figueras : visite du Musée Dali / shopping à la Jonquera / plusieurs arrêts séquentiels à la frontière pour shopping dans diverses magasins, objectif : ramener des produits espagnols à moindre coût
retour à Marseille / route sur la Costa Brava / arrêt à Figueras : visite du Musée Dali / shopping à la Jonquera / plusieurs arrêts séquentiels à la frontière pour shopping dans diverses magasins, objectif : ramener des produits espagnols à moindre coût
Premier arrêt, je te le donne en mile : Figueras.
Pourquoi Figueras ? Parce que tu es fan de Salvador Dali. Et que même
si en vrai tu détestes Dali, faut quand même aller voir le musée qui lui est
consacré, juste par amour de l’absurde.
12€ l’entrée, et ta carte bleue est débitée à l’ancienne,
sans besoin d’entrer le code. Moi, j’aime pas trop ça.
A seulement 11h du matin, le Musée Dali est déjà surchargé
de touristes, dont la plupart ne comprennent rien à l’art et restent totalement
dubitatifs devant les facéties de Dali. En même temps, on peut les comprendre.
La collection Dali du musée Dali c’est… Fouilli, farfelu, mal éclairé, ça n’a
pas de sens, pas de fil conducteur, c’est posé là, comme ça, un peu n’importe
comment et on se dit souvent, “mais pourquoi ?”
Certes.
Mais faut aller plus loin, mec. Joue avec ta culture, avec ses codes,
réfléchis. Pourquoi un homard sur le téléphone ? Pourquoi des tiroirs dans le
ventre de la Venus de Milo ?
Dali plus que tout autre artiste, porte à réfléchir.
Provocateur, impulsif et sans queue ni tête, impossible de s’ennuyer devant ses
délires picturaux.
Alors pourquoi mec, explique moi pourquoi ton regard bovin de
cinquentenaire bedonnant se plante un demi heure devant le tableau que je veux
voir, pendant que rien ne t’atteint et que tu penses à autre chose ? Parce que
tu t’en fous, si, si, si, ne fais pas genre, tu t’en fous, et à cause de tous
les mecs comme toi (et vous êtes nombreux), il faut attendre au bout d’une file
de minimum 30 min pour pouvoir monter sur le panorama six secondes prendre une
photo de Mae West. A bas le tourisme de masse. A bas les regards bovins et les
commentaires affligeants qu’on entend dans toutes les langues.
Néanmoins,
A ne pas manquer dans le musée :
- Mae West (mais pour la photo, c’est peine perdue)
- Leda atomica (oh, Gala complètement à poil !)
- Le lit dans la foret observable depuis le trou derrière l’oeil droit de Mae West
- Dali de dos peignant Gala de dos
- Galatée aux spheres
- Autoportrait mou avec lard grillé
- Galarina (oh, Gala encore à poil !)
Ne pas oublier de faire le tour du batiment pour visiter la
galerie consacrée aux bijoux de Dali. Multi-tâche, l’homme s’est improvisé
designer, orfèvre, ingénieur et technicien, certains de ses bijoux étant
articulés. (A ne rater sous aucun prétexte : Le Coeur battant de rubis, spectaculaire
petite merveille à admirer.) Dans le genre touche à tout de génie…
Si tu es un puriste
de Dali, ou tout simplement si tu es curieux et que tu as du temps devant toi,
tu peux faire un petit crochet de quelques heures vers le littoral pour te retrouver
à Cadaquès et à Port Lligat.
Cadaquès c’était le petit village de plaisance, le St Trop
des années 30 à 50, qui sous l’influence de Dali, était plutôt fréquemment
fréquentée par l’élite intellectuelle de l’époque, comme Picasso, Garcia Lorca,
Duchamp, Magritte. Rien que ça.
A deux kilomètres de là, tu tombes sur Port Lligat, un
encore plus petit village, où Dali a élu domicile avec Gala dans les années 30.
Tu peux visiter sa maison, la casa Dali, mais eh, toi même tu le sais, il faut
sans doute réserver.
Bon, moi j’ai pas eu le temps de voir tout ça, mais j’y suis
allée quand j’avais 5 ans. Et j’ai plein de photos et il paraît que c’était
troooop bien !
Ensuite, tu peux dire adios à l’Espagne en passant par La
Jonquera. Alors la Jonquera, c’est Le Perthus, mais côté Espagne.
Progressivement, tu vas trouver sur ta route d’abord des maisons closes, avec
les putes en train d’essayer de te racoler en plein jour sur le bas côté. Puis
des magasins de plantes, d’alcool, et de produits régionaux. Puis ça s’épaissit
et ça commence à ressembler à une zone industrielle. Et là des magasins, en
veux-tu en voilà, tu vas en trouver. Nous on te conseille de rester select, et
de mettre le cap sur la Tortuga, le magasin le plus retiré de l’agglutinement
commercial.
La Tortuga c’est comme à côté, mais c’est un peu moins moins
cher. Tu peux y trouver du Loreal à moitié prix, du ricard, de la redbull, de
la vodka, du whisky soldés, des produits made in Spain et des cartouches de cig
à ramener.
Moi je me suis chargée en… olives. Aux amandes, aux poivrons,
au roquefort, sans noyaux, avec noyaux, noires, vertes, rouges, avec des fèves,
avec de l’ail, avec des câpres. C’est la folie.
Puis parce qu’il le faut bien, en quelques minutes, tu
repasses en territoire français, personne ne te contrôle, la frontière ne
possède même plus de douane, pas de péage, rien (contrairement à la côte
atlantique). En fait tu peux y passer trois jours sans passeport ni pièce
d’identité. Easy. C’est beau, l’espace Shengen.
Et tandis que l’Espagne s’éloigne dans ton dos, tu te sens
bien chanceuse, mais tellement frustrée, de t’en être enivrée ces trois
derniers jours, et d’avoir mis les pieds dans l’histoire d’une famille qui
n’est pas la tienne, mais qui te tenait tant à cœur.
Gracias, Barcelona.
Dans pas longtemps, on remet ça.
A V I S I T E R
- el Tibidabo
- La Horta
- le parc de la Ciutadella
- un bain à la piscine de Montjuïc
- le quartier el Born
- le quartier Barcelonetta
Enregistrer un commentaire