24h rush to l'Expo Universelle de Milan

9 août 2015




C'était ma première exposition universelle. J'étais sur-excitée. Depuis son coup d’envoi de Mai, je n’avais personnellement qu’une envie : m’y rendre au plus vite.

L'expo universelle, c'est cette rencontre entre cultures du monde entier organisée depuis plus d'un siècle, dans l'idée de mise en avant les puissances culturelles, commerciales et technologiques de chaque pays du globe dans un esprit très Festival de Cannes version urbanisme.




L'Exposition Universelle, une tradition oubliée



Au 19ème, ça représentait carrément quelque chose. La plupart des gens n'avaient pas les moyens de voyager, aussi, voir des objets, des costumes, des visions venues du monde entier, il y avait de quoi avoir la tête qui tourne.

Le concept de l’exposition universelle, (qui, il faut l’avouer, n’est pas très clair) c’est un peu le truc par excellence qui aurait donné son visage actuel à la ville de Paris, avec par exemple pour ne citer qu’elles, la construction de la Tour Eiffel, du Grand Palais et du métro parisien, érigés pour l’occasion ! Rien que ça !

Très prisées, effervescentes sous la seconde moitié du 19ème siècle, où elles vivent les temps du pic de leur apogée, l’exposition universelle s’était perpétuée les décennies suivantes, traversant ce siècle de guerre, de manière si peu impactante (non régulière, désorganisée, arbitraire) que tout le monde avait finit par oublier son existence et qu’elle n’enthousiasmait plus grand monde, au point où j’avais carrément cru que le concept s’était arrêté et qu’il renaissait de ses cendres avec Milan 2015, après 100 ans d’oubli. Tout faux, ma petite.

Bref, l’histoire de l’Exposition Universelle, complexe et compliquée, agrée, non agrée, qui subventionne, on en sait rien, se déroule quand, pas la moindre idée on verra bien, ça reste un peu chaotique. Aussi, quand on a la chance d'en avoir une pas très loin de chez soi, on hésite pas, on fonce ! 

Bim. 5h de route de Marseille jusqu'à Milan. 



L'Exposition Universelle de Milan (2015)


L’expo universelle, c’est un peu comme une grande foire, un grand salon, où chaque petit pays de cette planète (ou presque) a envoyé un émissaire représenter sa nation aux yeux du visiteur venu des quatre coin du globe pour l’occasion.


Cette année, le thème c'était l'enjeu mondial de l'alimentation, verbalisé sous les mots "Nourrir la planète, l'énergie pour la vie."

Ce qu’on aime dans les Expositions Universelles, c’est tous les moyens mis en scène pour y aller dans le tape-à-l’œil. Tu veux t’en prendre plein les yeux ? Rdv là-bas. Architectes, urbanistes et paysagistes se sont débrouillés pour faire jaillir une ville entière du sol où la ballade à la journée ne te suffira pas pour en arpenter la moitié.

Bref, c’est du plaisir. Et de la découverte à chaque mètres.

Comme le temps nous est compté, qu’il y a beaucoup de monde, qu’il faut souvent faire la queue (2h de queue pour le Pavillon du Japon…), la sélection des pavillons à visiter se fait un peu au petit bonheur la chance, en fonction de ce que tu croises sur ton chemin.

L’astuce pour se repérer ? Lever les yeux au ciel sous le hangar, les drapeaux t’indiquent le pays qui arrive. Evidemment il faut un peu s’y connaître en drapeaux. 


Petit tour d'horizon des quelques pavillons 

qui m'ont le plus marquée



-       Le Pavillon du Montenegro

Coup de cœur esthétique, conceptuel et idéologique. « Small contry, big possibilites », comme le pays l’inscrit sur son bois mural.
Le Pavillon du Monténégro ne paye pas de mine de l’extérieur, enserré autour de la hanse des petits pays de la Méditerranée, mais franchement, la scénographie intérieure est magnifique. Un plafond de matière laineuse descend vers le visiteur, à la manière d’un pan de stalactites, et se reflète dans un sol de miroirs pour un effet des plus grandioses.
Un bijou. A couper le souffle. A la pointe de la technologie, du design d’espace et du design graphique. J’ai adoré. Plus de belles photos ici


-       Le Pavillon de la France

Sans chauvinisme primaire, c’était pour moi le plus réussi. Le design du bâtiment, assez incroyable, évoque les massifs tout en volume de notre pays. Tout de bois construit, le lieu se fait l'alliage de la tradition culinaire française avec le modernisme de sa recherche, le tout saupoudré d'un esprit développement durable qui en font franchement une belle réussite. Le pavillon répond parfaitement à la problématique tout en représentant parfaitement le pays.  


-       Le Pavillon de l’Autriche

C’est carrément une forêt. Que j’ai malheureusement arpenté sous la pluie. Frustration maximale. C’était beau, c’était super design. J'en ai eu la machoire qui s'est décrochée. Un de mes préférés ! Je pense à toutes les photos de folie que j’aurais pu faire là dedans et j’ai envie de pleurer. Pavillon très très très inspirant.


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Le Pavillon du Royaume Uni

Le pavillon anglais, c'était une ruche. On a pas pu le voir de très près, car trop de monde envisageait la même ruée vers la ruche. Mais de loin, l'architecture moderniste et minimale de cette ruche m'avait beaucoup impressionnée. L'artiste a voulu symboliser le travail des abeilles anglaises, à l'oeuvre 1400km plus haut, en incluant des bruits de bourdonnement dans son bâtiment.


-       Le Pavillon du Qatar

Accueil princier, par les hologrammes de la riche et puissante famille à la tête de la Nation. Le pavillon du Qatar met en avant son mode de vie rural, traditionnel, avec de pauvres mecs d’un certain âge en train d’œuvrer à leurs tissages et coupages façon animal de foire sous les yeux des touristes ébahis. Un grand pivot luminescent autour duquel s’organise une descente des escaliers vertigineuse, pour symboliser la force et la puissance technologique du pays.


-       Le Pavillon de la Russie

Grand pavillon sympa. Un bar luminescent qui propose des dégustations, les affiches graphiques de propagande fermière, et un salon de thé aménagé en Transibérien, idéal pour se poser dans cette course folle. Riche instant de luxe pour se reposer les pieds, à tester absolument ! La gueule de Poutine au passage, ancrée dans une poupée russe.


-       Le Pavillon du Maroc

Beaucoup aimé la scénographie intérieure. La cascade de fleurs, la technologie dans les figuiers, l’importance de l’oranger, les ventilateurs pour simuler l’air du désert. De la poésie à l'état pur.


-       Le Pavillon du Viet Nam

Beau. Avec sa forêt moderne à l'entrée. J'ai bien aimé cet aspect créatif. On se demande quelles sont ses formes, on les imaginerait bien dans son salon. L'intérieur on en a pourtant vite fait le tour. Mais son entrée m'a franchement bluffée. 


-       Le Pavillon du Chili

Plutôt joli. Un animateur nous escorte de salle en salle. D’abord, des mises en scène artistiques de ses travailleurs de la terre. Puis des recettes interactives sur écran, puis de l’art comestible en mouvement. Qualité des interactions disparate. Mais j’ai aimé y passer du temps. J’aurais volontiers gouté quelques spécialités dans le grand espace restaurant sous le pavillon.


-       Le Pavillon de la Slovaquie

J’ai ri. Le pavillon le plus décalé de l’expo. Une mise en situation de la culture traditionnelle slovaque à l’entrée. Flûtes en bois, œufs de paques, arbres de vie. Puis une video des slovaques en train de faire les cons sur Happy de Farell Williams en combinaison de ski et un labyrinthe de mannequins en plastique. Wtf ?


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Le Pavillon du Népal

On plonge dans le spirituel, le religieux. Une reconstitution d'un monastère bouddhique, avec tout son folklore au rendez-vous. Les statues, les lames de bois, les petits drapeaux, les bols chantants... Très réussi, on s'y croirait...


-       Le Pavillon du sultanat d’Oman

Accueil caliente par un homme en costume traditionnel, paupières maquillées, au sourire à tomber. (un italien ? un omanien ?)
Le Sultanat d’Oman met l’accent sur son mode de vie traditionnel, un peu comme le Qatar, avec de nombreuses mises en scène de mannequins qui tissent des paniers, distillent de l’eau de rose. L’architecture extérieure est magnifique, royale.


-       Le Pavillon de la Chine (Vanke)

Alors ok, Vanke c’est qu’une agence immobilière en Chine. Ok ça en envoie plein les yeux dans l’architecture (batiment ecaillé, écrans sur des bambous, bancs près de l’eau)et la mise en scène, mais au niveau du contenu, c’est assez pauvre.


-       Le Pavillon de la Suisse

 Une catastrophe. Désorganisé, mal foutu. Visitable que si tu présentes un ticket gratuit, que tu ne peux pécho qu’à certains horaires. Et si tu essayes d’aller y manger, saches que tu te feras refouler (en italien) parce que c’est une fête privée. Cool. Bref, ça ressemble assez à l'esprit Suisse.

-       Le Pavillon des USA

Si tu avais des doutes sur le fait que les USA se foutent du reste de la planète, n’en aies plus. Un pavillon si pauvre pour un pays si riche, ça nous prouve vraiment, mais vraiment qu’ils en ont rien à foutre de l’Exposition Universelle. Là où toutes les nations mobilisent leurs meilleurs talents, eux nous servent trois videos, dont un accueil par un speech de Barack Obama, en jugeant que cet honneur allait nous suffire.




Mes regrets 


Le fait de ne pas tout pouvoir voir, évidemment. Pris par le temps, l'expérience n'est parfois pas rendue possible en raison de la foule que brasse l'exposition, qui bloque parfois l'accès à certaines activités. Les pavillons ratés à cause de la queue mais qui étaient trop bien, c’est sur :  le Japon / la Corée du Sud / l’Allemagne / le Brésil / la Thaïlande / la Chine.


Ce qui frustre aussi, c’est que tout te met en appétit, et que c’est pas possible de hiérarchiser ses envies. Tu prendrais bien un petit encas en Equateur, mais franchement découvrir la nourriture de l’Angola ce serait sympa aussi, puis les Kürtoskalàcs hongrois, tu crois que ça aurait le goût à quoi ? Frustration.

Absolument pas eu le temps d’aller jeter un œil du coté des pavillons indépendants des nationalités. Le district food, par exemple.
J’aurais été curieuse de voir la mise en scène du Supermarché du futur et de l’aile du régime alimentaire végétarien.



Conclusion


Bref. Donc oui. Oui, oui, oui ça vaut le coup d’y aller à l’Expo Universelle de Milan, malgré son petit côté Disneyland, sois sûr que le côté émerveillement/découverte sera au Rendez-vous. J'ai franchement pris de sacrés cours de scénographie en une seule et même journée !

J'ai adoré le modernisme du lieu, éblouissant, à la pointe de ce qui se fait en terme de design. Très créative, l'Exposition Universelle parvient à se servir du faste de son support pour interroger les peuples quant à l'enjeu international de l'alimentation des hommes, sur une planète dont l'avenir n'est pas des plus ensoleillés.

Oui ça vaut le déplacement. Oui ça vaut les 5h de route la nuit. Oui les 35€ d’entrée on ne regrette pas de s’en être délestés. Clairement. Oui l’Exposition Universelle de Milan est réellement une réussite. 

Préférer 2 jours complets pour en profiter un maximum, par contre. Sur tous les plans, l'Exposition Universelle recèle d'une richesse incroyable de choses à voir, à essayer, à manger, à photographier. Une seule journée ce n'est clairement pas suffisant. 

Tout ça donnerait presque envie d’aller faire un tour à la subsidiaire de 2017 au Kazakstan et de se faire la prochaine Expo Universelle à Dubaï en 2020.

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