Valérian et la cité des mille planètes

13 sept. 2017




C'était un non catégorique. Clair et indiscutable. La bande annonce m'avait anti-séduite. Toujours pareil. Encore et encore un film à gros budget, tout dans les effets spéciaux, rien dans le reste, aussi léger que creux. Putain, merci mais non merci. Du Besson en plus, pas franchement ma came. Avec deux têtes d'affiche que je déteste Cara Delevingne et Riapute.


Non, non, n'insistez pas les mecs. Allez-y sans moi. J'adore le fantastique et la sci-fi, mais là ça m'intéresse pas.
Mes potes ont pas trop kiffé en plus.

Puis, un appel de ma mère. Qu'est-ce qu'elle est cool, ma mère.
" J'ai entendu à la radio un super débat des critiques sur le dernier Besson, ça m'a donné envie d'aller voir Valérian, tu veux pas venir avec moi ?".

Et là j'ai ri. Mais tellement fort. Toi tu veux aller voir Valérian au cinéma ? Toi qui t'endort devant Star Wars ? Toi qui déteste l'espace ? Toi dont on perd l'attention dès qu'on prononce le mot planète ? Tu veux aller voir Valérian ? Ok, on y va. Rien que pour voir ta tête.
Elle est trop cool, ma mère.

J'y suis donc vraiment allée à reculons, dans cette salle obscure pour voir le dernier Besson. Et contre toute attente, j'en suis ressortie EN-CHAN-TÉE !

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Le pitch : Valérian, agent spacio-temporel, en tandem avec sa coéquipière Laureline, sont mandatés par le gouvernement pour une mission toute particulière sur Alpha, l'extraordinaire planète symbole de la cohabitation paisible entre les peuples de l'univers. Il se pourrait cependant que les enjeux de l'histoire dépassent le cadre de la simple mission de routine et que les agents Valérian et Laureline se retrouve mêlés au coeur d'une sale affaire aux dégâts diplomatiques irréparables.



Un mélange entre Star Wars, Star Trek et Avatar.


Valérian et Laureline, en temps que millénials, ce sont des noms qui nous parlent.
Perso, j'ai jamais lu les BD françaises de Christin et Mézière. Juste vu un ou deux épisodes du manga en dilettante, qui ne m'avait pas marqué plus que ça, d'ailleurs.

Pourtant, l'oeuvre originale donc, cette BD des années 70 c'est un peu la pionnière du genre, celle à qui Star Wars aurait largement plagié emprunté, et qui a nourri visuellement toute la Sci-fi contemporaine. La réaliser en film, Besson, fan de Valérian et Laureline depuis ses 10 ans, en a toujours rêvé. Ce n'était pourtant pas possible techniquement, jusqu'à il y a peu.

Scène d'introduction : Un monde de paix sur la planète Mül, où le peuple, qui tire sa force de la culture de la perle, vit en harmonie depuis des siècles. Jusqu'à l'arrivée d'un péril noir.
Là tu te dis, putain on dirait tellement Avatar. (J'ai pas aimé, Avatar). C'est dérangeant. Mais on s'y fait. C'est doux, c'est nacré, c'est beau, c'est poétique.

Scène d'introduction des personnages : Un joli flirt sur une plage, un lieu virtuel généré par le vaisseau qui les abrite. Avec leurs discours sur leurs aptitudes et notes à l'école spatiale, ça fait tellement Star Trek. On dirait le capitaine Kirk en train d'essayer de se serrer le lieutenant Uhura

Scène d'introduction de la planète Alpha : Le vaisseau qui amarre sur la planète, tellement similaire à Coruscent, pour des pourparlers entre représentants des peuples galactiques.
Ok, là c'est sur, on est clairement dans Star Wars.








Valérian & Laureline



Une grande réussite à mon sens.
J'ai beaucoup aimé le petit jeu de séduction constant entre Valérian et Laureline.
Il est un playboy accablant gonflé à l'hélium. Elle est une femme forte et indépendante, la tête sur les épaules. Ils s'aiment autant qu'ils se désirent, mais dans le monde des apparences, rien n'est gagné. Aucun ne semble prêt à rendre les armes.

L'enjeu pour retranscrire ce duo, c'était de montrer en un seul film la relation développée sur des mois entre les deux personnages. En ça, Besson réussit ce tour de force et se montre très convainquant. On a vraiment envie de les suivre, Valérian et Laureline.

Si je n'ai jamais été très fan du physique atypique de Cara Delevingne, à la moue boudeuse et aux sourcils beaucoup trop broussailleux, j'avoue l'avoir adopté rapidement dans ce film. Sa voix française, feutrée avec du grrr dans la voix, son attitude charismatique et ses expressions argotiques.
J'ai pour le coup étayé mon jugement sur le mannequin, qui s'improvise pas trop mauvaise actrice.

Mais l'argument N#1 pour aller voir ce film, c'était quand même les yeux banquise de l'acteur Dane Dehaan. Fonte des glaces pour ce regard vénéneux... Sa prestance, ses mèches brunes, son rôle de héros-mauvais-garçon pourfendeur des méchants...

Les projecteurs sont d'entrée de jeu mis sur Valérian. C'est écrit dans le titre. Le héros ce serait donc supposément Valérian. Et pourtant, je n'ai pas décelé de déséquilibre entre les deux personnages, placés carrément sur le même plan, de la même importance.

Il s'agit pourtant d'un rapport de force, de conquête et de séduction entre les deux personnages. A ce jeu là, Valérian se montre assez dominant.





Il faut dire qu'il est plus haut gradé qu'elle. Plus décisionnaire, en conséquence. Elle est donc sa subordonnée directe, dans leurs relations de travail, étroitement liées à leur relations personnelles.
Mais qui a dit qu'elle allait s'en contenter ? Moi j'ai trouvé Laureline badass, volant pratiquement la vedette à Valérian, lattant sa gueule au machisme ordinaire, loin, très très loin d'être le faire valoir, tout en incarnant bien plus que le love interest du plot.








Des plans visuels à couper le souffle


Valérian et la cité des mille planètes c'est quand même avant tout du grand spectacle. Les images sont sublimes et on s'en prend plein les yeux.

Le chara design est au top, mention spéciale pour les habitants de la planète Mül. Dans la grande tradition d'aimer représenter l'extra-terrestre par le laid, on s'adonne à coeur joie. La qualité concurrence loyalement les Star Wars.

Le traité visuel est impressionnant. Chaque image est léchée, riche en éléments. Il faudrait visionner le film des dizaines de fois pour s'imprégner de tous les détails.

Superbe scène, ma préférée : la trouée des murs.






Le tout est extrêmement créatif. Tant dans l'univers, dans les idées, que dans la manière de nous introduire les possibilités technologiques.

Je retiens aussi un superbe plan de la planète Alpha en trompe l'oeil, où une plongée dans ce qu'on croit être la mer, s'avère être un nouveau niveau d'habitations. C'était magnifique.






Rythme et écriture


Alors oui. Le point faible du film, le voici. L'écriture.
Au final, le scénario restera très classique. Peu surprenant, bien qu'efficace. On se serait attendu à un dénouement plus original, certes.
Mais en même temps, issu d'une BD des années 70, c'était naïf de s'attendre à de l'avant garde. 50 ans sont passés, les gars. Et Valérian et la cité des mille planètes reste une adaptation de laquelle il n'est pas forcément souhaitable de prendre des libertés.

En revanche j'ai trouvé le ton d'écriture idéal. Ni trop léger, ni trop sérieux. Ni trop ado, ni trop adulte. Ni trop noir, ni trop bisounours. Des touches d'humour, sans lourdeur. Des scènes sentimentales, juste ce qu'il faut. Tour à tour facétieux, triste et sérieux au bon moment.

Les événements s'imbriquent élégamment, avec fluidité créatrive.

De mon coté, j'ai surtout apprécié le rythme du film. 2h30 ? Pas vues passées. Les scènes d'actions, nombreuses, ne durent pas, oscillent avec des scènes plus calmes, pour repartir en flèche après, même intensité, autre décor, autre registre. C'est divers, c'est varié, et c'est pas boum boum boum tout pète dans tous les sens façon Avengers et autres marvelleries. C'est plus subtil. Et tellement plus appréciable.




C O N C L U S I O N 


Luc Besson a fini par réaliser son rêve de gosse : adapter la BD fétiche de son enfance en grand film à gros budget sur grand écran. Bravo, Luc, j' applaudis des deux mains pour ton côté mégalomane et visionnaire.

Complètement surprise par ce film, j'y ai trouvé du sérieux et de l'épaisseur là où je m'attendais à trouver un 1001ème film à gros budget sans profondeur. Tout a collé pour moi, et le tout m'a emportée loiiiiin, trèèès trèèès loin. Je suis ressortie franchement grisée du voyage.

Si Valérian et la cité des milles planètes, injustement qualifié de gros navet de l'espace, se prend des pelles dans la gueule à n'en plus finir, je défends le fait qu'il s'agit d'un film riche, intéressant, et pas seulement divertissant.

On prend les qualités d'un blockbuster hollywoodien, on y enlève le côté trop américain, et voilà.

J'avoue que je ne dirais pas non à une suite. Retrouver les personnages à nouveau aux prises avec les difficultés de leurs missions spaciales et relationnelles, le tout sous couvert d'une orgie visuelle à couper le souffle, ce serait avec grand plaisir.

A ne pas oublier que Besson, dans sa folie des grandeurs, lance un double cocorico retentissant dans le monde. Réalisation française. Adaptation d'oeuvre française. Et oui, petit pays français peut aussi faire les choses en grand. Et regorge de talent, aussi.

Et n'oublions pas non plus que tous les Star Wars, Avatar, doivent leur imaginaire à cette curieuse bande dessinée française des années 70, Valérian et Laureline. Du coup, je vais clairement me les lire, ces BD.

P.S : Ma mère, qui s'endort devant Starwars (au cinéma svp), qui déteste l'espace et la science-fiction, a beaucoup aimé elle aussi.



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