Carte postale : Bons baisers des Hautes - Alpes

4 févr. 2016





Ici l'air est pur. Le paysage à couper le souffle.
Il faut plus de trois heures de route. Dépasser Aix, dépasser Manosque, dépasser Sisteron, dépasser Gap.
Une station familiale dans la vallée du Champsaur : Ancelle, alias un certain morceau de mon enfance, un fragment de mon nom de famille.


Il fait plutôt froid.
Ce mois-ci, la neige a bien recouvert les plaines. J'entends le ronronnement des remontées mécaniques mais ne vois que peu de monde sur les pistes de ski, la haute saison -2ème vague- c'est la semaine prochaine.
Le soleil est plutôt absent. La brume descend très bas sur la vallée et la plonge plus loin dans son manteau d'hiver. C'est beau, c'est fantomatique. C'est la saison des arbres morts.
Cet après-midi une rafale de vent glacial s'est levée si fort qu'il a vite fallu s'abriter sous peine de finir gelé.

La végétation sommeille encore. Elle ne viendra éclore que d'ici fin Février. Plus bas, les gens du Sud prient de toutes leurs forces pour tenir la pluie à distance, et pour que la neige tombe une nouvelle fois. Ils s'imaginent déjà dévaler les pistes, les yeux brillants d'adrénaline. Et moi je suis dévorée de jalousie. Il n'y aura pas de ski au programme cette année, c'est ma cheville qui l'a décidé.

Tiens, le soleil perce de timides éclaircies.
Au loin, là-bas, le plus haut sommet, c'est le vieux Chaillol. Je l'ai ancré dans ma mémoire, parce qu'il me le répétait tout le temps, Papy : " Regarde comme il est beau, le vieux Chaillol".
Et plus loin, c'est les montagnes du Valgaudemar. En contrebas on ne le voit pas, mais je le devine, le petit village de Chauffayer, alias le berceau de mes origines : la ferme des arrières-grands parents, la forêt de Blanche-Neige, les vaches et le torrent en contrebas.
Le domaine Duserre, autrefois, c'était le domaine Lagier.

On est pas toujours rassurés sur les petites routes. Parce qu'il fait froid, qu'elles sont étroites et qu'on se méfie des congères. En dehors du fait qu'il n'y a pas plus dangereux au volant qu'un 05. Il faut faire attention au verglas, aussi. On croit le maitriser, savoir par coeur comment poser ses pieds, mais il est parfois si traitre. Dans la plaine, une des routes n'a pas été déneigée.

Ce qu'au bout d'un moment, tout bon citadin cherchera, c'est une terrasse ou un joli salon de thé : un bel endroit où trouver des boissons chaudes, réconfortantes. Mais ici, ce n'est pas vraiment le passe temps préféré. Du thé (vulgaire), un café (basique), tu n'en trouveras qu'au PMU, ou en bas des pistes, les jours de haut soleil.

Gustativement, les plus beaux points de chute, les plus authentiques, c'est Les Autanes, en plein centre, et Aux Fagots, un peu plus loin, vers les Taillas.

Mais le week-end dans le Champsaur c'est aussi et surtout l'occasion de découvrir, si tu n'es pas natif du lieu, les Tourtons et les Ravioles. Deux spécialités culinaires particulièrement délicieuses à base de fromage, à savourer sans complexes.
Vendus au marché,  dans les restaurants de la vallée, les fromageries Ebrard, en comptoir à Chabottes, juste avant le péage de la Saulce, son influence s'étend jusqu'au bas Gapençais*.

A chaque fois que je quitte les Hautes-Alpes, je me dis qu'il faudrait venir plus souvent. Affronter les pénibles trois heures de route, avant que Mamie ne décide de vendre. Puis la vie passe, les week-ends se remplissent autrement, et ma dose de neige me file entre les doigts.

A bientôt, Hautes Alpes. Nous nous reverrons, cet hiver. C'est promis.




*En fait tu peux trouver les tourtons des Pellegrin Frères un peu partout en France, dans certaines grande surfaces. Mais ça n'a aucun intérêt de découvrir les spécialités des Haute-Alpes depuis ton canapé parisien, n'est-ce pas ?


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