Dans ma valise

23 févr. 2017



Il nous viendra toujours l'envie de se rapporter des petites choses de nos voyages respectifs. C'est humain, c'est beau et c'est toujours au moins un peu symbolique, je ne parle évidemment pas des mugs, dés à coudre et autres babioles pour le beauf en vacances.

Mais ramener un bout de Londres s'avère être un exercice périlleux, rapport au coup de la vie -exhorbitant- en Angleterre.

Seulement voilà, SURPRISE ! A cause du Brexit, le £ s'est juste effondré et là maintenant tout de suite, c'est vraiment le moment de ramener des choses sans avoir besoin d'hypothéquer ta maison. Te rends-tu compte ? La valeur du £ est presque équivalente à la valeur de l'€, ce qui ne peut que nous mettre en joie.
Mais si c'est vraiment ambiance champaaaaagne ! pour les touristes, comment t'expliquer à quel point les expats ont les boules ?

Pour ma part, j'ai enfin pu me ramener autre chose qu'un parapluie acheté chez Primark !




Argenteries : From Victoria to Haussmann


Sur le marché de Portobello s'amassent des tas d'objets plus beaux les uns que les autres.
Dans un esprit brocante, les pièces se suivent et ne ressemblent pas. De nombreux touristes sont au rendez-vous, déambulant entre les étals, plus originaux les uns que les autres. Les maisons sont sublimes, dans un esprit coloré, teintes harmonieuses les unes avec les autres : le charme de Nottinghill. S'il n'y avait qu'une rue à retenir, ce serait Portobello.

Mes yeux se sont affolés à la vue de toute cette argenterie qui, le £ s'étant effondré, me paraissait pour la première fois accessible à mon porte monnaie. Même si ça ne restait pas donné, ces étals, ces formes, c'était tellement sublime, riche, travaillé, raffiné.

On y trouve des couverts, de formes diverses et variées, simples, sertis, ornés, sculptés. Des gobelets, des théières, des sucriers, des pots à lait, des pelles à tartes, des coupelles...

Pas très certaine qu'il s'agit bien d'argenterie authentique, je me suis abstenue de me ramener un bel objet, la mort dans l'âme.

Et puis par le hasard des choses, un étal à Covent Garden Apple Market, qui propose les mêmes articles qu'à Portobello, en divisant le prix par deux.
Ces merveilles à portée de mains, les touristes se précipitaient pour les toucher, les soupeser, les admirer.

Il n'était pas pensable de ne pas se ramener quelque chose. From Queen Victoria to Baron Haussman. Mélangeons les genre, les origines, mais restons fidèle à l'élégance du 19ème siècle...
Choisir ne fut pas chose facile.



  • La cuillère (£9)
Manche orné, délicatement, des formes non sans rappeler le coquillage de la Renaissance.
Au dos, un poinçon en quatre formes, avec un numéro, probablement de série qui ne correspond à rien, d'après mes recherches digitales.

Cuilleront plat, ciselé, l'ovale, en forme de pique, mon symbole cartomancien préféré. Une forme est gravée dans l'arrondi, qui fait penser à de l'héraldique, sans en être une. J'aime l'harmonie qui se dégage de ses formes, entre le consensuel (rond), et l'hostilité (pointe).
Sa beauté m'a agrippé le coeur, au milieu de toute ces métaux précieux.

Je m'en sers au petit déjeuner, le matin,
Je porte un bout de gâteau à mes lèvres, et brusquement, je comprends le sens de l'expression "être né avec une cuillère en argent dans la bouche".




  • Le plateau (£22)
Hanses ornées, inspiration végétale.
Bordure régulière, entre le baroque et l'art déco.
Creusé bombé, formes qui m'évoquent le coquillage de la Renaissance, encore lui.
Plat orné, ciselé de motifs végétaux, je dirais des fleurs proches du chardon.

Je ne dispose pas d'informations précises sur leurs origines. Il pourrait s'agir de vieilles pièces d'argent, tout comme de récentes (si tant est qu'il s'agit d'argent) collections de John Lewis dont les gens ne savent plus quoi faire.

Ces objets sont tachés. Quelques marques ont occis l'argent. J'aime le fait que d'autres aient pu s'en servir. Prendre la relève, prolonger d'un bout l'histoire de l'objet, comme l'Histoire avec un grand H, finalement.

Et je savoure un peu d'Angleterre dans mon quotidien français.



Papeterie



Au niveau graphic design de la papeterie, on sent tout de suite que l'amour de la carterie, du papier et de la correspondance est plus présent en Angleterre qu'en France. Là où tu pourrais trouver de l'ugly à volonté imprimé sur du papier carton avec une typo déguelasse, on trouve à Londres de bien plus jolies choses. En attestent le magasin Paperchase, une enseigne qui semble fleurir dans la capitale et qui propose de jolis visuels à épingler sur ses murs.
Moi j'ai craqué pour cette beauté très graphique.








Botanicum postcard collection

Coup de coeur intergalactique pour ce set de cartes postales illustrées.
Trouvées sur les rayonnages d'une boutique à Bricklane, je m'en suis emparée avec fierté, tel le graal de l'illustrateur proche de l'orgasme.
C'est bien simple, c'est magnifique. D'une finesse incroyable, il s'agit de la collection de plantes exotiques des jardin botaniques royaux d'Angleterre Kew Gardens dessinées sur des cartes postales par la très talentueuse Katie Scott. Dérivées du livre Botaniucum, réalisé à la demande des Kew Gardens, j'aime la possibilité de pouvoir les aligner une à une, contrairement à l'habituel format livre, qui correspond aussi parfaitement à des visées encyclopédiques.

Trouvable à la boutique Inspitalfields (13 Lamb Street, Old Spitalfields Market, London E1 6EA), mais aussi directement à la boutique des Kew Gardens ici.




Fall leaves


Trouvées sur le chemin pour rentrer à l'appartement, près de Warwick Avenue. Il y avait cet arbre, rouge cinabre, tellement magnifique, qui déclassait tous les autres, le long de cette rue résidentielle. Entre le platane et l'érable japonais, ses feuilles mortes, gisant au sol, découpaient des formes extrêmement graphiques sur le goudron. Alors je me suis penchée, j'en ai ramassées et pour qu'elles ne s'abiment pas, je les ai disposées au creux des pages de La confusion des sentiments de Stephan Zweig, qui trainait en poche au fond de mon sac. J'ai certes un peu pourri mon livre, mais admirer la beauté de ces feuilles qu'on ne croise pas ici dans le Sud, ça vaut bien le dérangement.





Mon poppy


Le poppy c'est tout un symbole en Angleterre. Chez les british on célèbre l'armistice aussi, chaque année le 11 novembre. Et si chez nous en France on fait de la merde peu cas de nos jours fériés avec des cérémonies de commémoration chiantes à en mourir où personne ne va notamment aussi parce que pas grand monde ne sait pourquoi le 11 novembre est férié, triste monde, en Angleterre, on honore la mort des soldats tombés pour notre liberté avec une très jolie fête : le Remembrance Day.

Le 11 Novembre, une minute de silence le matin, et chaque personne est invitée à porter un poppy -un coquelicot- sur la poitrine pour commémorer cette date historique. La symbolique du coquelicot vient du fait que la structure rocheuse dans certains coins d'Europe ayant changé à cause des affrontements de guerre, les coquelicots, une fleur absente du paysage, y poussèrent, avant de mourir avec la fin des bombardements et le retour à la normale du paysage naturel. Considéré comme l'allégorie du soldat mort pour la patrie, le coquelicot devient le symbole de ce sacrifice, grâce au très beau poème In Flanders fields (Au champs d'honneur), qu'en tire le colonel John McCrae.
Aujourd'hui, chaque 11 novembre, les tombes des soldats sont fleuries -à outrance- au coquelicot, et des pins sont distribués aux passants.

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