Horns, (très) étrange thriller romantico-horrifique

29 oct. 2018







Dans le genre ovni cinématographique, je suis récemment tombée sur Horns, un film indépendant américain, aussi étrange qu'inclassable. Capable de se payer en tête d'affiche Daniel Radcliffe, qui était, avouons-le, l'argument de vente N#1, sa bande annonce le situait entre la comédie dramatique, le polar et la fantastique : un mélange qui avait l'air carrément  prometteur.  

Je me suis ruée dessus avec joie, un soir de soleil déclinant d'automne, contente d'enfin voir ce film qui m'intriguait depuis bien longtemps. Mais rien ne laissait croire que derrière sa belle affiche, Horns incarnait quelque chose d'aussi déroutant.






Le pitch : Iggy  et Merrin, amoureux depuis toujours, filent le parfait amour dans un bled verdoyant du Nord des  Etats Unis. Mais les choses changent brutalement lorsque Merrin est retrouvée morte et qu'Iggy, non content d'en supporter le chagrin, se voit accusé de son meurtre par une horde de citoyens enragés comme seuls savent l'être les américains. Fatigué de clamer son innocence et harassé par le chagrin, Iggy perd pied. Jusqu'au jour où un beau matin, le jeune homme se réveille avec des cornes qui lui ont poussé dans la nuit. 






Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il s'est vraiment passé en visionnant ce film. S'agissait-il d'un conte ? D'un film à la con ? D'un thriller psychologique ? Etait-ce réel ? N'ai-je pas rêvé cet aparté complètement WTF? Quelqu'un a-t-il vraiment été payé pour porter quelque chose d'aussi étrange sur nos écrans ? Le film vient de se refermer sur le générique. Et la réponse est pourtant déjà floue dans ma tête. 

Mais à quoi avons-nous assisté, putain ? 

Adapté du roman éponyme, écrit par Joe Hill, le fils de Stephen King, c'est le réalisateur Alexandre Aja, qui pilote le projet, à la lumière de son expérience en blockbusters horrifiques (La colline a des yeux, Haute tension, Piranha 3D).

Assez ravie de revoir mon notre Harry Potter national sur les écrans, j'ai vu mon sourire décliner à mesure que les minutes du film avançaient. 
J'ai aimé l'ambiance générale du film, sombre et poétique comme je les idolâtre. J'ai aimé la part de fantastique, habilement distillée (au début en tous cas) le long du récit. J'ai aimé ses personnages, qui se côtoient depuis l'enfance, gravitant toujours les uns autour des autres à l'âge adulte. 






Je crois pourtant n'être jamais tombée sur un film aussi déroutant. Le rythme est hâché, le spectateur embarqué sur une montagne russe en forme d'électro-ancéphalogramme.
La vraisemblable se casse la gueule à mesure que les minutes passent et l'on se demande vraiment, mais vraiment, où le réalisateur veut en venir. Il semble se contredire de quart d'heure en quart d'heure et nous mener en déroute. Comment cette histoire va-t-elle diable (tu l'as ?) se finir ? 

Quoi qu'il en soit, Horns vous embarquera dans deux heures de films âprement inégales, qui vous captiveront, vous feront bailler d'ennui, vous feront exploser d'un rire moqueur, vous exalteront et vous glaceront d'effroi.





Horns possède pourtant de nombreuses qualités. La première, celle de nous surprendre de bout en bout, par ses choix cinématographiques des plus WTF. 
La seconde, celle de superposer un cynisme assez jouissif, qui survolera les deux heures de ce film pour notre plus grand plaisir.
Personnellement j'ai raffolé de la direction photographique, avec des prises de vues magnifiques, léchées et poétiques comme je les aime. 
Quelques touches d'humour parsemées par ci par là achèvent de nous entrainer dans cet étrange tourbillon cinématographique. 

Autre corde à son arc, Horns a le prestige d'être porté par un casting de qualité. J'ai trouvé Daniel Radcliffe extrêmement crédible dans son rôle de mec paumé romantico-sataniste accro à la boisson qui parle (encore !) aux serpents. Juno Temple, l'autre tête d'affiche du film, actrice qui me donne habituellement des boutons, se débrouille assez bien pour attirer la sympathie, malgré sa voix en V.O de crécelle et son rôle un peu trop "agaçante jeune fille pure définie par les hommes et sans personnalité." Et j'ai trouvé Max Minghella, très convainquant dans le rôle du fumier qu'on attendait pas. Difficile de comprendre les autres personnages, sur lesquels on ne s'est pas assez attardé pour les sentir familiers.





Vous l'aurez compris, l'expérience était franchement bizarre et Horns ne séduira pas tous les publics. Très créatif, le film nous embarque dans un succession d'étrangetés sous forme aussi plaisantes que déplaisantes. Pour ma part, je m'attendais à tout autre chose et reste encore béate d'incompréhension. Bref, difficile de se sentir transcendé par Horns. Et pourtant, Horns a fait son effet sur moi et clairement, on voudrait en voir plus souvent, des films comme celui-là.  

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