Lumières & sommets des Alpes : derniers sauts de l'hiver

26 avr. 2019












Encore le Champsaur. Toujours s'échapper dans les Alpes. Profiter de sa proximité, à quelques heures de route de Marseille. Marcher dans les pas de son enfance, de ces lieux connus, familiers. De ces lieux parés du manteau de l'hiver. 

Une année n'en est pas une s'il n'y a pas au moins une fois où elle me place face à la neige. Je ne m'explique pas spécialement cette passion pour l'hiver. Mais mon coeur se transporte à la saison froide. Je me sens plus moi-même que jamais, en harmonie avec la saison dite "morte".

Les Alpes se magnifient en hiver, la saison qui leur sied le mieux. 
Le bon air pur. Les sommets enneigés. Les températures qui chutent. Les oreilles qui accusent doucement le coup de l'altitude. Trois petits jours hors du temps, début Mars, dernier bastion neigeux des Alpes.

















Une de mes balades préférées. Celle que j'empruntais en ski de fond, au temps où je le pouvais. De mes 7 à mes 25 ans, j'ai adoré arpenter ce chemin au bord de la rivière, au milieu des sapins. Il fait froid au creux de ces deux montagnes. L'une d'elle n'est pas souvent éclairée par le soleil. Il y a souvent de la brume, dans la vallée de Rouanne. Et au fond de la vallée, deux sommets lointains, les plus enneigées du secteurs, les dernières à perdre leurs manteaux d'hiver. Fol instant de volupté.








Une vallée plus lointaine et plus retirée. Sur ses hauteurs, la station de ski d'Orcières-Merlette. Mais au fin fond de cette vallée plus sauvage, au coeur des premiers sommets du parc national des écrins. Une seule route pour y accéder, du vieux goudron abimé d'éboulis qui zigzague entre les montagnes. Le réseau ne passe plus. Le risque d'avalanche est inscrit dans le paysage baigné d'ombre aux cascades gelées. Le dernier village avant la fin du val, dernière trace de l'homme au creux de kilomètres de montagnes, le village de Prapic. On y allait tout le temps en été, pour de longues marches à la rencontre des marmottes. Mais cet hiver le village est fantomatique. Tout est fermé. Peu de gens y vivent à l'année, en témoignent les couches de neige intactes à l'entrée des maisons. Nous croisons quelques marcheurs, deux habitants venus manger l'un chez l'autre. Des odeurs de fumée s'échappent d'une ferme tandis qu'un chat se prélasse au soleil.










Mon grand père l'appelait la plaine, ou le plateau d'Ancelle. C'est ce petit territoire plat qu'on emprunte avant de déboucher au pied des montagnes. Il est spacieux, beau à regarder. On y fait du vélo l'été. L'hiver, seules quelques voitures le strillent de leurs passages. Au coucher du soleil, le long de la route qui relie Saint Léger à Ancelle, on s'est arrêtées dans un renfoncement dont on avait oublié l'existence. Le tour de Lachaup. Une balade courte pour les valides (30 min, sauf si l'on souhaite prolonger la balade et faire une boucle), plus ardue pour les algodystrophiques. Mais le terrain est plat, souple et agréable. Et la vue à 360° sur toute la vallée est magnifique. 















Jolie découverte, facilitée par la fonte des neiges : une des pistes de ski de la station de Chaillol est fermée. Nous pouvons donc nous aventurer le long de cette magnifique balade. Il s'agit d'un timide sentier accidenté avec une vue à couper le souffle le long des vestiges du Canal de Mal Cros, ancien système d'irrigation construit au 19ème siècle pour faire transiter l'eau des glaciers jusqu'aux cultures des plaines. Nature sauvage, montagne escarpée. On passe en bordure de pistes de ski, sous les arbres des forêts. On cherche son chemin au milieu des roches. Toujours à flanc de montagne. J'ai l'impression d'être en Terre du Milieu. Le sentier n'est pas des plus faciles, surtout pas pour une algodystrophique. Je renonce à m'aventurer très loin (45 min) et je serais collée au lit la semaine suivante à cause du réveil de la douleur. Mais le jeu en valait la chandelle, j'ai vraiment la sensation d'avoir été portée dans un ailleurs lointain.







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