La lune : du voyage réel aux voyages imaginaires, au Grand palais

10 mai 2019





La lune : du voyage réel aux voyages imaginaires, au Grand palais


On connait l'amour des musées pour les anniversaires, qui sont toujours l'occasion à saisir pour organiser de belles expos. Mais on ne s'attendait pas à ce que le Grand Palais commémore le cinquantenaire du premier homme sur la lune, et certainement pas vu sous le prisme artistique !
Il y a cinquante ans, Neil Armstrong marchait donc sur la lune et déclarait devant l'humanité entière rivée devant son poste de télévision "c'est un petit pas pour l'homme, mais un grand pas pour l'humanité". Avec cette image pour point de départ, le Grand Palais nous offre une jolie réflexion sur la lune et les différents aspects qu'elle revêt dans l'imaginaire collectif.


Le voyage réel :  Apollo 11  


L'expo s'ouvre sur une salle consacrée au voyage de 1969. Photo des astronautes à l'appui, tout sourire dans leur combinaison avant de monter dans la fusée, on nous parle de leur vie en orbite spatiale, aux travers de précieux objets tels qu'emballage de nourriture lyophilisée, échantillon de roche lunaire ou encore gant de la combinaison spatiale. Bref, tout est fait pour reconstituer la mission Apollo 11 au plus près de ce qu'elle fut. La salle est plongée dans le noir, les premier clichés de la Terre et de la Lune se donnent à voir au mur et j'ai particulièrement aimé le moulage en béton de la trace de pas de Neil Armstrong, dans laquelle le visiteur est tenté de superposer son propre pas.

Un peu plus loin, ce sont les film muets des années 1900 qui évoquent la lune, avec notamment le très connu Voyage dans la Lune de Georges Méliès où des dizaines de petits personnages s'agitent à l'écran et partent à la conquête de la lune. 





La Lune, force ésotérique  


Cet attrait pour l'astre lunaire ne fut pourtant pas toujours au coeur des préoccupations de l'homme. Longtemps la lune fut perçue comme une force sombre, maléfique, inquiétante.
Démoniaque, source de fantasmes et de peurs, on la retrouve dans les tableaux où elle évoque la venue du fantôme et du cauchemar. Sous forme de lune noire, elle prend une connotation démoniaque.

La lune a longtemps été observée de loin, influençant les mythes. Dans l'antiquité les hommes ont ressenti le besoin de lui donner un corps, comme pour entamer un dialogue avec cet astre à la fois proche et lointain. Divinisée, elle prête son symbole à de nombreux cultes.

La lune c’est aussi l’allégorie de la femme souvent qualifiée de « lunatique »… Nébuleuse, inconstante, déroutante... On pense à Artemis et Séléné, déesses grecques affiliées à la lune.
On pense aussi aux civilisations de la mésopotamie qui l'ont faite homme en Egypte (Thot) ou en Inde (Chandra).

Dans une autre salle, de nombreux instruments de mesures antiques sont rassemblés : des calendriers lunaires. 



La lune : du voyage réel aux voyages imaginaires, au Grand palais


Voyages imaginaires : le rêve et la contemplation esthétique 


La Lune est le lieu de tous les possibles, de toutes les rêveries. Nébuleuse et impénétrable, elle n'a pas fini d'inspirer les artistes.

Mystérieuse, elle est aussi symbole de mélancolie. Une lumière poétique, invitation à la beauté, le rêve et l'imaginaire. Les artistes l'ont bien compris et s'emparent du sujet : Chagall, Man Ray, Miro, Rodin ou Vallotton la dépeignent tour à tour comme protectrice et bienveillante, changeante et angoissante, mais aussi instrument du tourment. Les lumières de Manet, les représentations de Dali lui prêtent un visage aux ambiances plus différentes les unes que les autres.

Proche et mystérieuse, elle échappe encore à la compréhension humaine. Poésie et contemplations se tissent autours d'elle. Elle est une expérience à part entière de la beauté.


Coup de coeur pour la superbe série photos Private Moon de Leonid Tishkov
La lune : du voyage réel aux voyages imaginaires, au Grand palais Private Moon Leonid Tishkov


En conclusion 



Une exposition inédite de près de 200 œuvres, dédiées à cet astre énigmatique. De l'antiquité à nos jours, en Europe et ailleurs, objet de culte et de crainte, simple lumière ou symbole ésotérique, la lune se donne à voir aussi bien au travers de l'Art que de la conquête spatiale.

Très sensible à cette lumière, et à la symbolique ésotérique de la lune, je fais partie de celles et ceux qui s'épilent et se coupent les cheveux en fonction du calendrier des pleines lunes. Consciente de la part mystérieuse et cachée de cet astre, j'ai beaucoup aimé cette exposition qui rassemble sous son propos autant de points de vue et d'approches qu'il y en a de possibles à l'évocation de la lune.

J'ai appris des tas de choses, me suis baladée dans un imaginaire le temps d'une petite heure, ai pu réfléchir sur un propos de fond. Si La lune : du voyage réel aux voyages imaginaires ratisse large et a des chances de plaire une large palette de visiteurs, elle ravira à coup sur les amoureux du mystère et de la rêverie.



La lune : du voyage réel aux voyages imaginaires  
Le Grand Palais  3, avenue du Général Eisenhower 75008 Paris
Du 3 avril au 22 juillet 2019

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