Jan Fabre à la galerie Daniel Templon

15 mars 2015




Un quart d'heure à consacrer au plaisir sensuel de tes yeux ? Facile.
Au détour d'une balade so parisienne dans le marais, tu peux emprunter la rue Rambuteau pour t'offrir une petite bouffée d'art dans le trois pièces de la galerie Daniel Templon.

Ce mois-ci c'est Jan Fabre qui expose.

Hommage à Jérôme Bosch au Congo, c'est un thème qui te rendra d'abord dubitatif. Qu'ont en commun un grand peintre flamand du XVème siècle et l'évocation de la République récemment démocratique du Congo ? Rien. A part Jan Fabre.


Ces grands tableaux nimbés d'un vert magnifique sont saisissants, dans un premier temps. La couleur miroite, resplendit. Il s'en dégage un aspect précieux, on a tendance à associer le travail de l'artiste aux prestiges de la joaillerie, à l'émeraude.

En s'interessant au plus près des tableaux, on reconnait les codes des campagnes de propagande colonialistes. Parfois morbide, ce qui s'y joue ne te frappera pas par une compréhension immédiate. Le contraste entre le propos de l'artiste et la matière pour l'évoquer peut laisser perplexe.

Si tu colles tes yeux contre la vitre, tu verras que cet effet précieux est obtenu à partir de superposition de milliers de petites coquilles vertes, de sorte à former des écailles. Procédé habile, et très esthétique, on sent très fortement la texture. On aurait presque envie de toucher.

On salue le travail de patience aussi, les heures passées à mettre bout à bout toutes ces écailles pour les ériger le long de formes narratives*. Incroyable.

Et puis on agrippe un prospectus explicatif. Et on lit que toutes ces écailles vertes, ce sont en fait des élytres (comprendre CARAPACES) de scarabées.

Horreur. Je les imagines vivants, en train de grouiller dans les tableaux.
Je déteste. Et j'en ai des frisson. Mais c'est génial.
Il a du commettre un génocide de scarabées. C'est un peu cruel, mais tant mieux. Sauf que ça vient d'un élévage tous ces scarabées. En Asie, on les élève. Des gens élèvent des scarabées. Oui, oui... Horreur.

Mais c'est génial. C'est beau, c'est osé. Et même si c'est des CARAPACES d'insectes, ça donne envie de les toucher.

Moi, j'ai adoré.
Particulièrement le flamant rose. De la parfaite harmonie visuelle, avec tout ce qu'il faut de moderne, d'esthétique et de conceptuel.

Seul bémol : Jan Fabre et sa polémique de 2012. Dans l'idée d'une réalisation artistique similaire au Dali Atomicus de Salvador, le mec a osé organiser un lancer de chat à Anvers. Normal, tranquille, regular. Polémique à lire ici. 
Merde, l'artiste est un connard... Du coup l'admiration que tu t'apprêtais à lui vouer n'est plus. Dommage...

* parait-il qu'il n'aurait même pas mis la main à la patte dans la superposition de toutes ces élytres : une épique de 29 esclaves collaborateurs l'aurait fait pour lui... #kidnappingemotionneldeladmiration



Jan Fabre : Hommage à Jérôme Bosch au Congo.
28 fevrier 2015 – 11 avril 2015
Galerie Daniel Templon 
30, rue Rambuteau, 75004 Paris

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