Loin de la foule déchainée, c'était le choix du club de lecture Mango and Salt pour Septembre. Ô joie, j'avais justement voté pour ce roman-là. Subjuguée par l'adaptation cinématographique un an plus tôt, je guettais l'occasion de livre le livre, et c'est désormais chose faite, merci Victoria.
Le pitch : C'est l'histoire de Bathsheba, jeune laitière libre et indépendante, qui, par un coup du sort, hérite fortune et domaine qu'elle se met en tête d'administrer seule, comme un homme. Femme d'audace, elle ne tarde pas à attirer les convoitises, tandis que sa beauté tisse autour d'elle une toile de passions qui tend à se refermer comme un piège.
Les thèmes :
◆ la passion amoureuse ◆ l'Angleterre victorienne ◆ l'audace ◆ la vie rurale
◆ le drame ◆ l'amour impossible ◆ la vanité ◆ la liberté
◆ le drame ◆ l'amour impossible ◆ la vanité ◆ la liberté
Thomas Hardy (1840-1928), auteur classique british -époque victorienne-, plutôt peu connu dans nos contrées française accaparées par Jane Austen et les soeurs Brontë, est le modeste auteur de grands romans aussi célèbres qu'adaptés au cinéma (Tess d'Uberville, Jude l'obscur).
En creusant un peu, on se rend compte qu'on a déjà forcément entendu parler de près ou de loin, d'une histoire de Hardy - (moi j'avais eu un méga coup de coeur pour Jude, avec ma fétiche Kate Winslet, qui m'avait tant fait chialer tellement surprise).
Les histoires d'Hardy fuient toujours la capitale londonienne pour prendre place à la campagne, dans une région imaginaire, le Wessex, reconnue comme étant le miroir de son Dorset natal.
Homme moderne (ses personnages féminins ont du caractère et sont toujours en avance sur leur temps), son rejet de la religion en font un auteur sulfureux peu reconnu de son vivant (aller, encore un), malgré le succès de ses livres parfois vendus sous le manteau. Sa vie longue et pas franchement très riche en soubresauts contraste avec celle de ses personnages, toujours en lutte contre leurs passions et les moeurs qui leur barrent la route.
Ce qui m'a frappée en tout premier lieu, c'est le poids de la campagne dans le roman. Ses références sont omniprésentes : beaucoup de vocabulaire rural, parfois rébarbatif, qui m'a fait me féliciter de ne pas avoir cherché à lire le roman dans sa version originale.
Pendant des pages et des pages sont décrits les lumières du ciel, les meules de foin, les gestes à s'occuper d'une ferme.
Les personnages d'Hardy sont très travaillés.
Bathsheba, très moderne, entêtée, audacieuse dans une époque qui ne prêtait pas forcément ces qualités là aux femmes.
Gabriel Oak, un exemple de force tranquille, solide comme un roc, à la patience d'ange. William Boldwood, l'homme le plus rigide qu'on voit fondre comme une glace au soleil, et le sergent Troy, petite ordure de cruauté finalement pas si méchant.
Mais le personnage principal de Loin de la foule déchainée, c'est clairement c'est la campagne.
J'ai pas forcément aimé cet aspect, peut être anachronique, ou simplement maladroit, qui ne parle pas vraiment au lecteur du 21ème siècle qui n'a jamais vécu dans une ferme.
Les personnages secondaires, les gens de la ferme sont très présents dans le roman, et pourtant utilisés de façon malhabile.
Ils n'ont pas de présence, sont mal brossés, même pas décrits physiquement : ils forment un décor sans grande substance qu'Hardy utilise énormément, juste pour planter ou faire avancer son histoire.
J'ai un peu rippé sur quelques phrases sexistes - difficile de dire si Hardy est complaisant ou ironique vis à vis de ces formulations machistes - qu'on doit très certainement plus à l'époque qu'à l'homme derrière les mots. A noter qu'il met tout de même l'accent sur le fait que le genre féminin échappe à la compréhension des hommes, si ce n'est des femmes elles-même.
Le style d'écriture n'est pas franchement riche. Je l'ai trouvé globalement plat bien qu'agréable : normal, correct, regular.
Le ton narratif est détaché, l'auteur ne porte pas vraiment de jugements sur ses personnages . Chose inhabituelle, il me semble avoir croisé un ou deux "je", alors que le narrateur ne signale jamais autrement sa présence.
Déception notoire pour la version littéraire, donc.
Bien que les 467 pages s'avalent facilement, que l'histoire est franchement très bonne et bien menée, certains détails, dont la longueur, couplé à des défauts relatifs au fossé qui nous sépare de l'époque victorienne, ont fait que Loin de la foule déchainée n'a pas su me séduire dans sa version papier comme elle a pu le faire en adaptation cinématographique.
Bien que les 467 pages s'avalent facilement, que l'histoire est franchement très bonne et bien menée, certains détails, dont la longueur, couplé à des défauts relatifs au fossé qui nous sépare de l'époque victorienne, ont fait que Loin de la foule déchainée n'a pas su me séduire dans sa version papier comme elle a pu le faire en adaptation cinématographique.
Quant au titre, même après lecture, on ne comprend pas forcément sa pertinence.
Peut être est-ce une référence au fait que le bonheur se trouve après l'agitation, loin de la folie des gens, des la pression sociale et de ses obligations.
J'avais déjà adoré ce film, comme le témoigne ce papier où je développe les raisons le voir absolument.
Et j'ai été plutôt surprise de le voir si fidèle au roman. Pas une scène n'a été dénaturée, quelques unes ont été rajoutées (celles du bain des moutons qui ne prenait qu'une ligne) pour mieux illustrer certains points clés de l'intrigue.
En somme, ce n'était pas la peine de lire le roman (c'est moi qui ai dit ça ?!!!), car il ne m'a personnellement rien apporté de plus. Et je suis la première à m'en étonner.
- Les personnages
J'ai préféré le traité du film, en matière de personnage.
Mr. Boldwood, qui dans le roman est d'une insistance limite malsaine façon vieux pervers qui veut séquestrer Bathsheba dans son palais, est beaucoup, beaucoup plus touchant -et plus digne aussi- dans le film de Vinterberg.
J'ai adoré ce qu'ils ont fait du personnage de Lydia (en même temps je kiffe Jessica Barden), agaçante, enjouée, drôle, bien plus que la commère/ mijaurée/ pot de fleur d'Hardy.
Bathsheba est bien plus sympathique, sous la camera de Vinterberg que sous les mots d'Hardy, qui la dépeint parfois comme une capricieuse, lunatique, cyclique insupportable. Face aux sourires conquérants de Carrey Mulligan, difficile de ne pas s'attacher à son personnages et à ses faiblesses.
Gabriel Oak est moins
Seule Fanny Robin est maltraitée dans le film, dépeinte comme une gourgandine un peu vulgaire et écervelée, plutôt que comme la jeune fille victime d'une mauvaise fortune qu'avait écrit Hardy.
- Habilétés cinématographiques
Le film a l'intelligence de ne pas mettre l'accent sur les gens de la ferme, inclus de sortes à ce qu'on ne connaisse pas franchement leurs noms, ni qu'on s'attarde plus longtemps sur eux, autrement que comme la "masse" des travailleurs.
Au lieu des longues tirades de mots, de belles images : des magnifiques plans de la campagne anglaise, baignés d'une lumière époustouflante qui viennent mettre en avant l'importance de la campagne au sein de l'histoire.
Les costumes sont sublimes, crées avec goût, fins et subtils, là où Hardy ne prend pas franchement la peine de vraiment les inclure dans son roman.
Et puis, la musique. Très différente des vers et strophes soufflés dans le roman, les chants du film sont touchants et restent en tête un long moment. L'instrumental, ballade anglaise traditionnelle, charme délicatement, avec juste ce qu'il faut de mystère et de mélancolie dans les notes.
- Une touche plus actuelle
On a droit au lieu de "Oh ! Ma bien aimée !" a un baiser fougueux, celui qu'on désespérait d'attendre depuis les 2h de projection. Et tout ça fait nettement plus XXIème siècle, pour le grand plaisir du public amateur de films en costumes mais pas né en 1876 non plus.
Adapté par Thomas Vinterberg, réalisateur danois qui a raflé quelques prix ces dernières années, dont deux prix du jury à Cannes pour ces films Festen et La Chasse, le travail de l'équipe du film est tout bonnement visuellement exceptionnel.
Bref, j'ai re-regardé le film. Et j'ai re-chialé : la magie fait toujours effet.
Le livre 1 - 2 Le film
J'ai été conquise par l'histoire d'Hardy. C'est beau, c'est touchant, c'est grand, c'est romanesque.
Le film de Vinterberg sublime les choses, à l'aide d'images à couper le souffle et d'une bande son magnifique de délicatesse. Vinterberg modernise et adapte habilement les personnages, tout en restant très très fidèle au roman.
Si l'on se doit de saluer Hardy pour son histoire romanesque d'une richesse et d'une puissance incroyables, je te suggère plutôt de t'attarder sur le film de Vinterberg qui te fera passer un meilleur moment que les heures en compagnie du livre, parfois un peu longues, et dont la richesse littéraire -sa traduction française en tous cas- n'est pas inoubliable.
A noter que c'est sous la plume et la caméra de deux hommes qu'une magnifique histoire d'amour classique a pris naissance / vie. Une preuve de plus que les histoires d'amour en littérature comme au cinéma, ce n'est pas qu'un genre "typiquement féminin".
P.S : J'ai toujours autant envie d'aller passer ma vie mes vacances dans le Dorset.
Voici un site intéressant pour regarder des films https://film4k.stream/ Je l’ai aimé, c’est vraiment bien et j’ai toujours regarder divers films à travers lui maintenant.
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