Tolkien, biopic aux sources d'une oeuvre mythique

7 oct. 2019


Tolkien, biopic aux sources d'une oeuvre mythique lafianceedelarbre
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Tolkien, biopic aux sources d'une oeuvre mythique lafianceedelarbreTolkien, biopic aux sources d'une oeuvre mythique lafianceedelarbre

Tolkien. Biopic. Cercle littéraire. Héros britanniques. Université d'Oxford. Costume Drama. Au niveau des mots clés, c'était pour moi un sans faute très aguicheur et il n'en fallait pas plus pour me donner envie de courir au cinema voir le biopic consacré à Tolkien.


Fan de la première heure, j'ai découvert Tolkien comme toute ma génération avec la trilogie des films Le seigneur des anneaux de Peter Jackson, raz de marré ayant clairement dominé cinématographiquement les années 2000. Choc esthétique, émotionnel, spirituel. J'avais été foudroyée par Le seigneur des anneaux, qui m'avait emporté haut, très haut dans le ciel et m'avait fait battre le coeur comme rarement auparavant.

Pour avoir réussi à faire rêver la Terre entière, avec tant de poésie, de beauté et créativité, j'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour J.R. Tolkien. Les heures que je n'ai pas passé moulée dans son univers, feuilletant des livres d'illustration, dans les rayons de la Fnac à la recherche des concept arts. L'an dernier le très peu souriant John Howe, illustrateur plus ou moins officiel du travail de Tolkien, était même venu dédicacer à Marseille et je m'étais sentie tremblante, en présence du génie créatif personnifié. 

Je me suis donc vraiment réjouie qu'un biopic soit consacré à l'un des, si ce n'est le, plus grand maitre de la littérature fantastique. Mieux que ça : je trouve qu'enfin s'intéresser à cet auteur est une victoire de plus pour la Fantasy, ce genre populaire et pourtant si peu considéré, qui semble peu à peu gagner ses lettres de noblesse bien méritées. 

Je ne pensais pas apprendre grand chose de la vie de J.R Tolkien via le biopic qui lui était consacré. Non pas que j'en connaissais beaucoup sur sa vie. Mais le parallèle avec la seconde guerre mondiale, je l'avais déjà fait. L'atmosphère de crainte et de temps troubles dans lequel il avait écrit Le seigneur des anneaux, et toutes les métaphores qui en découlaient, j'étais déjà au courant. 

Mais j'avais hâte de voir ce que ça donnerait sur grand écran. J'étais persuadée que le film me plairait beaucoup. Et je ne me suis pas trompée. 

Le pitch : J.R.R. Tolkien, grand écrivain de la veine fantastique auteur des mythiques Le seigneur des anneaux et Le Hobbit a laissé derrière lui un univers complexe qui encore aujourd’hui regorge de secrets. Le film raconte comment les souvenirs de jeunesse de l’auteur britannique, de ses études à Oxford aux tranchées de la Première Guerre mondiale, ont nourri son œuvre littéraire.

les thèmes : 
la grande amitié d'adolescence ◆ l'amour vrai ◆ Oxford  
l'imagination ◆ l'ascension sociale ◆ la perte ◆ le cercle littéraire  

On rencontre donc Tolkien lorsqu'il est encore un enfant insouciant, arraché à sa comté natale, aux côtés de sa mère fantasque qui peine à joindre les deux bouts pour élever ses deux fils à la mort de son mari. Le sort s'acharne pourtant sur la famille, et Tolkien se retrouve orphelin très jeune. Mais sa mère parvient, avant son dernier soupir, à le confier aux mains du pasteur qui lui assure son avenir en le plaçant à la très réputée King Edward's School de Birmingham.

Sur la route vers l'excellence, Tolkien rencontre en pension ceux qui seront ses meilleurs amis, sa vraie famille. Geoffrey Smith, Robert Gilson et Christopher Wiseman, les inspirateurs direct de la communauté de l'anneau. Ces quatre garçons très anglais, qui se retrouvaient dans un salon de thé pour refaire le monde, décident très vite d'ancrer dans la pierre leurs aspirations commune : changer le monde, à l'aide de l'art. A 13 ans, ils créent leur cercle littéraire, le Tea Club and Barrovian Society. Helheimer est leur leitmotiv, le mot de toutes leurs audaces. L'un veut devenir poète, l'autre peintre, l'autre musicien. Tous se retrouvent confrontés aux réticences de leurs parents. 

J'ai adoré, a-do-ré cette amitié adolescente, forte et puissante, solide comme le granit. J'aurais rêvé, rê-vé d'avoir connu ce lien à cet âge là. Et même pour la suite de la vie, à vrai dire. J'ai été extraordinairement touchée par cette fabuleuse histoire d'amitié franchement bouleversante. 
Je retiens cette phrase de Geoffrey Smith : "Et puisses-tu dire ce que j'ai tenté de dire longtemps après que je ne serai plus là pour le dire."


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J'ai adoré voir se dessiner à l'écran les éléments de la saga culte. 
Les dragons, les chevaliers dans le théâtre d'ombre des histoires de la mère. La Lothlórien dans le drapé d'un rideau. Le Mordor dans l'image sombre et cauchemardesque du no man's land des tranchées. En ça, j'ai trouvé que le film avait fait un travail magnifique. 

Je méconnaissais l'excellence de l'auteur et sa passion pour les langues. Je savais qu'il avait inventé la langue elfique, aujourd'hui encore étudiée à l'université, sur la base très pointue d'un mélange de langues slaves, mais je ne savais pas qu'il était philologue et professeur de littérature à Oxford. En fait, j'ignorais que Tolkien était une tronche.  

J'ai aimé la teneur de son histoire d'amour avec Edith Bratt, romanesque et romantique à souhait. J'ai trouvé que Lily Collins avait réussi à incarner une femme intéressante, forte et autonome, assez incandescente à sa façon. 

Comme à chaque fois qu'il est question de la première guerre mondiale, j'ai été très touchée par les passages tournés dans les tranchées. Je l'imagine, cette bataille de la Somme, le nombre de vies qu'elle a couté, les esprits brillants qui s'y sont cottoyés. Le nombre de vies qu'elle a brisé, par la mort ou par l'obligation de continuer à vivre après avoir vu ça. J'aime particulièrement cette génération sacrifiée, soufflée par la guerre, sur laquelle je pose un des regards les plus doux compte tenu de cette injustice de l'histoire et de la malchance qu'ils ont eu d'y être né.  

Clairement, le film s'attarde sur les influences, la jeunesse de Tolkien, en laquelle recèle tous les éléments qui lui feront donner naissance au Seigneur des Anneaux. Pas de référence claire et nette, il y a même de grandes chances pour que les spectateurs regardant le film sans connaitre Tolkien ne fassent pas le rapprochement avec Le seigneur des Anneaux, qui n'est pas mentionné une seule fois. Le film se clôt avec la première phrase que se met à écrire l'auteur, créant ainsi le début de son oeuvre mythe : "Dans un trou, vivait un hobbit." Emotion.


Tolkien, biopic aux sources d'une oeuvre mythique lafianceedelarbre
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Personnellement, j'ai beaucoup aimé ce biopic. Outre ma grande admiration pour l'oeuvre de Tolkien, j'ai beaucoup aimé sa personnalité timide et réservée, et à la fois capable de faire preuve d'audace lorsque c'est nécessaire. Les grands angles du film m'ont clairement fait rêver. Certes, ce n'était pas très dur de me conquérir à l'appui de l'esthétique des années 1900, des paysages ruraux et des salons de thé anglais, des murs d'Oxford et d'une amitié juvénile sous forme de cercle littéraire. Mais quand même, ce fut fait avec soin.

J'ai aimé les thèmes abordés. L'amitié, la force de l'art, l'éloge de l'excellence, la quête du savoir, le chemin vers la réussite sociale, le leg après la mort...

L'esthétique, très soignée parvient habilement à faire se dessiner les contours des inspirations du Seigneur des anneaux. En définitive, le film parle énormément du processus créatif et s'applique à le faire comprendre par l'image, ce que j'ai tout bonnement adoré. Par ci par là, on glane quelques éléments, et on comprend pourquoi, comment, sur la base de quoi, Tolkien a pu donner vie à son immense fresque littéraire. D'ailleurs, j'ai été soufflée de savoir que le pitch du Seigneur des anneaux s'inspire directement d'un opéra de Wagner !

Au niveau des acteurs, le casting so british fait très très bien le job et parvient à nous emporter loin de notre canapé. J'ai trouvé beaucoup de sensibilité à tous les niveaux dans ce biopic, là où je ne m'attendais absolument pas à en trouver. Bref, Tolkien est finalement un film qui s'adresse autant aux fans qu'aux néophytes et même à ceux qui méconnaissent totalement son oeuvre.  

J'ai désormais très envie de me replonger dans les trilogies ciné du Seigneur des anneaux, phénomène de mon adolescence et du Hobbit, ces films culte qui font du bien, qui emportent, qu'on prend tellement plaisir à revoir et re-revoir à Noël.

Je dirais même que tout ça m'a donné très envie de lire les mots de Tolkien dans sa nouvelle traduction, réputée pour être bien moins indigeste que celle des années 70, qui clairement, m'avait fait reculer devant la lourdeur des mots : sur les trois romans du Seigneur des anneaux, je n'en avais lu qu'un, que j'avais détesté et qui m'avait franchement assommée. Il est donc grand temps de réparer ce tort !