A la période des fêtes succède toujours cet entre-deux, ces jours, semaines dans mon cas, où j'aime à plonger en moi-même, faire le point sur le passé, le présent, le futur.
Décembre vit son dernier jour, l'heure est au bilan. Je ne me sens pas très à l'aise avec cet exercice, cette fois-ci, question d'amertume. Car je conscientise le fait de ne pas avoir passé une bonne année 2019. Bien que pour d'autres raisons que les précédentes, ça commence à faire beaucoup d'années d'attentes gâchées et la ritournelle "tu verras l'année prochaine ce sera mieux" m'est désormais insuffisante, n'a plus ce pouvoir de me consoler, enfin plus tellement. Je débute 2020 découragée, car 2019 m'a retiré quelque chose de précieux, la dose naturellement élevée de mon espérance.
J'ai accusé un sérieux retour de mes problèmes de santé (qui n'étaient pas vraiment partis, mais bon ça s'en va et ça revient... comme dirait l'autre), par tranches de quelques semaines qui m'ont mise à genoux. C'était dur à vivre, dur à avaler, ce brusque changement de mes physionomies physiques et mentales, brisant mes élans, me rendant incapable. Incapable de tout, capable de rien, épuisée tout le temps, coincée dans le canapé, entre la frustration et le profond sentiment de tristesse. Pas de continuité des choses cette année. Dispersion de tes heures, journées, semaines.
J'ai essayé de m'astreindre, de tester, de me faxer dans l'auto-discipline, ma nemesis de toujours. A coup de ruses et au fil du temps, ma persévérance a finit par payer et j'ai entrevu qu'elle et moi, on allait pouvoir de temps en temps cohabiter, ce qui m'a follement enthousiasmée.
En 2019, je me suis dit que c'était peut être ça, le sens de mon algodystrophie. Reste chez toi, développe ce qu'il faut pour avancer, apprends par toi-même dans les disciplines qui te passionnent, la vie t'offre ce temps, mets-le à profit.
J'ai essayé de me le dire, très sincèrement. Mais rien, rien ne pouvait lutter contre mon tempérament sauvagement libre, inapte à accepter ce discours. Celui qui m'enfermera n'est pas encore né.
C'est pourtant plus ou moins ce qui s'est passé. Je me suis coupée, plus ou moins volontairement, du contact humain. Je me suis prostrée en moi-même, et j'ai cotoyé de près la peur, celle que tout s'arrête et que tout meure. Je l'ai vécue dans mon coeur et l'ai portée dans mon ventre, de nombreuses heures, jours, semaines. Je me suis sentie faible et sans importance, prisonnière comme jamais, de lui, de moi, de nous, des autres. Pilule inavalable, montée de l'insupportable.
Heureusement, de belles choses sont venues ensoleiller ces moments difficiles. Des voyages, meilleurs remèdes contre tout. Voyages qui guérissent, enhardissent, élargissent, soulagent, aussi. En 2019, j'ai de nombreuses fois foulé les pavés de Paris, ma ville lumière, ma grande consolatrice, ma beauté d'atmosphère. Je suis aussi partie à la découverte d'un coin de France que je méconnaissais, Bordeaux et sa côte aquitaine. Immense coup de coeur pour cet art de vivre, j'y reviendrai. Au hasard des prix, je suis aussi partie à la découverte de l'Allemagne peu touristique, dans un road-trip mi-ville mi-campagne, aux portes de la forêt noire : instants de grâce. Parce qu'elle me manquait trop, je suis allée rejoindre ma copine à New York, petite plongée de deux semaines dans sa nouvelle vie d'expat en Amérique, édifiant de différence et d'idées reçues. Et pour mieux célébrer la plus belle fête de l'hiver, j'ai prix mon billet pour Londres, gouté à la magie de Noël entre les murs enchanteurs de la capitale anglaise : une volupté.
Cette année, je me suis beaucoup plus tournée vers la créativité. Ce fut difficile. Il a fallu l'affronter à bras le corps. S'y accrocher comme un forcené. Mais j'en avais besoin. Affreusement besoin. Vivre sans elle m'avait tant manqué. Et à force d'écouter des podcasts, de voir des ted talk, de lire des choses sur la créativité, bref, de me connecter à elle, de prendre le risque de taper à sa porte, elle a finit par m'ouvrir, la créativité.
Cette année je pense avoir compris quelque chose d'important.
Ça ne vient qu'en faisant. La créativité, ça s'appelle.
Je me suis rendue compte qu'il s'agit d'un état d'esprit, tout simplement. Etat d'esprit que j'ai toujours possédé, mais qui s'était noyé dans une torrent de peurs qui me semblaient infranchissable. J'avais besoin de me reconnecter à quelque chose, je ne sais pas précisément quoi. Mais je sais que j'ai réussi à l'être, et que je ne lâcherai plus ce canal, dont je pense avoir compris les mécanismes cette année.
La difficulté, c'est d'accepter la petitesse, le ridicule des choses comparé à ce qu'on a en tête, de ce que crient nos besoin. D'avaler le constat dépitant, le fossé entre ce qu'il y avait dans sa propre tête, et ce qui a été rendu sur support. Mais petit à petit, l'oiseau fait son nid comme on dit, et les choses deviennent de moins en moins petites, de moins en moins ridicules. Elles s'étoffent, viennent plus facilement, l'effort pour les générer s'amenuise, ce qui encourage. Encourage à en faire plus. Instaure une habitude de faire, repousse un peu la peur, fait gagner en audace. Et peu à peu, voilà que solidement, la tête se redresse, la confiance étreint, l'étincelle guide et le projet prend naissance sur le papier. En 2019 j'ai l'impression d'avoir fait tomber la première barrière de mes peurs en osant glisser ma main dans celle de la créativité.
D'ailleurs, la voilà qui revient doucement dans ma vie. Je suis traversée par des éclairs d'idées, certains plus foudroyants que d'autres, à nouveau comme je l'étais avant mon grand blocage créatif. En 2020, je compte bien surfer dessus, m'y engouffrer comme le vent dans l'entrebaîllement d'une porte.
Je ne sais pas de quoi tu seras faite, 2020. J'ignore ce que tu me réserves, et peut-être mes pires peurs se réaliseront sous ton règne. Mais quoi qu'il arrive, déséquilibrée ou pas, je sais que je continuerai l'ascension de cette montagne, celle de la créativité. Tu vois, j'ai repris espoir en pensant à toi. Tant que tu chemines avec moi, tout ira bien, car tu es l'antidote à tous les maux terrestres.
La voici donc, cette plongée très intime dans ma tyrannique et épuisante année 2019. Avec ses joies, ses beautés, ses découvertes, ses accomplissements, ses envies et ses ambiances couleurs. Tour d'horizon de mon année 2019. En images, pour le plaisir des yeux, et celui du souvenir.
La voici donc, cette plongée très intime dans ma tyrannique et épuisante année 2019. Avec ses joies, ses beautés, ses découvertes, ses accomplissements, ses envies et ses ambiances couleurs. Tour d'horizon de mon année 2019. En images, pour le plaisir des yeux, et celui du souvenir.
Encore une fois, j'aime assez les ressors de cet exercice, que j'hésite toujours à publier, le trouvant tout de même particulièrement (trop ?) intime. Il me prouve encore et toujours le poids démesuré du pouvoir de l'image. Un peu comme si la mémoire faisait le tri par l'image, choisissait de ne se rappeler que des moments immortalisés en numérique. Or, cette année 2019, ce fut bien plus que toutes ces images là. Entre celles passées sous silence, les moment forts et importants qui n'ont pas été photographiés, la mémoire peut-elle vraiment se fier à ces tours d'horizon généralistes ? Bien sûr que non. Toujours est-il que le tableau qu'elle brosse, une réalité incomplète mais une réalité tout de même, offre à voir un panel tout de même assez représentatif de cette année 2019.
Merci pour tes enseignements, 2019. Je te clos ici et commence sereinement la prochaine décennie.
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