Les souffrances du jeune Werther ◆ goethe

20 mars 2016



Je m'étais dit que j'avais envie de lire du Goethe. 
Et que parmis ses tires, après Faust, celui qui me faisait le plus d'écho, c'était Les Souffrances du Jeune Werther.




Le pitch : Werther, jeune peintre issu d'une famille aisée, quitte le cocon familial à la recherche d'une indépendance de vie qui l'amènera à croiser la route de Charlotte, dont il sera subjugué. Charlotte est pourtant promise à un autre. Le sachant, Werther ne pourra réfréner les émois de cette passion amoureuse qui le conduira sur le chemin de 1000 souffrances. 



Les thèmes : 
 ◆ passion amoureuse  abnégation ◆ suicide  exaltation 
 drame  amour impossible  romantisme   


Dénué de son contexte historique, Werther a de grandes chances d'évoquer le vieux récit poussiéreux d'une époque corsetée par une morale aujourd'hui jugée absurde.

Pour nous, ce roman peut paraitre plutôt basique.

Pour l'Europe du 18ème, c'était un coup de canon qui retentissait sur la culture comme sur les moeurs.



Pourquoi Werther a marqué la littérature européenne ? 


L'oeuvre de Goethe est d'abord interdite, jugée immorale car faisant l'apologie du suicide. En vain.
Werther rencontre rapidement un gros succès en Allemagne, où la littérature en langue allemande était inexistante et se propage à travers l'Europe.

L'engouement est spectaculaire. On s'habille à la Werther, on se parfume à la fragrance Werther, on estampille des éventails, tabatières des porcelaines chinoises de motifs à la Werther. On crée même un feu d'artifice Werther.

Napoléon avoue l'avoir lu et relu et re-relu même lorsqu'il était sur les champs de bataille, en campagne d'Egypte.

Werther inspirera Chateaubriand, Musset, Stendhal, Hugo, Lamartine et Geoges Sand, pour ne citer qu'eux.

Mais Werther inspirera aussi une vague de suicide sans précédant.
On se suicide à la Werther : Avec un exemplaire de Werther dans la poche. Des jeunes gens, pour la plupart.

Werther aura donc causé plus de suicides que la plus belle femme du monde (d'après Mme de Staël).

On se doute que c'est l'une des première fois en littérature où le sentiment, opposé à la raison, faute d'être décrié est plutôt encouragé.
En deux mots, Werther préfigure le Romantisme.



Pourquoi Werther a peu de chance de te marquer à toi petit petit lecteur du XXIème siècle ? 


Parce que... le personnage... 

Werther est une caricature pour notre époque sans doute un peu plus dure et plus abreuvée des épreuves amoureuses telles que le décrit Goethe.

Ses comportements sont aux antipodes de ce qui actuellement compose notre vision de la dignité.
Il pleure très souvent, et semble s'enorgueillir de l'arrivée de ses larmes.
Il a souvent pour habitude de se jeter aux pieds de son prochain.
Il explique qu'il embrasse tout ce qui a touché les mains de Charlotte avant de se coucher.
Il se lamente dans des lettres.
A la première excuse, il fléchit. Il était venu pour peindre. Il ne peint pas. Il se fait embaucher à l'ambassade. Il démissionne à la première difficulté.

A la lecture de la lettre d'adieu adressée à Charlotte, difficile de ne pas (sou)rire.
Le lecteur du 18ème a sans doute pleuré en la lisant. Le lecteur du 21ème jugera sans doute que Werther se tourne en ridicule tout seul.

Bref, là où ses contemporains voyaient un personnage grandiose, nous, on voit un petit mec frappé par un OI (une obsession amoureuse), comme la plupart d'entre nous l'ont déjà vécu dans la douleur.

Oui on le sait, que c'est très dur. Que ça prendra du temps. Que ça ne te laissera que des cicatrices. Mais mec accroche-toi, serre les dents, sors voir tes potes, rencontre des gens, va en boite danser dans les bals, et surtout ne va pas te balader tout seul dans la montagne, histoire de baigner encore plus dans ton jus.

Oui on a tous tendance à se complaire dans la souffrance. Oui d'une certaine façon on a tous adoré ça, souffrir pour l'être aimé et croire ainsi au maximum écrémer la pureté de son amour.
Puis on s'est tous rendu compte qu'on avait tort et que c'était très con.

Mais pas Werther. On finit par comprendre qu'il ne s'en sortira pas.

J'ai tout de même aimé le fond de cette relation entre deux eaux, sa façon de se construire et de se pérenniser dans le temps. J'ai aimé ce coté flottant, un peu bâtard, où Werther est considéré pratiquement comme un membre de la famille.
J'ai aimé ce triangle amoureux, complexe entre Werther, Charlotte et Albert. La situation non-binaire créee par la finesse d'esprit de Werther et d'Albert de se prêter des qualités l'un à l'autre.
J'ai aimé le sursaut de conscience de Charlotte, ses tourments à elle, dont il n'est aucunement question dans ce roman centré sur le malheur de Werther, qu'elle cache avec habileté.

La forme 

Au début je n'ai pas été séduite par la forme roman épistolaire à sens unique (c'est à dire qu'on ne lit jamais les réponses qui sont faites à ses lettres). Puis au bout de quelques pages je m'y suis habituée. A dire vrai, l'épistolaire ça peut aussi être plutôt chouette, quand c'est bien mené.

Cependant, ce qui m'a chagriné, c'est l'emploi d'une seule lettre majuscule (N...) pour désigner un nom comme un lieu, une tendance qui m'a toujours irritée dans la littérature.

Le style

Non Charlotte, je ne vous reverrai plus. 
Ô Charlotte ! 
Adieu, Charlotte ! Adieu !

Bon...


Goethe finira par détester son Werther


Ecrit à 25 ans, alors qu'il est un jeune avocat, Goethe s'inspire dans ses pages d'une passion qu'il eut connut pour une certaine Charlotte et du triste sort d'une de ses connaissances qui met fin à ses jours à cause de ses amours contrariées. Il s'enferme et écrit son roman en quatre semaines seulement.
D'abord publié anonymement, le public apprend vite le nom de Goethe.
Et la fièvre wertherienne est telle que des décennies plus tard, on le cantonne encore à l'oeuvre de sa jeunesse, ce qui a le don d'exaspérer ce pauvre Goethe qui déclarera, écoeuré :

"Que des fois j'ai maudit les pages insensées
Que par le monde envoya ma juvénile douleur !
Werther aurait été mon frère et je l'aurais tué
Que ne me persécuterait pas davantage son spectre vengeur."

Ambiance.



J'avoue que même si l'intrigue a su me captiver, j'avais plutôt envie que le livre se termine vite pour pouvoir passer à la lecture d'un autre roman.

Sache que si en ce moment tu es en proie à une situation miroir de souffrance amoureuse, la lecture de Les souffrances du jeune Werther aura certainement peu de chances de t'aider.

Verdict : Difficile de faire abstraction du caractère désuet du contexte socio-culturel très présent dans l'écriture de l'oeuvre. Mais si tu y parviens, il y a de grande chances que tu puisses reconnaitre en Werther le chef d'oeuvre de littérature dont il mérite le titre.

Pour ma part, je n'ai que moyennement apprécié. L'édition folio classique vaut tout de même le détour ne serait-ce que pour la préface de Pierre Bertaux qui arrive en quelques mots à te faire comprendre pourquoi tu as lu une oeuvre importante de la littérature européenne.

1 commentaire

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