Sneak peek au Tate Britain

26 déc. 2016




Tate Britain Londres Constable Exposition lafianceedelarbre



Pied inapte ou pas, il n'était pas question de rentrer en France sans avoir foulé les dalles d'un musée de la capitale. Le mieux c'était d'en choisir un petit, pour ne pas risquer de se défoncer inutilement.

La Saatchi gallery étant fermée les quelques jours de mon séjour pour décrochage d'exposition, je ne savais pas où me rabattre pour me procurer ma dose d'art avec un grand A.

Le Tate, l'immense Tate Modern qui demande de bien trop marcher, je connaissais, depuis des années. Et j'étais persuadée d'avoir déjà visité le Tate Britain, à l'adolescence.

Motivée par sa gratuité, j'avais envie de revoir Ophelia, de John Everett Millais, un de mes tableaux préférés de tous les temps, au point qu'il orne l'écran de mon iphone depuis une bonne petite année.



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Le Tate Britain



Le Tate Britain est un musée d'art exclusivement britannique qui couvre 500 ans de production artistique anglaise, de la renaissance à nos jours.

Installé dans les murs d'une ancienne prison (classes, les prisons anglaises !) sur les rives de la Tamise, à Millbank, entre Westminster et Pimlico, le musée propose plusieurs niveaux d'expositions.

Deux ailes sont réservées à des expositions temporaires. Une rétrospective sur l'oeuvre de Paul Nash, peintre surréaliste de paysages anglais et les Turner Prize 2016, le travail de quatre artistes finalistes pour décrocher le prix 2016.

Le reste des salles, c'est l'exposition permanente. Des artistes classiques comme Van Dyck, Hogarth, Gainsborough, Constable, mais aussi des plus récents comme Francis Bacon et David Hockney.
Et bien sûr et surtout, celui qu'on ne présente plus... Turner. Une aile entière y est consacrée, considérée comme le plus gros rassemblement d'oeuvres du peintre au monde.

La permanente est gratuite, les temporaires sont payantes.

Il n'y a pas grand monde en semaine. Moins connu que ses homologues National GalleryBritish Museum et Tate Modernle Tate Britain est un musée paisible où tout est fait pour passer un moment agréable.




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Sneak Peek de la Permanente



Sneak Peek parce qu'il n'était pas réaliste de prétendre pouvoir se faire tout le musée avec une algodystrophie de la cheville droite. J'ai déambulé dans une petite partie de la permanente, celle qui s'est engagée sous mes pas.

Je me suis attardée sur la première salle, celle dédiée au 16ème siècle. Ce sont de nombreux portraits de femmes à collerettes sur fond noir, façon règne tudor "Mary Stuart queen of Scots", certains étonnamment graphiques comme The Cholmondeley Ladies. Tous anonymes, seulement estampillés "école anglaise du 16ème siècle".
Parmis celles qui m'ont frappé la rétine : A young lady aged 21.
Pas forcément amatrice de cette période historique, j'ai été fascinée par le petit quelque chose de peinture flamande qui se dégageait de cette salle. Surement pour l'omniprésence du noir, et du contraste qu'il offre sur la lumière des visages. Les personnages sont un peu figés, graphiques. Leurs parures regorgent de détails précieux, magnifiques. J'y ai retrouvé des accents de la Gemäldegalerie berlinoise que j'avais juste adoré.

J'ai passé les allées du 17ème. C'est fou ce que l'époque perruque et frousfrous me laisse indifférente. Pareil pour le 18ème. Cuirassiers, canons et baillonettes sur grandes scènes de guerre, ça n'a jamais été ma came.

Et puis, au bout de quelques salles, mon bien aimé 19ème siècle. 

D'abord John Constable. 
Avec Ruins of Hadleigh Castle.
Constable, c'était le grand rival de Turner, celui qui perdait toujours face à lui. Le moins talentueux des deux. Ça aurait rendu malade n'importe qui, de toujours se faire dépasser par un gros porc misanthrope. Si Turner s'inscrit dans l'histoire de l'art en tant que grand maître et peintre majeur, charnière et fondateur de l'impressionnisme, Constable garde sa renommée globalement entre les frontières de la Grande Bretagne et se cantonne au mouvement romantique, bien que certains de ses ciels annonçaient peut être un une pointe d'impressionnisme. 


Puis John Singer Sargent. 
Avec Le portrait de Madame X. 
Une huile inachevée, d'une sensualité folle, un joli travail des mains, un air guindé, un nez hautain, une robe à tomber.

Et Carnation, Lily, Lily, Rose.
Un tableau printanier, magnifique, calme et paisible, décliné sur tous supports à la boutique du Musée, très apprécié des japonais d'après leurs achats également.

J'ai regretté de ne pas avoir (re)vu le magnifique Ellen Terry as Lady Macbeth, sans doute prêté quelque part, qu'on avait eu la chance de voir débarquer à Marseille en 2010 lors de l'exposition De la scène au tableau au Musée Cantini. { Mais si, souviens-toi. La fameuse exposition avec des tableaux connus prêtés par les musées de toute l'Europe qui avait tant fait parler d'elle parce qu'un con de marseillais avait eu la bonne idée de voler un Degas. Pour une fois qu'on faisait confiance à Marseille et qu'on lui envoyait de vrais tableaux dignes de ce nom... }

Mais surtout, surtout, l'immanquable.
La salle des pré-raphaélites. 
Un de mes mouvements artistiques préférés.
Court, peu connu et so british. D'une finesse et d'une élégance rare. Luminosité, féminité, volupté.

Et la voici, la voilà.
Avec John Everett Millais. 
Ophelia.

J'ai pu l'admirer pour ce que j'ai identifié être la première fois : tête de conne, tu n'étais jamais allée au Tate Britain.
J'ai ressenti beaucoup de plénitude, même si le moment m'a paru entravé.
Ophélia n'est pas si grande, et ces arcs déstabilisent : à quoi servent-ils ? Pourquoi ne pas avoir tout simplement conservé le format traditionnel rectangulaire ?
Les nombreux tableaux accrochés tout autour perturbent la lisibilité de la toile. On ne se sent pas en tête à tête avec Ophelia. Ce n'est pas intimiste. J'ai regretté cet aspect.
Les couleurs, l'élégance, la posture sont pourtant magnifiques. On a envie de terriblement s'approcher. On voit pourtant mieux sur internet, en 7000 x 7000 px la flopée de détails brodant la perfection de ce tableau.


Puis Dante Gabriel Rossetti.
Avec Beata Beatrix.
Une autre figure de proue du mouvement préraphaélite. Le modèle, c'est la même femme qu'Ophelia. Elizabeth Siddal, le modèle préféré des préraphaélites, peintre elle aussi.
Ce sont les couleurs qui fascinent. Ce vert caractéristique et cette sensation de transe spirituelle dans le coucher du soleil.

Beaucoup d'autres toiles preraphaelites arpentent les murs de la Tate Britain, comme Lady Lillith, Proserpine, The bride, La Ghirlandata, de Rosseti également.


Les autres découvertes sur lesquelles je ne m'attarderai pas sont pourtant nombreuses. Il y a tant de tableaux qui se côtoient les uns les autres dans ces pièces tapissées jusqu'au plafond de cadres, pour la plus grande injustice des choses : ce sont évidemment ceux à hauteur des yeux qui captent l'attention du public. Les autres sont en quelques sortes condamnés à reposer dans l'indifférence, en simple parure de catalogue.

J'ai beaucoup regretté de ne pas avoir eu la force de marcher jusqu'aux Turner, que j'aurais adoré admirer. L'exposition aixoise de l'été Turner et la couleur dont je parlais ici m'avait mis l'eau à la bouche.


Bonus




  • A savoir : A deux pas du Tate Britain, Millbank Pier : le quai pour prendre le bateau vers Canary Wharf. Attention la station n'est pas une emblématique, donc pas souvent desservie, et pas directe pour Canary Wharf.
  • Et sinon :  un beau site référence que j‘ai découvert via une de mes publications instagram : londonartfile, what's on, what's new and what's happening at London's museums and galleries. Répertorie tout ce qui se passe artistiquement dans la capitale anglaise, même dans les petites galeries et les quartiers périphériques.
  • Une liste exhaustive de tous les tableaux préraphaélites : ici
  • Le tableau pinterest inspiration "pre raphaelism" de Louise Pandora : ici & une foison d'autres tableaux pinterest : ici



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Tate Britain
Millbank, Westminster, London SW1P 4RG (Métro Pimcilo/Vauxhall/Westminster
http://www.tate.org.uk/visit/tate-britain/
Tous les jours 10h-18h 
Expo permanente gratuite.


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