{ coup de coeur } Ocean Mer ◆ Alessandro Baricco

22 mars 2017




Ocean Mer  Alessandro Baricco


Ocean Mer, c'était encore un roman proposé par le club de lecture MS, toujours la sélection de Mars ayant pour thème la mer. Si le pitch m'avait tenté, je me suis surtout décidée à le lire en raison des nombreux avis élogieux à son sujet. Et qu'ils avaient raison, ces internautes. Immense coup de coeur pour Ocean Mer.




Le pitch : A la pension Almayer, au bord de l'océan, dans un entre deux brumeux proche du monde onirique, on tape à la porte pour venir se réfugier. Se réfugier de la vie. Dans ses sept chambres, ce sont sept personnages, sept naufragés venus soigner leurs maux pour quelques temps, sous les yeux de la mer. La mer qui guérit. Mais l'autre, aussi. Celle qui tue. Et puis l'autre encore. Celle qui n'y peux rien.  


Les thèmes : 
 ◆ la mer ◆ la philosophie ◆ le doute ◆ 
  la dérive  la perte  la vengeance  l'erreur





Qualifier Ocean Mer n'est pas chose facile.
Avec ce roman, ça part dans tous les sens. Clairement. Tout est multiple au fil des pages.

J'ai eu bien du mal à rentrer dans cette lecture. Les premières pages, je les ai relues plusieurs fois. Parce qu'elles m'échappaient, je ne les comprenais pas. Trop décousues.

Et puis, au détour de la trentième ou quelque chose du genre, l'intrigue a commencé à piquer ma curiosité.

Le roman est divisé en trois parties. Dans la première, on rencontre les personnages et la pension Almayer. Dans la seconde, c'est l'histoire des personnages qui nous est révélée. Dans la dernière, c'est le dénouement de chacun d'entre eux qui est traité.

L'écriture n'est pas la même le long des 274 pages. Son format diffère en fonction des chapitres. Ses points de vues aussi. Tantot à la première, puis à la troisième personne. 

On ne se saisit pas réellement de ce roman.
C'est souvent difficile à suivre. Parfois, ça devient loufoque. C'est toujours un peu aérien. A la fois dans le temps et hors du temps, à la fois dans le lieu et hors du lieu.
Il émane de ce roman un aspect très insaisissable, en définitive, qui lui donne beaucoup de charme.

J'ai aimé la galerie de ses personnages. 
Elisewin, qui va voir la mer pour ne pas mourir. 
Bartleboom, le scientifique insensé, le personnage qui m'a le plus touché. Plasson, le peintre qui essayait de saisir l'insaisissable. Le père Pluche, qui écrit un recueil de prières qui n'en sont pas. Et Adams, l'étrange homme à la vengeance dans la peau.  

J'ai aimé la poésie des pages du roman. Ces enfants étranges tous baptisés en D. Cette mer et ses reflets. L'histoire des personnages, racontée à la façon d'un conte, comme au temps jadis. 

J'ai aimé la teneur des situations. J'ai été happée par l'histoire d'Adams et de Savigny, qui m'a tenue en haleine. J'ai été frappée par le dénouement de l'histoire de Bartleboom, qui m'a fait rire aux éclats (dans un café où tous les gens se sont retournés) et m'a laissé ce gout amer de tristesse inévitable. 

J'ai aimé cet amour de la mer, presque viscéral, qui se sent dans chacune des pages. La mer vibrante et ondulante, à jamais belle et insaisissable. 

Mais plus que tout, ce sont les mots de Baricco qui m'ont subjuguée. 
La maîtrise de la langue, la fluidité des phrases, la profondeur des réflexions. Je suis restée bouche bée, écrasée par le talent de l'auteur. Sa plume, extrêmement riche dans son vocabulaire, son style et sa syntaxe a su me faire voyager. Dans l'espace et le temps.



A L E S S A N D R O   B A R I C C O 


Alessandro Baricco, petit turinois de 59 ans, entre les deux pieds joints dans le monde artistique dès le début de sa vie en optant pour des études de philosophie et de musique, suite auxquelles il se forge une carrière orientée vers les médias en devenant rédacteur pour une agence de pub puis journaliste et critique de magazines. 
A 33 ans, il publie son premier roman Châteaux de la colère, pour lequel il obtient, en France, le Prix Médicis étranger en 1995. S'ensuivront des succès littéraire couronnés d'autres prix tels Oceans Mer (1994) et Soie (1996). 

Baricco, dont la notoriété n'est désormais plus à faire, fonde une école d'écriture, la Scuela Holden et multiplie les performances et les expériences où il lit ses textes accompagnés de musiciens tels que le groupe Air ou s'essaye à passer derrière la caméra en tant que réalisateur de films. 

On dit qu'il aurait décliné la proposition du gouvernement l'exhortant à devenir Ministre de la Culture en Italie. Il réside aujourd'hui à Rome, avec sa femme et ses deux enfants. 

Traduit en de nombreuses langues, il est aujourd'hui considéré comme un des géants de la littérature contemporaine italienne. 




Une pure merveille. Une superbe lecture très littéraire. J'ai adoré son sujet tout comme son traité. Les mots de l'auteur m'ont portée très loin. Si je me suis délectée de ces pages, il faut tout de même souligner que quelque chose d'étrange et d'insaisissable émane de ce roman. Un peu comme la mer, qui fascine autant qu'elle chamboule. 
Bref, à lire absolument.

Le plus non négligeable : savourer les pages de ce roman sur une terrasse de café en Italie, au bord de la mer en été.


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