Récemment déçue de mes aventures audiovisuelles - l'ennuyeux Pentagon Paper, l'epic fail La forme de l'eau, le somnolent Le jour de mon retour, le trop américanisant Un raccourci dans le temps - j'ai abordé Call me by your name avec les attentes d'une déçue du cinema qui se raccrochait aux éloges de la critique presse, assez unanimes, pour redorer le blason du 7ème art.
Call me by your name c'est cette histoire un peu banale d'un premier amour d'adolescence, à ceci près que l'idylle en question est une passion entre deux hommes qui n'ont pas le même âge. Et comme souvent, ce n'est pas le quoi ? mais le comment ? qui compte.
Le pitch : Elio, petit ado de 17 ans en vacances dans la luxueuse villa familiale passe l'été en Italie, comme il le fait tous les ans depuis l'acquisition par ses parents de cette magnifique demeure. Esthète, à l'image de sa famille très cultivée, et bien qu'il ne laisse pas les filles indifférentes, il préfère se réfugier dans sa nonchalance et ses livres, pour mieux éviter d'être confronté aux sujets qui comptent : l'amour, le désir et le rapport aux autres. Aussi, Elio ne voit pas d'un très bon oeil l'arrivée d'Oliver, étudiant américain dont son père dirige le doctorat, venu perturber l'équilibre de son microcosme doré.
J'ai vraiment, vraiment, vraiment adoré ce film. Malgré des conditions de visionnage déplorables. Dans une toute petite salle au premier rang, avec l'impression que mes yeux allaient jaillir hors de leurs orbites pour protester de la maltraitance occasionnée.
Avec Call me by your name, on plonge direct dans une atmosphère toute particulière. C'est autour de cette maison, de ce décor italien, de cette ambiance de vacances que s'écoule le temps d'un été, cet amour de jeunesse. Le cadre a son importance. Sous la chaleur écrasante du mois d'aôut, alors que les corps se dénudent pour échapper aux températures, nait l'érotisme d'une première fois.
Le film jongle entre trois langues. Anglais, français, italien. J'ai trouvé ce détail particulièrement grisant. Passer d'une langue à l'autre confère encore plus de puissance à cette histoire aux influences multiples. La famille Perlman, très cultivée, cumule les références pointues de savoir antique, d'étymologie et de poésie. Le père, éminent professeur spécialiste de la culture greco-romaine, la mère, traductrice, passionnée de littérature allemande, le fils, épris de lecture et de musique. Trois figures raffinées autour desquelles gravitent toutes formes des gens, des plus humbles (Mafalda et Anchise), aux plus moyens (Marzia, Chiara) juqu'aux plus racés (Oliver).
Elio, la nonchalance de l'adolescence vissée dans les gestes, plisse les yeux à l'arrivée d'Oliver. Le thésard américain, bâti comme un bodybuilder, rayonne de confiance en lui, sans gêne avec ses manières cavalières ("later !"). Tout de suite exaspérant, peut être un peu trop mâle alpha ou simplement trop américain, il reste le genre d'homme rayonnant qu'on ne peut que jalouser.
A l'antipathie directe succède l'éveil d'un intérêt particulier. Oliver, avec ses chemises à manches courtes et ses danses en baskets blanches, a quelque chose de magnétique. Dans les pas d'Elio, on passe de l'agacement à la fascination, pour finalement virer à l'obsession. Et on assiste, comme si l'on y était, à la montée du désir et au torrent d'émotions contradictoires qu'elles libèrent chez l'adolescent.
Les personnages sont passionnants.
A cheval entre trois langages, capables de passer de l'un à l'autre, ils nous immergent d'autant plus dans ce merveilleux été au charme intemporel.
J'ai beaucoup aimé les parents d'Elio. Leur ouverture d'esprit, leur bienveillance, leur aide. Leur vision du monde, leur façon de laisser leur fils faire ses propres expériences, tant en silence qu'en confiance, sans le moindre jugement. En atteste le magnifique speech du père à son fils au coeur brisé.
Très sensorielle, la caméra barde de détails les yeux du spectateur. Les balades à vélo, les baignades dans la piscine, le crissement des grillons, les flirts au bord du lac, le gout sucré des pêches, l'agencement des chambres, l'une à côté de l'autre, les diners d'été sous les arbres fruitiers.
La mise en scène est atrocement habile. Les effets de cadrage, comme la longueur du plan où le train emporte Oliver, ou le fouillis des maillots de bain en train de sécher, mettent l'esthétique au service du sens. Les plans qui se succèdent, parfois nerveux, donnent chair à l'histoire, qu'on a parfois l'impression de vivre aux côtés d'Elio.
Luca Guadagnino, le réalisateur, brille de talent dans sa façon de capturer l'Italie, avec ses petites ruelles, ses excès de mots, ses tons de parole, sa flore et son soleil méditerranéen. On a tout de suite envie de sauter dans un avion direction la Lombardie. Ce cadre, aussi magnifique que nostalgique, ré-hausse à lui tout seul le propos du film, prenant parfois le pas sur la romance entre ses personnages.
Mais ce qui fait de ce film un événement marquant, du genre auquel on repense, encore et encore pendant des jours, c'est bel et bien la prestance des comédiens.
Dans Call me by your name, tout repose sur l'impressionnant jeu d'acteur de Timothée Chalamet. Nouvelle coqueluche d'Holywood (titre amplement mérité), sa façon de se tenir, d'hésiter, sa maladresse adolescente, son charisme naturel, rendent le personnage d'Elio tellement inoubliable. Entre fragilité, force, courage et hésitations, impossible de ne pas complètement s'identifier à son personnage et à sa vulnérabilité d'apprentissage.
Armie Hammer, très bon dans son rôle hésitant de trouble objet du désir parvient à incarner pleinement ce personnage magnétique.
Amira Casar et Michael Sthulbag, les parents d'Elio, sont aussi remarquables dans leur façon d'habiter leur rôle. Et Esther Garrel, qui joue le rôle de la petite amie au grand coeur d'Elio, a ce petit quelque chose de tellement touchant. Là où tous les autres acteurs sont aussi très bons, inutile de se mentir : c'est Chalamet qui crève l'écran et Chalamet seul qui porte tout sur ses épaules, et pas que pour sa belle gueule, pour son talent.
A toutes ces impressionnantes qualités cinématographiques s'en ajoute une dernière : la musique.
La bande originale est à tomber par terre. Elle nous porte, nous berce, nous cogne, nous entoure et nous bouscule. Composée de titres classiques avec du Bach et du Ravel, elle côtoie également les hits de 80ies et file tout en délicatesse avec les morceaux doux et mélancoliques composés pour l'occasion par Sufjan Stevens.
Les plus belles mélodies : Mystery of love ◆ Une barque sur l'océan ◆ Visions of Gideon ◆ Love my way
Parmi les ( nombreuses ) plus belles scènes du film, on compte :
J'ai tellement, tellement, aimé la scène finale, où face caméra, les joues rougies par le feu de cheminée, Elio pleure sans s'arrêter de longues minutes, tandis que la vie continue en arrière plan. Subtile métaphore du chagrin, le vrai chagrin, celui qui dure des mois. Le chagrin d'un premier amour.
Ce film m'a brûlée. M'a éblouie. M'a attendrie. Délicat, mélancolique et brillant, à la hauteur et plus encore de tout le tapage qui en a été fait. Call me by your name, ne traite pas de l'histoire d'amour de deux hommes, mais de toutes les histoires d'amour en général. Il est aussi brillamment question de la jeunesse, de la maturité, de l'importance du savoir et du soutien familial.
J'ai pour ma part adoré voir se construire cette idylle, lentement, jour après jour, alors qu'elle partait pour être tout autre et que je n'aurais pas misé un centime sur sa naissance.
Tout m'a charmée dans ces 2h15 de pellicule. La mise en scène est virtuose, l'écriture parfaite, les images magnifiques, les acteurs extrêmement talentueux, la musique envoutante. J'ai eu la sensation que ce qui se jouait à l'écran, c'était mon histoire à moi, et pas celle d'Elio et d'Oliver.
Coup de coeur du dernier festival de Sundance, lauréat de l'oscar pour le meilleur scénario adapté, la critique presse et spectateurs partagent cet engouement pour ce film qui entre pour ma part d'emblée dans mon top 5 de tous les temps. Pourvu qu'il se couvre des récompenses les plus prestigieuses lors du prochain festival de Cannes.
Je suivrai désormais avec beaucoup d'intérêt les productions de Luca Guadagnino, de Timothée Chalamet et d'André Aciman, l'écrivain à l'origine de cette troublante histoire.
Bref. Clairement, Call me by your name est LE film de l'année pour moi. A ne rater sous aucun prétexte.
J'ai pour ma part adoré voir se construire cette idylle, lentement, jour après jour, alors qu'elle partait pour être tout autre et que je n'aurais pas misé un centime sur sa naissance.
Tout m'a charmée dans ces 2h15 de pellicule. La mise en scène est virtuose, l'écriture parfaite, les images magnifiques, les acteurs extrêmement talentueux, la musique envoutante. J'ai eu la sensation que ce qui se jouait à l'écran, c'était mon histoire à moi, et pas celle d'Elio et d'Oliver.
Coup de coeur du dernier festival de Sundance, lauréat de l'oscar pour le meilleur scénario adapté, la critique presse et spectateurs partagent cet engouement pour ce film qui entre pour ma part d'emblée dans mon top 5 de tous les temps. Pourvu qu'il se couvre des récompenses les plus prestigieuses lors du prochain festival de Cannes.
Je suivrai désormais avec beaucoup d'intérêt les productions de Luca Guadagnino, de Timothée Chalamet et d'André Aciman, l'écrivain à l'origine de cette troublante histoire.
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