Chaudement recommandé par Finn Wolfhard, petite étoile arty-canadienne montante à Hollywood, on a couru voir Lady Bird, galvanisées par la bande annonce qui nous promettait de marcher dans les pas d'une jeune fille chaotique comme on les affectionne.
Verdict : un peu déçues. On s'attendait à quelque chose de plus décoiffant.
Le pitch : Christine Mcpherson, petite adolescente dans une école catho à Sacramento, a très bien conscience du milieu auquel elle appartient : la classe très moyenne. Alors que ses parents peinent à subsister, Christine, qui insiste pour que tout le monde l'appelle Lady Bird, est bien décidée à vivre sa vie loin des murs réducteurs de Sacramento. Elle rêve d'une vie sur la Côte Ouest, là où se situent l'art et la culture. Le problème ? Elle n'a pas vraiment de talent particulier, n'est pas brillante dans les études et n'a aucun plan concret pour se faire accepter ailleurs que dans l'université du coin.
On a beaucoup ri.
Pour la maladresse de la jeune fille, et ses idées toujours bancales.
Pour les situations dans lesquelles elle se fourre, le ridicule de cette école de bonne soeurs, les réactions des personnages.
Il ne faut pas chercher du sens dans la tête de Lady Bird, car on n'en trouvera pas souvent.
Si ses décisions sont parfois complètement teintées d'absurde (intégrer un tournoi de maths alors qu'elle est complètement nulle en maths), on est restées subjuguées par le tempérament de la jeune fille : quoi qu'il arrive, Lady Bird fonce, elle y va, et elle y va fort. Se cognant partout, à coup de revers de fortune et de manque de jugement, mais ne renonçant jamais, prête à toutes les expérimentations.
On a beaucoup aimé ce courage, cette personnalité excessive.
Si l'on s'est prises d'affection pour ce personnage, très attachant, on a aussi adoré son univers. Sa copine obèse qui craque pour son prof de maths, son pote irlandais dont la grand-mère possède la plus belle maison de la ville, son adorable père, le cynisme de son frère et sa copine, punks-vegans qui ne sourient jamais, le charme fou du chanteur de rock du coin, idéaliste et connard sur les bords.
On a souvent explosé de rire pour ses réparties les plus piquantes ( l'intervention à l'école d'une pro-life, anti-avortement).
Moi j'ai beaucoup froncé les sourcils aussi, à cause des réactions de la mère, graves, et d'un ridicule à pleurer, qui m'ont beaucoup trop rappelé ma relation avec mon père. Je n'ai pas compris ce personnage, d'une rigidité et d'un lunatisme à toute épreuve : "préviens-moi lorsque tu dois utiliser deux serviettes de bain parce que ça change complètement ma journée"... Bref, le genre de femme avec qui il n'est pas facile de grandir.
Film initiatique sur les difficultés de l'entrée dans la vie d'adulte, Lady Bird traite aussi de l'importance des racines et de la difficulté de les quitter. Car si Christine renie ses origines, et même son prénom, à sa façon elle finit aussi par déclarer son amour à Sacramento, qu'elle aime autant qu'elle fuit.
Lady Bird, c'est l'histoire un peu autographique de sa réalisatrice, l'actrice Greta Gerwig, native de Sacramento qui passe cette fois-ci derrière la camera. A l'origine d'un bon choix de casting, son film cumule les récompenses, a déjà gagné deux Golden Globes, celui du meilleur film et de la meilleure actrice, très mérité pour Saoirce Ronan. Lady Bird est actuellement en lice pour 5 oscars.
Nous, on a passé un bon moment. On a adoré le propos, adoré les personnages, l'humour, les situations. Cet aspect amérique profonde très religieuse, avec ses problèmes socio-économiques nous a également plu, le sujet n'étant pas souvent abordé dans nos petites vies de jeunes françaises.
On s'attendait tout de même à autre chose. A une mise en scène moins linéaire, moins posée bout à bout, et à plus de sens. Au final, il y a quelque chose d'un peu brouillon dans Lady Bird, un aspect un peu expérimental qui nous a surprises et un peu déçues.
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