C’est en toute hâte et par un concours de circonstance que
Depardon se retrouve à l’affiche du MUCEM. Initialement prévue pour s’étaler
sur les cinquante ans de son jumelage avec Marseille, l’exposition « Les
chemins d’Odessa » laisse sa place en catastrophe à Depardon, en raison
de la situation politique en Ukraine.
Conçue non pas comme une rétrospective, mais plutôt comme
une balade dans l’univers intime de l’artiste sous le fil conducteur de son
utilisation de la couleur, l’exposition déjà présentée à Paris l’hiver dernier,
fait la part belle aux clichés colorés de Raymond Depardon, depuis ses débuts
de jeune reporter dans les années 60 jusqu’à nos heures de 2015.
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Proche des politiques, l’homme engagé ne se lasse pas de
parcourir le monde, donnant une visée quasi anthropologique à ses travaux,
égrenés dans l’espace et le temps, qui va jusqu’à le faire pencher pour le
format documentaire et le faire reconnaître dans le domaine cinématographique.
Une nomination à Cannes par-ci, un César gagné par-là, déjà
exposé aux rencontres photographiques d’Arles, à la Bibliothèque nationale de
France et au Grand Palais…
Bon…
Ok, tu gères.
Pardon, Raymond.
Mais qu’en est-il de cette petite exposition
marseillaise ? Oui, je dis bien petite. Car c’est ce qui la caractérise
selon moi au premier abord. Miroir de son exposition au Grand Palais quelques
saisons plus tôt, Depardon nous y rajoute gentiment une vingtaine de petites
photos en hommage à Marseille (qu’il ne connaît que trop bien, pour s’y être arrêté de
nombreuses fois, lors de ses périples photographiques de la guerre d’Algérie
jusqu’à Beyrouth en pleine guerre civile.)
Prises à la hâte en quatre jours, ces petites photos de
Marseille. Ca se voit, Raymond.
Peu de gros tirages, peu de variation dans la scénographie,
tu te retrouves à presser le pas devant les cadres petit format entrecoupés de
têtes des nombreux visiteurs. Dommage.
Mais malgré cette portée visuelle restreinte, il y aura des moments
où une image t’accrochera scraaatch
comme ça dans ta face tellement c’est du génie, cet art là. Je pense notamment
à la série prise à Glasgow dans les années 80 et celle chez les Mapuches du
Chili pendant les 70ies.
Mais alors si tu sais faire des chef d’œuvres, pourquoi tout
ça, Raymond ? Pourquoi certaines de tes photos je peux faire les mêmes
avec mon Canon G12 ?
Les voies du MUCEM sont impénétrables.
8€ pour Raymond
Depardon, un moment si doux, moi je dis non. Stop. Haro, haro.
Si les bouts de céramique et autres systèmes d’irrigation te
passionnent, grand bien te fasse, tu pourras aisément trouver ton bonheur dans
la collection permanente du MUCEM, ce qui rattrapera un peu la déception sur
les murs consacrés à Depardon. (Tu pourras aussi admirer les installations de
l’exposition FOOD, produire, manger,
consommer qui sans prétention grandiloquente, constitue une petite
compilation de différentes réflexions d’artistes sur le sujet.)
Mais si c’est l’amour de l’art qui te fait pousser les portes de
l’exposition Depardon, renonce à vider ton porte monnaie, tu seras au meilleur
des cas déçu et au pire aigri de cette sortie culturelle un peu trop modeste
pour le tapage qu’il en a été fait.
Sans rancune, Raymond.
Je trouve ton génie dichotomique. Pardon.
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MuCEM – 1 esplanade du J4
7, promenade Robert Laffont, 13002 Marseille
Du 29 octobre 2014 au 23 février 2015
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