Trois bons documentaires sur lesquels se pencher

22 avr. 2019





"Françoise Sagan, l'élégance de vivre"

Le plus émouvant
à voir ici

De Sagan je ne savais pas grand chose. Je n'avais lu que Bonjour Tristesse, vu quelques images d'archives et été au cinéma voir le biopic qui lui était consacré avec Sylvie Testut. Et pourtant, de la légende de cette femme dont la mort en 2004 est passé bien trop inaperçue, il y a tout à apprendre. Le succès scandaleux, l'amitié avec Bardot, l'auto-destruction latente, la liberté débridée, la fortune dilapidée, la lettre d'amour à Sartre ...
La réalisation, très esthétique, c'est 1h de belles images et de belles musiques, grossit d'une touche atypique en mêlant les mots du fils Sagan à l'édifice. A coup de belles videos d'archives, et au son d'une magnifique voix-off lancinante, c'est l'image publique de Françoise Sagan, le "charmant petit monstre", que décortique le documentaire pour en faire un portrait extrêmement touchant. J'ai été très émue, entre fascination et regard condescendant par ce qui émanait de cette femme, sa voix, son audace, son propos, ses mots, ainsi que l'image moderniste qu'elle incarne, loin de l'intelligentia classique "à la crouton" comme elle le dit si bien. Ses traits d'esprits sont incroyablement fins et malicieux, n'en témoigne ne serait-ce que l'audace de son épitaphe.

Françoise Sagan, l'élégance de vivre 
Marie Brunet-Debaines



"David Lynch, the art life"

Le plus dérangeant
bande annonce ici


C'était le docu du dimanche aprem, vu au cinéma indépendant de Marseille, un peu à l'aveugle parce que David Lynch, je ne le connaissais que peu. De manière assez déstabilisante, le documentaire occulte complètement la carrière cinématographique de celui aujourd'hui reconnu de tous comme un grand réalisateur et se concentre sur sa période pré-cinématographique. Artiste dans l'âme, David Lynch, déjà très singulier, peint, dessine, compose de la musique. Son talent plus tard exprimé sur écran, il lui vient des arts plastiques. Sur un tempo très lent, c'est la voix V.O nonchalante, articulée, hypnotique de David Lynch elle-même qui se raconte, à coup d'anecdotes et de récits sur sa jeunesse qui tour à tour amusent et font froid dans le dos.  

The art of life couvre un peu plus d'une vingtaine d'années, de son enfance jusqu'à l'obtention assez inespérée d'une bourse cinématographique. Personnalité torturée, complexe et passionnante, à la limite de la schizophrénie, les une heure et demi passées dans l'intimité de l'artiste, cigarette à la main, ponctuées de sa production picturale des plus dérangeantes, on comprend un peu mieux la singularité du personnage et de ses films, à la lumière de ce qu'il nous raconte. Moi j'ai vraiment adoré. 

David Lynch, The art life 
Jon N'guyen





Yéyé Révolution 1962 - 1966

Le plus étonnant
A voir ici

S'il est bien une période esthétique et artistique qui ne m'a jamais séduite, c'est bien celle de l'enfance de ma mère. Les années 60. Salut les copains, ces mots prononcés avec tant de nostalgie dans la bouche de sa génération, tellement ridicules pour les oreilles de la mienne, m'ont toujours laissée perplexe. Et pourtant, hasard des soirées marseillaises, une à ne pas rater dans la ville célébrait le closing de l'expo "Salut les copains" du photographe Jean-Marie Perrier et je m'étais dis au milieu de ces clichés où s'affichaient des gens quasiment inconnus pour moi, que c'était quand même classe, cette époque et ces sublimes photos. 

Yéyé c'était un mot qui m'agaçait, parce que je ne le connaissais pas. Grâce à ce documentaire le dommage est réparé. J'ai enfin compris ce mouvement, sa force, son engouement. Sans mise en scène grandiose, à coup d'images d'archives mais surtout d'interviews de gens concernés, le mouvement yéyé est expliqué, contextualisé, disséqué. Et dans la foulée j'ai compris pourquoi De Gaule a fini par ne pas être réélu.  

Le documentaire nous plonge dans les yeux de la jeunesse des années 60. Pieds joints dans les trente glorieuses, elle a assez entendu "moi de mon temps c'était la guerre" de la bouche de ses parents et aspire à ne plus se laisser dicter sa vie. Le mot adolescence n'existe encore même pas, et la jeunesse est condamnée au silence en attendant d'être adulte pour enfin exister. Elvis Presley, James Dean, c'est de leur musique venue d'Amérique qui déferle sur la France et fait pousser les idoles des jeunes, qui copient, adaptent et s'adressent enfin aux jeunes, un public jusque là ignoré. Johnny Halliday, Claude François, Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Sheila... A eux seuls, leur pouvoir est immense et rallie la jeunesse française à la révolte, à la conquête, qui finira deux ans plus tard en vraie révolution : Mai 68.

Yéyé Révolution : 1962 - 1966 
Didier Varrod et Michel Royer

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