Je me trompe rarement dans mes choix de série, et sur mes propres gouts en général. Un titre, une image d'accroche, un thème et un résumé suffisent souevent à me dire si une série va me plaire ou non. Ici j'avais pressenti le coup de coeur. Et j'ai eu grandement raison. En pleine période de Noël, avec un plaid et une tasse de thé, les lumières du sapin pour seul éclairage, j'ai savouré les 10 épisodes de The terror complètement fascinée par ce qui se jouait à l'écran.
Adapté du roman éponyme de Dan Simmons et inspiré de faits réels, la série met en scène les événements de l'expédition Franklin (1845-1848), mystérieuse expédition de la marine royale britannique aux confins des froids arctiques à la recherche du Passage Nord-Ouest, un raccourci vers l'Asie que les explorateurs européens cherchent en vain depuis le 16ème siècle.
A l'affiche, un grand nom du cinema : Ridley Scott à la production, le king incontesté des films en costumes lui-même. Immersion totale et grandiose dans ces contrées arctiques, à bord d'un bateau de la marine royale tel qu'ils l'étaient à l'époque victorienne, dans tout son prestige et son arrogance.
Au casting, des acteurs britanniques dont certaines têtes connues : Jared Harris (The crown, Chernobyl), Ciaràn Hinds (Game of thrones), Tobias Menzes (Game of thrones aussi)...
Astuce quasiment infaillible pour juger de la qualité d'une série : la forme de sa bande annonce. Celle de The terror est juste grandiose. Oppressante à souhait, esthétique au delà du possible, elle marque dans un noir et blanc léché toutes les angoisses humaines inhérentes à la cruauté des mers par delà le cercle arctique. Esquissée telle un dessin qui s'efface au fil du temps, on tangue avec elle, portés par le remou des vagues, éphémère dans ses sursauts de vie, prisonnière de ces terres glacées.
Le pitch :
1845, règne victorien. Sous l'égide du progrès, la marine royale britannique s'embarque pour un long périple de plusieurs années dans les eaux arctiques, au nord du Canada, à la recherche du Passage du Nord-Ouest, dans l'espoir de trouver une nouvelle route maritime facilitant l'accès vers la Chine et l'Inde. Suite à de mauvaises décisions, les deux navires Le Terror et L'Erebus, ainsi que les 130 matelots de l'équipage, se retrouvent prisonniers de la glace, à cours de vivre et traqués par une mystérieuse bête polaire sanguinaire. Dans cet enfer glacé, y-a-t-il des chances de survie pour un homme non préparé à errer plusieurs années sur la banquise ? Qui de la fatigue mentale ou de la fatigue physique plongera l'équipage dans les abysses du désespoir ?
Sur fond de paysages et décors à couper le souffle déambule une galerie de personnages aux grands imperméables à boutons comme seule l'époque victorienne sait nous la vendre. Ils étaient tellement courageux (ou inconscients ?), ces hommes de l'amirauté. Embarquer à durée indéterminée sur un bâtiment en bois vers les contrées glacée où rien ne pousse, le désert blanc pour seule forme de subsistance. Les hauts gradés le sont car cette expédition dans les froids polaires n'est pas leur première. Certains parlent même le dialecte inuit. Les galons et le prestige, l'accès aux riches salons londoniens semblent être leur motivation principale. Ce qui aura pour conséquence de précipiter leur chute.
Gloire, argent et pouvoir vont pousser le capitaine Sir John Franklin à tirer sensiblement trop sur la corde, plaçant les navires dans des situations extrêmes contre l'avis de ses seconds, ce qui tiens, tiens, n'est pas sans nous rappeler l'histoire du Titanic. Au lieu de rebrousser chemin avant l'arrivée de l'hiver comme la sagesse l'indique, l'expédition continue et les deux navires finissent par être pris dans la glace, ne pouvant plus avancer ni reculer.
Franklin n'en était pourtant pas à son coup d'essai. Ce sont ses expéditions précédentes qui ont permis à la couronne d'Angleterre de gagner de précieuses cartographies de cette région hostile, garant d'un avantage économique indéniable sur les autres puissances européennes. Il n'était pourtant pas le premier choix en tant que capitaine de cette expédition. Ni le second, ni le troisième choix d'ailleurs. Simplement le meilleur cartographe. Chacun cède sous le poids de la hiérarchie.
De mon côté, j'ai toujours éprouvé de la fascination pour ces contrées polaires. Le cercle arctique, ses kilomètres de banquise ont cet effet magnétique que je ne m'explique pas et un des plus beaux souvenirs de ma vie, c'est ce que j'ai pu ressentir au creux de mon ventre en voyant se dessiner depuis le hublot les terres glacées du Groenland en contrebas. Je ne pouvais donc qu'être fascinée par ces images sublimes de terres glacées à perte de vue.
Je m'attendais à ce que The terror soit une série très masculine, les femmes étant écartées des expéditions du 19ème siècle. Non que ça me posait problème, je n'ai pas trouvé le huit clos de l'équipage dérangeant, même si j'ai apprécié les rares flashbacks de leur vies en société à Londres, aux côtés de leurs soeurs, nièces et épouses (qui sont d'ailleurs celles, notamment l'épouse de Franklin, qui ont réussi à convaincre l'amirauté de dépêcher une expédition de secours pour essayer de les ramener). J'ai par contre adoré l'inclusion de Lady Silence, la jeune inuit à bord des navires et le long de l'expédition à pieds.
Au delà de son atmosphère sublime, j'ai appris beaucoup sur ce contexte des grandes expéditions européennes des siècles passés. Il y a le scorbut, la maladie des marins, crainte pire que la peste. Il y a les journaux de bords. Ceux du capitaine, ceux du médecin en pratique sur le navire. Mais plus que tout dans les contrées polaires, il y a les cairns, ces amas de pierres empilées par l'homme, marquant son passage sur une terre loin de la civilisation. Les marins utilisaient les cairns pour se laisser des messages, marquer la trace et la date de leur venue par ici.
Franklin n'en était pourtant pas à son coup d'essai. Ce sont ses expéditions précédentes qui ont permis à la couronne d'Angleterre de gagner de précieuses cartographies de cette région hostile, garant d'un avantage économique indéniable sur les autres puissances européennes. Il n'était pourtant pas le premier choix en tant que capitaine de cette expédition. Ni le second, ni le troisième choix d'ailleurs. Simplement le meilleur cartographe. Chacun cède sous le poids de la hiérarchie.
De mon côté, j'ai toujours éprouvé de la fascination pour ces contrées polaires. Le cercle arctique, ses kilomètres de banquise ont cet effet magnétique que je ne m'explique pas et un des plus beaux souvenirs de ma vie, c'est ce que j'ai pu ressentir au creux de mon ventre en voyant se dessiner depuis le hublot les terres glacées du Groenland en contrebas. Je ne pouvais donc qu'être fascinée par ces images sublimes de terres glacées à perte de vue.
Je m'attendais à ce que The terror soit une série très masculine, les femmes étant écartées des expéditions du 19ème siècle. Non que ça me posait problème, je n'ai pas trouvé le huit clos de l'équipage dérangeant, même si j'ai apprécié les rares flashbacks de leur vies en société à Londres, aux côtés de leurs soeurs, nièces et épouses (qui sont d'ailleurs celles, notamment l'épouse de Franklin, qui ont réussi à convaincre l'amirauté de dépêcher une expédition de secours pour essayer de les ramener). J'ai par contre adoré l'inclusion de Lady Silence, la jeune inuit à bord des navires et le long de l'expédition à pieds.
Au delà de son atmosphère sublime, j'ai appris beaucoup sur ce contexte des grandes expéditions européennes des siècles passés. Il y a le scorbut, la maladie des marins, crainte pire que la peste. Il y a les journaux de bords. Ceux du capitaine, ceux du médecin en pratique sur le navire. Mais plus que tout dans les contrées polaires, il y a les cairns, ces amas de pierres empilées par l'homme, marquant son passage sur une terre loin de la civilisation. Les marins utilisaient les cairns pour se laisser des messages, marquer la trace et la date de leur venue par ici.
Au niveau des personnages, j'ai trouvé les antagonisme et les forces complémentaires très bien écrites. Crozier, le héros central de l'histoire fait partie de ces hommes qu'on a envie de suivre jusqu'au bout, qui compense ses failles par son aplomb, ses valeurs morales fortes et son vrai sens du courage. J'ai beaucoup aimé les compétences et bravoures de Mr Blanky, du lieutenant Fitzjames, et du promu lieutenant Jobson. Comme tout un chacun, j'ai adoré détester le terrible Mr Hickey, admirablement joué par Adam Nagaitis, grand fourbe dont l'intelligence n'a d'égale que le vice. Si j'ai beaucoup aimé Lady Silence, mon coup de coeur revient à Mr Goodsir, le médecin épris de culture, peut-être homme le plus clairvoyant à bord qui, n'ayant pas les nerfs d'acier d'un matelot ou soldat chevronné, doit lutter contre sa sensibilité pour ne pas se laisser entrainer sur la pente glissante qu'elle lui offre sur un plateau d'argent.
Ce qui m'a particulièrement plu dans cette série, c'est aussi le traité de l'aspect psychologique du drame de cet équipage. Ces hommes prisonniers du cercle polaire semblent avoir une foi inébranlable en leur capitaine. Poids de la hiérarchie oblige, ils obéissent sans trop se poser de questions et ne semblent pas spécialement inquiets à l'idée d'être bloqués pour trois hivers.
Mais il suffit qu'une idée immerge dans l'esprit apeuré d'un seul homme pour balancer l'équilibre des choses, renverser les forces et au final saboter leurs chances de survie. C'est aussi curieux que calimiteux d'ailleurs, que dans les moments où le nombre fait la force, où cet échantillon d'hommes de civilisation exilée à l'autre bout du continent dans des conditions extrêmes, ne parvient pas à faire bloc, ce qui était selon moi (la petite française végétarienne assise dans son fauteuil sans la moindre notion d'exploration ni de survie) la meilleure et la seule manière de s'en sortir.
A mesure que la rivalité entre Sir John Franklin, capitaine de l'expédition et Francis Crozier, capitaine du Terror, monte en éclat, on comprend que même dans des conditions extrêmes à l'autre bout du monde, c'est le titre et le sang, et non les aptitudes de l'un qui précipite la décision de l'autre, Crozier étant de basse extraction et pire encore, irlandais.
Bref, même exilé sur la banquise de l'autre côté du globe avec pour seuls compagnons des pierres et des blocs de glace, les hommes se déchirent pour le pouvoir, instaurent hiérarchie et prestige de naissance, mais quelle folie. L'humanité porte en elle quelque chose de décevant, après tout.
Dernier atout de cette série, l'inclusion de la mythologie inuit. On sait que l'équipage de l'expédition, arrogants hommes du 19ème, ne prête aucune valeur à la parole des inuits, considérés comme sauvages et inférieurs, bien que maitres de ces terres qu'ils arpentent avec désespoir. Et que même les expéditions de secours ne prirent pas la peine d'écouter les indications des inuits, qui leurs conseillaient de chercher plus au Nord. Quoi qu'il en soit, ici la série suit la narration du livre et choisit d'inclure aux fait réels une petite dose de surnaturel, matérialisée par Tuunbaq, l'esprit inuit dans le corps d'un ours polaire, traqueur de chair, dévoreur d'âme à l'intelligence affutée, pouvant être tempéré par les chamanes inuits ayant reçu le don, au prix du sacrifice de leur langue.
Gros coup de coeur pour The terror, donc, une série qui à mon sens se marie parfaitement avec la période de l'avent et des fêtes de Noël. Je me suis sentie immergée dans cette histoire aussi vraie qu'incroyable sur l'histoire de cette génération d'hommes élevés pour la guerre évoluant dans un contexte de paix qui, faute de pouvoir faire acte d'héroïsme sur le champ de bataille, s'embarquent à la recherche d'une autre forme de gloire, au péril de leur vie sur bateau vers la partie la plus hostile du globe terrestre.
J'ai vibré en visionnant ces 10 épisodes. L'esthétique des images est envoutante, les personnages attachants portés par des acteurs de talents, la gestion du temps et du suspens foutrement bien gérées, et l'assemblage des éléments sert à merveille le propos central, un sujet vraiment fascinant.
Je m'attendais à ce que The terror fasse peur. Ce n'est pas du tout le cas. L'atmosphère est tendue, lourde et asphyxiante, mais on est ici dans le thriller psychologique et pas dans l'horreur. D'ailleurs les scènes les plus stressantes apparaissent dans l'épisode 1 et le surnaturel ne continue pas tellement de frapper aux portes au delà de ce préambule.
De mon côté j'ai adoré découvrir cette histoire vraie, l'expédition Franklin, qui sera l'occasion pour moi de plus m'intéresser aux aventures incroyables de tous ces explorateurs des siècles passés, notamment ceux centré dans les régions polaires. Aujourd'hui encore, l'histoire et la science n'ont toujours pas percé les secrets de l'expédition Franklin. Les épaves de l'Erebus et du Terror n'ont été retrouvées qu'en 2016, et un grand mystère plane sur le sort de l'équipage, malgré quelques hypothèses confirmées par les cadavres retrouvés pris dans les glaces dans les années 1990.
(attention spoilers)
http://www.slate.fr/story/163367/culture-serie-televisee-the-terror-expedition-polaire-mystere-arctique-fantastique-histoire
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