Un simple exercice, facile, agréable et plutôt rapide, issu du développement personnel. Je l'avais réalisé il y a plusieurs mois, lors d'un après-midi détente d'automne. Je trouve pourtant qu'il se prête bien à un climat de confinement, surtout parce qu'il m'avait vraiment vidé la tête, énormément détendue et avait su me faire avancer dans ma réflexion.
Il s'agit d'un exercice issu du programme de reconquête créative de Julia Cameron, Libérez votre créativité, un livre classé à juste titre dans le développement personnel, dont la notoriété s'est vérifiée dans le milieu artistique et que je recommande vraiment à tous ceux qui comme moi, n'ont pas encore assimilé tous les ressors de leur créativité et se débattent en silence dans ses ombres. Mais ceci sera l'objet d'une autre histoire.
Cet exercice parlera aux plus créatifs d'entre nous bien-sûr, l'occasion de laisser s'exprimer sa fibre créative étant toujours bonne à prendre et forcément savoureuse.
Mais j'ai trouvé qu'il s'adressait aussi aux autres, et à tout le monde finalement, parce qu'il ne demande pas tant d'aptitudes que ça, et permet d'ouvrir quelque chose de plaisant au niveau des canaux mentaux. L'autre avantage, c'est qu'on peut aussi le faire à plusieurs, avec son mec, ses amis, sa famille, s'offrant un moment un peu atypique à partager ensemble.
J'ai dans l'idée aussi qu'on peut refaire cet exercice à l'infini, que ses réponses ne seront jamais les mêmes (ou peut-être que si, en fait) et ouvrira toujours plus à la réflexion.
Sans plus tarder, parlons donc de ce fameux exercice. Le principe est très simple : il s'agit tout bêtement de réaliser un collage en auto-portrait à partir d'images découpées dans des magazines.
Les instructions de Julia Cameron sont les suivantes:
"Pensez ce collage comme une sorte d'autobiographie en images. Introduisez-y votre passé, votre présent, votre avenir et vos rêves. C'est bien d'y inclure des images que vous aimez, tout simplement."
● le temps pour le faire : 20 min
Evidemment, j'ai trouvé que c'était beaucoup trop court, donc j'ai allongé le temps à 1h pour pouvoir vraiment couvrir l'exercice dans toute sa profondeur.
● le matériel nécessaire :
- une pile de magazines
- une grande feuille, la mienne est un format raisin
- des ciseaux
- un tube de colle
● le mode d'emploi :
Déchirer les pages de magazines qui vous parlent, à la lumière des mots de Julia Cameron. Une autobiographie en images, incluant le passé, le présent, le futur et les rêves, centrée principalement autour des images qui nous parlent ou tout simplement qui nous plaisent.
Je pense qu'on peut mesurer facilement la connaissance de soi avec cet exercice. Ne serait-ce qu'au temps de décision qu'on met à déchirer une image ou non. On ne se servira probablement pas de toutes ces images mises de côté d'ailleurs, mais ce n'est pas grave : au plus les éléments et les textures sont nombreux, au plus on se donne le choix pour son collage.
De mon côté, je me suis aperçue que je n'ai pas respecté à la lettre les instructions de l'exercice. Assez instinctivement, j'ai compris que les images ne me suffisaient pas pour exprimer quelque chose. Il a fallu que j'y inclue des mots. Une constante qui revient toujours dans mon travail d'ailleurs, où j'ai toujours voulu faire cohabiter images et mots, toujours pensé l'image comme quelque chose de narratif, toujours pensé les mots comme quelque chose d'imagé.
Une fois le collage fini, je trouve intéressant le travail d'analyse, qui se fait automatiquement et en quelques minutes. Est-ce que ce collage me représente ? Oui. Oui, c'est bel et bien un autoportrait, il ressemble beaucoup aux pochettes que je customisais en école d'art, d'ailleurs.
Pas ou peu de couleur vives, qui m'ont toujours écorché les yeux et lorsqu'elles sont présentes, toujours diluées d'une pointe de noir et utilisées en contraste à quelque chose. Beaucoup de couleurs sombres et glacées comme je les affectionne. Une omniprésence du noir, ma couleur préférée. Une vibrance de ce que j'ai dans la tête, de mon amour des ambiances un peu sombres, une tendance qu'on avait surnommé "l'effet arbre mort" en école d'art. D'ailleurs, il y en a au moins deux dans ce portrait, des arbres morts.
Inconsciemment, j'y ai représenté plusieurs de mes facettes au travers de toutes ces femmes : celle, centrale, qui me ressemble le plus et qui se dérobe au regard, celle qui regarde de haut depuis la tour d'ivoire de son intelligence, celle qui joue les femmes fatales, celle qui est aussi dualité masculine et féminine mais aussi organe d'un couple, celle qui se voue à son propre mystère et à sa propre magie. Toutes sont des parts intimes de moi.
Mais surtout, surtout, je retrouve essentiellement dans ce collage tous ces thèmes importants dans ma cosmogonie personnelle, toutes ces affinités qui me caractérisent : la liberté, la mélancolie, la présence littéraire, l'art, le passé, la contemplation, le voyage, l'exploration, l'élégance, la nature, et toujours des symboles de l'étrange, une esthétique qui m'intrigue et me fascine.
J'y retrouve également une des préoccupations majeures de mon présent, phrasée dans des mots, ceux que je me répète, ceux que j'ai beaucoup trop entendu. Des séquelles d'enfance, ces blessures et ces brisures qui ne guérissent pas avec le temps. Partout, elles ressurgissent sans que je m'en rende compte, sont-elles si présentes en moi finalement ? J'en conclue qu'elles m'habitent plus profondément que ce que j'en ai l'impression. Il serait peut-être temps d'essayer de s'en occuper. Genre de vraiment s'en occuper, de ses grandes émotions du passé qui continuent si fort dans le présent.
Voilà. L'exercice a tenu ses promesses, m'a plongé dans un dialogue avec moi-même, s'est adressé à mon inconscient, a raisonné profondément dans le proche et le lointain, a rempli sa tâche, créative et introspective.
Est-ce qu'il est beau, cet autoportrait ? Est-ce qu'on en est satisfait ? Pas tant que ça. Pour ma part je préfère le voir comme un ressors indicatif non pas d'une identité que je me connais, mais plutôt comme un témoins de mon état d'âme et esprit à l'instant T.
Julia Cameron préconise de lui donner une place d'honneur dans son espace. Ses instructions sont les suivantes :
"Donnez à votre collage une place d'honneur. Même une place d'honneur secrète et acceptée : dans votre armoire, dans un tiroir ou tout lieu vous appartenant. Il est possible que vous vouliez en faire un autre dans quelques mois, ou faire un collage plus complet en englobant un rêve que vous essayez d'accomplir."
Moi je l'ai rangé dans une pochette, et posté ici. Finalement, en l'ayant rangé loin de mes yeux dans mon intérieur physique mais en l'ayant affiché sur ce blog, ne lui ai-je pas donné une place d'honneur à ma façon ? Terrifiant de symboliques, cet exercice.
Bon collage :)
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