Confessions de mes heures déconfinées dans le Luberon

5 juin 2020







Tout le monde s'accorde à dire je crois, que 2020 est une année plutôt étrange. Entre les vieilles angoisses empilées aux nouvelles, la nécessité grandissante d'un changement de système économique et le climat général un peu sonné, un peu dérouté, quelque part le post-apocalyptique et le sommeil, les bases se fendent et nous voilà glissant dans l'incertitude, finalement peu stables sur nos appuis.


L'air du temps l'état déjà, mouvant, impermanent et peu stable, mais le coronavirus et cette pandémie mondiale auront eu le mérite précipiter la tendance. On ne sait pas tellement de quoi demain sera fait, ce qu'il faut craindre et penser des informations pour le moins contradictoires qui nous sont distillées de semaines en semaines. Pourrons-nous seulement aller à la plage cet été ? Le pays va-t-il rouvrir ses frontières ? Peut-on revoir nos grands-parents sans les mettre en danger ? Quand rouvriront les musées et les cinémas ?

Après ces pesants mois de confinement, ma seule attente (à part la réouverture des terrasses de café), c'était de pouvoir m'échapper de Marseille, renouant avec mon équilibre naturel, celui qui me nourrit depuis l'enfance : les week-end à la campagne, ce sas de décompression nécessaire, ceux qui permettent d'aimer vivre en plein centre-ville.

Il n'aura pas échappé au lecteur attentif de ce blog qu'un de mes grands amours, c'est le département du Vaucluse. Et plus particulièrement cette petite vallée qui m'est chère, écrin de ce qui se fait de plus beau en Provence. J'avais hâte de le retrouver, mon havre phare.








Pour autant, on appréhendait un peu ce que ça allait donner. La maison qui n'a pas été ouverte depuis des mois, du coup. Le regard des gens du village sur le 13 de la plaque d'immatriculation, trahissant un Marseille en grandes lettres. D'expérience, on sait que les mentalités des villages diffèrent de celles de la ville et que, le covid 19 se respirant toujours dans l'air ambiant, il n'était pas dit qu'on ne serait pas accueillis avec des tomates. Ici plus qu'ailleurs, on jure par le sacro-saint masque, bien qu'ici comme ailleurs, la cohérence ne tient pas la route et que chaque commerce décide de ses propres mesures de sécurité. Toujours est-il qu'on a vu des gens porter méticuleusement un masque dans les larges ruelles d'un hameau de 30 habitants, heureusement très minoritaire.






Finalement, on ne s'est pas fait lyncher et dire qu'on vient de Marseille suscite même un nouvel intérêt. Il y a ceux qui veulent savoir comment ça se passe en ville (et sont surpris d'apprendre que tout le monde ne porte pas le masque, nous taxent d'indisciplinés {depuis quand discipliné est un compliment ?} ou d'irresponsables - ce sont les plus grégaires - et il y a ceux qui admirent désormais les marseillais parce que le Professeur Raoult est un grand homme et qu'il faut le défendre - "on ne va tout même pas se laisser faire par les parisiens !" - Une chose est sûre : on ne croise pas beaucoup de touristes et les vauclusiens n'ont jamais eu autant envie de parler. 

Il y a foule autour du lac comme en plein été. Peu de monde semble travailler en ce mois de Mai à la veille d'un week-end férié. Je déambule avec plaisir le long de ses rives qui pour certaines, se sont transformées en mangroves pleine de poésie.







 La région s'est parée d'un vert qui lui est peu coutumier, en raison des nombreuses pluies qu'elle a essuyé ces derniers mois. C'est agréable. Il ne fait pas encore trop chaud et il n'y a pas cette sécheresse habituelle qui donne à l'arrière pays provençal son lot de garrigues désolées. Tous les marchés ont été annulés. Les restaurants sont fermés bien-sûr, conférant un aspect désertiques aux villages provençaux habituellement si épicuriens. C'est la saison des trouvailles en vide-greniers, qui n'auront probablement pas lieu cette année, à mon grand désarroi. 

Tous les éléments sont réunis pour se prélasser à l'ombre des arbres, loin de l'agitation humaine. Je m'enfonce dans de longues heures de lectures au son des bruits de la nature. Les cerises sont en retard cette année, les fruits sont encore vert-orangers dans les arbres, mais la vallée s'est couverte de buissons de jeunets, plus ravissant les uns que les autres, diffusant leurs senteurs au promeneur.

J'observe la toute beauté de ces couchers de soleils champêtres. Ils me fascinent tant, dans la lunette de l'objectif comme dans la réalité face à moi. Je pourrais en inventer un métier tiens, chasseuse de couchers de soleil...








Puis il y a la beauté, le charme sans nom de ces petit villages provençaux. Tous ne valent pas le coup d'oeil, et certains sont incontournables. Il y a celui qui fait vivre son rituel de Mai, hérité depuis les années de la peste, qui trône fièrement devant l'église. Elle est d'ailleurs sublime, cette petite église, avec son éclairage bas, presque intime et sa peinture écaillée, qui lui confèrent ce charme hors du temps. Puis il y a celui où les créateurs ont élu leurs quartiers. Les prix sont doux, la manufacture de qualité. Je m'accorde le plaisir (ok, plusieurs) d'un achat post-confinement de toute beauté, made in France et qui soutient l'artisanat local.


On a aussi pris la température de ce que sera la région cet été. Car il y a de grandes chances qu'il faille faire une croix sur des vacances au delà de nos frontières cette année. Malgré les habituelles chaleurs écrasantes qui nous font fuir notre maison du Vaucluse en juillet et août, on a calculé que dans cette région qui toujours se renouvelle, une foule de choses restent à découvrir, capables de rendre nos vacances mémorables comme en temps normal. Le petit guide de la vallée, Luberon côté Sud, distribué à l'office du tourisme est particulièrement bien fait cette année.







Depuis près d'une décennie maintenant, mes séjours dans le Vaucluse ne dépassaient jamais les trois jours. Pas comme avant, dans mon enfance, où l'on pouvait y passer plusieurs semaines. Mais déconfinement oblige, cette fois-ci j'ai voulu profiter plus longtemps de la campagne, au moins cinq jours.

Cinq jours, ça n'en a pas l'air, mais c'est très différent de trois jours. Une certaine langueur s'installe. Un début de temps d'adaptation se met comme automatiquement en place. Inconsciemment, des choses s'amorcent. Et ce qui n'avait pas le temps d'être gênant le devient. Le corps s'épanouit, les sens se nourrissent à perdre haleine. La perception du temps change : la vie à la campagne transforme, distend, assujetti à d'autres lois.





j e   n e   m ' e n   r a p p e l a i s   p l u s,   m a i s  
la vie à la campagne en Provence, c'est : 


● Des paysages magnifiques, qui régénèrent, émerveillent et créent des souvenirs sensoriels inoubliables.
● Un calme paisible et reposant, qui fait du bien et peut même rendre philosophe.
● Le bruit du vent dans les branches, le chant des oiseaux, l’odeur de la terre mouillée, le son doux du microcosme des champs, les senteurs du jeunet, la délicatesse du coquelicot : Volupté des sens.

● Le charme élégant de ces villages séculaires où créateurs et galleristes se relaient pour continuer d’insuffler du beau dans le paysage.
● Des fruits et légumes locaux, sains, authentiques et délicieux.
● Des couchers de soleil à couper le souffle.

● Un ralentissement du temps, une lenteur du geste, un égrenage différent des secondes, des minutes et même des heures.
● Une diversité de faune et de flore époustouflante qu’ont s’arrache partout dans le monde côté cosmétique (L’occitane en Provence), ayant même inspiré les marques de luxe (au hasard, Ellena, le nez d’Hermès, parmi tant d’autres.)
● Le plaisir de conduire les cheveux au vent sur les petites routes champêtres et sinueuses, sans marquage au sol. La galère des manoeuvres acrobatiques lorsqu’on croise la voiture qui vient en face.







● Le moindre commerce pour aller se ravitailler à 10 km. Il ne prend pas la carte bleue, le distributeur le plus proche étant à 20 km (et ne marche pas toujours, au passage…)
● Se faire réveiller à 6h du mat par le chien qui aboie / le chat qui miaule / le campagnard qui a déjà branché sa scie sauteuse ou commence à passer l’aspirateur.
● La connexion réseau qui vacille ou est inexistante, et a la fâcheuse tendance de planter le GPS au pire moment.

● Des bzzzz partout, attaques aériennes contantes de mouches, moustiques, moucherons, guêpes, bourdons, punaises des bois, scarabées, frelons etc…
● Des krrrrr partout, attaques au sol constantes de fourmis, sauterelles, et autres horreurs à carapace en bande organisées à la logistique proche de celle des gangs et des cartels de drogue
● L’hypocondrie autour du masque, brandit absolument partout, même dans les hauteurs sur les sentiers de randonnées…

Conclusion : J’ai tant de plaisir à partir quelques jours à la campagne qu’à rentrer à Marseille dans mon appartement haussmanien, en attendant patiemment la réouverture des terrasses de café.<3 .="" div="" nbsp="">







i d é e s   p o u r   l a   p r o c h a i n e   f o i s

- visiter le château d'Ansouis
- la balade dans les vignes de la Dorgonne à La Tour d'Aigues
- le marché paysan du dimanche à St Martin de la Brasque
- visiter le village de Lauris
- aller voir le Musée de la vannerie de Cadenet
- les jardins du château de Val Joanis





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