Un long week end à Bordeaux : vignobles, océan & faste girondin

30 juin 2020




Mai 2019. Je m'étais fait la réflexion que je connais mal la France. Que j'ai toujours choisi l'étranger pour mes vacances jusqu'à présent, mais que je méconnaissais une grande partie de mon territoire natal, ce qui est en soi un peu stupide. 

Bordeaux, les landes, Biarritz et le pays basque, des destinations peu accessibles pour nous les méditerranéens. 7h de route en voiture, 6h de train : bref, pas le genre de choix qu'on peut envisager pour un week-end. 

Mais cette année les routes du ciel ont changé et j'ai profité de la nouvelle ligne Ryanair Marseille/Bordeaux pour m'envoler vers ce coin de France que je ne connaissais pas. J'y suis allée pleine de curiosité mais sans grand espoir, contrainte par le porte monnaie, il faut le dire. Et contre toute attente, ce fut une incroyable découverte, du genre de celles qu'on attend pas.

Je comprends désormais pourquoi de nombreux parisiens quittent la capitale pour venir s'installer à Bordeaux. La douceur de vivre y est saisissante.  

La région bordelaise, entre vignobles et air marin, est riche d'un territoire aussi beau qu'époustouflant. Outre la ville en soi, pour laquelle j'ai eu un véritable coup de coeur, l'arrière pays recèle également d'une atmosphère des plus agréables. Il y a quelque chose d'authentique et de très français dans la région bordelaise que j'ai pris beaucoup de plaisir à explorer.



itinéraire
U N   L O N G   W E E K - E N D   À   B O R D E A U X 

J o u r  1 - arrivée / aprem à Bordeaux (nuit à Bordeaux)
J o u r  2 - journée pleine à Bordeaux (nuit à Bordeaux)
J o u r  3 - La Dune du Pilat / Arcachon (nuit à Arcachon) 
J o u r  4 - Arcachon / Le Cap Ferret  (nuit à Saint Emiliion)
J o u r  5 - journée à Saint Emilion / retour à Marseille


P R A T I Q U E 

 Deux jours à Bordeaux sont largement suffisants pour découvrir la ville.

 Je recommande vraiment de louer une voiture pour partir à la découverte de l'arrière pays bordelais. Les options en bus et trains sont nombreuses, mais elles vous conduiront sur les routes touristiques et vous feront manquer des jolies choses loin de la foule des visiteurs.






BORDEAUX
  v i l l e  d e  c h a r m e  e t  d e  v i n


Bordeaux, sixième ville de France fait parler d'elle depuis quelques années. On lui reconnait une attractivité nouvelle : les touristes viennent en masse la découvrir, les français viennent y poser leur valise. Les parisiens sont nombreux à quitter Paris pour venir s'y installer avec ravissement quelques années (avant de finir par rentrer chez eux, faute d'évolution professionnelle).

Les bordelais, eux, ont un autre point de vue sur la question. La plupart ont plutôt pâti de la nouvelle ligne TGV Bordeaux / Paris qui, ralliant les villes en 2h, a fait flamber les prix de l'immobilier.

Personnellement, j'aime beaucoup les mentalités des gens du Sud-Ouest. Simples, cultivés, authentiques, sains. Ils sont l'idée de ce que je me fais des gens les plus agréables. Loin du snobisme parisien, de la frivolité des gens de la Côte d'Azur, de la beaufitude du marseillais de base pour caricaturer les choses à l'extrême. 

J'ai eu l'impression qu'à elle seule, Bordeaux représentait bien l'art de vivre à la française. La culture du vin et des terrasses de café semble y aller de soi et tout le monde s'adonne à ce passe-temps le long d'un naturel désarmant. De ce point de vue, Bordeaux est à la hauteur de sa réputation : ses vins sont vraiment parmi les meilleurs que j'ai jamais gouté et la détestatrice de vin rouge que je suis s'est complue à en boire avec plaisir. 

Bordeaux est une ville plutôt jeune et dynamique. Les étudiants ont l'air d'y être nombreux, les terrasses de café débordent de monde à tout heure et les shops les plus stylés, en dehors des clous "Zara / H&M / Maison du monde" y coulent en abondance. L'atmosphère y est simple, bourgeoise et terroir à la fois. 

La ville  n'est pas très grande. Assez ramassée sur elle-même, tout peut plus ou moins se faire à pieds. Le centre ville est piétonnier, uniquement desservit par le tramway. On y compte un nombre de vélos et de pistes cyclables impressionnants. 

Mais plus que tout, Bordeaux est une ville fastueuse. En atteste le nombre étonnant de ses monuments aux architectures incroyables à tous les coins de rue. Je suis restée bouche bée de nombreuse fois devant la richesse de ces édifices, à les contempler les yeux grands ouverts.

En définitive, Bordeaux c'est un savant mélange entre Lyon, Paris et Toulouse, avec une petite touche anglaise. 







F a ç a d e  a t l a n t i q u e  : 
LA BAIE D'ARCACHON



A moins d'une heure de route en sortant du périphérique de Bordeaux, il y a la petite voie toute droite qui mène au Bassin d'Arcachon. Connue pour ses huîtres, destination de vacances pour de nombreux français avec Le Cap Ferret, le Bassin d'Arcachon est une petite mer intérieure ouverte sur l'océan.

On sent encore un peu le parfum des landes : Biscarosse, dernière ville des landes est limitrophe. Mais je retiens surtout ce ciel, le ciel de l'Aquitaine, avec ses lumières de l'Atlantique, changeantes et subtiles, telles que les a peint Turner dans ses tableaux maritimes. 

Il y a une foule de choses à faire dans le Bassin d'Arcachon. Et il y en a pour tous les goûts. Les bourgeois en quête de restaurants et magasins huppés sur la côte et les sportifs prêts à mettre leur vélos sur les bateaux et à pédaler des kilomètres entre littoral et vertes forêts. Tout se fait au fil des horaires de la marée.





ARCACHON



La ville est plutôt petite, explorable en une demi journée pour ceux qui n'en ont rien à faire des magasins. Plutôt mal desservie par les transports, j'ai été contente d'avoir une voiture pour pouvoir l'explorer. On peut encore s'y garer gratuitement à des distances à pieds très raisonnables du centre ville. 

Ancienne station balnéaire sous Napoléon, on y trouve de nombreuses maisons au style empire toutes plus sublimes à observer les unes que les autres. La culture de la mer y est forcément omniprésente, avec son ouverture à quasi 360° sur l'océan. Arcachon est le deuxième plus grand port atlantique en France après La Rochelle : s'y balader sous le soleil couchant est une riche idée. 

J'ai aimé son côté un peu éclaté. Avec son port authentique de la Teste-du-Buch, le village des marins et des ostréiculteurs. Son port industriel, entre bateaux de plaisance et bateaux rouillés rangés en vrac au fil de la côte.  

Pour les amateurs de fruits de mer, Arcachon est une bénédiction. Huîtres parmi les plus fines de France, gambas, palourdes et crabes sont légion dans les menus des restaurant. Mais Arcachon c'est aussi la porte d'entrée du Cap Ferret. 




LE CAP FERRET


On accède au Cap Ferret depuis Arcachon, en voiture ou en bateau. Comptez 1h20 de voiture depuis les deux villes, et une demi heure seulement en bateau. Nous on a plutôt privilégié le bateau, parce qu'il y avait peu de vent ce jour-là. 

L'offre est à la hauteur de la demande. Il y a plusieurs départs et plusieurs retours par jour. Environ un embarquement toutes les deux heures. Les horaires sont assez anarchiques et pas si courants, il est nécessaire de bien se renseigner en amont pour bien préparer sa journée : 
Mais le Bassin d'Arcachon sait faire face à sa demande touristique grandissante. Inutile de s'affoler si tout le monde n'a pas l'air de rentrer dans le bateau ni si l'on est pas pile à l'heure en face du quai. Plusieurs bateaux se succèdent pour transporter les voyageurs et le respect des horaires n'est pas la priorité. 

Il n'y a pas tant de choses que ça à voir au Cap Ferret. Si ce n'est la sublime vue sur l'immense Dune du Pilat, les parcs oestréicoles, les bateaux à terre en marrée basse et les fameuses cabanes tchanquées. Pour les plus pressés d'entre nous, une bonne demi journée suffit à se donner une idée très large du lieu. Pour mieux l'explorer, comptez une journée complète et pour les grands amateurs de l'océan, deux bons jours minimum. 

J'ai trouvé que le Cap Ferret avait su conserver son côté sauvage tout en parvenant à incarner un lieu plutôt huppé pour les vacances. J'y ai vraiment retrouvé l'âme de l'Atlantique et l'esprit si enchanteur de Biarritz. Une chose est sûre : je reviendrai un jour en été y passer des vacances au moins une semaine.  





LA DUNE DU PILAT



Petit phénomène de la côte bordelaise, la très fameuse Dune du Pilat, cette incroyable dune de sable unique en Europe balayée par les vents au bord de la mer. La Dune s'étend sur plusieurs kilomètres, entre l'Océan et la forêt. Son ascension fait transpirer, mais une fois là-haut, le paysage est fou. 

On a plus l'impression d'être en France. On se sent tout petit face aux éléments. Le vent bat les flots, bat le sable, trop lourd pour s'envoler. Les cheveux nous viennent dans le visage et l'air glacial nous fait frissonner. Vertige des grands espaces. 

Pour mieux en profiter, il aurait fallu pouvoir marcher longtemps. Au plus loin. Jusqu'a ce qu'il n'y ait plus personne. Se retrouver seul sur la dune. Mais ma cheville et moi, on a pas pu nous accorder ce plaisir #algodystrofuck.

Accès a la Dune de Pilat : en voiture 4€ le parking pour 2h. Ou bien en bus (20 min) depuis Arcachon.






A  l ' i n t é r i e u r  d e s   t e r r e s :
LE VIGNOBLE DE ST. EMILION



Autre incontournable de la région bordelaise, sa campagne environnante, si verdoyante, qui ressemble un peu à la campagne anglaise. Berceau des vins de France, c'est aussi ici qu'on y cultive le précieux raisin, or français à mettre en bouteille. 

A moins d'une heure de route de Bordeaux, son vignoble le plus connu, le grand domaine de l'appelation Saint Emilion, prestigieuse terre vinicole mais aussi magnifique village médiéval. L'intérêt par ici c'est aussi de profiter de l'occasion pour loger dans une maison de charme, un vignoble si possible, et se chercher un petit restaurant gastronomique.

Entouré de vignes sur des kilomètres, Saint Emilion, c'est la rase campagne, avec les routes qui font se perdre le GPS et cette atmosphère authentique où l'on fait bruler les sarments de vignes au bord des champs. Arrivé dans le village, se garer n'est pas une mince affaire : St Emilion c'est très prisé. Bordelais et touristes aiment à venir y passer le week end. Le village en lui même n'est pas très grand mais recele de jolis endroits où admirer ses tuiles grises. 

Evidemment tout est pensé autour du vin à Saint Emilion et j'enjoins absolument tout le monde à se prêter à l'expérience d'une dégustation. Au village, les cavistes sont aussi vignerons et aiment à transmettre leur passion. Inculte en terme de grands crus classés, j'ai pris beaucoup de plaisir à discuter avec eux pour en apprendre davantage sur cette culture du vin. Je sais désormais parler de caudalie, de cépages et de millésimes. On repart forcément avec au moins une bouteille qu'on ne se serait pas forcément acheté en d'autres circonstances. Et les tarifs d'envois de caisse dans la poche.  

Qui dit Saint Emilion dit aussi visites de vignobles. Je conseille à tout le monde de se renseigner pour essayer d'aller en voir. Nous on est tombés sur un week-end "journées portes ouvertes" et n'avons pas hésité à partir explorer quelques vignobles dont le beau Château de Pressac.


→ à lire aussi : Le vignoble de Saint-Emilion : cépages, grands crus et millésimes à la française





conclusion
U N   C O U P   D E   C O E U R 


Peu enthousiaste à l'idée de pérégriner en France, je me suis pourtant découvert un très inattendu coup de coeur pour la région bordelaise ! J'ai trouvé dans ce coin de France un esprit tout d'abord qui m'a très largement séduite. Entre la coolitude des sportifs de l'océan, la force des saveurs du terroir centenaire et la douceur de vivre bordelaise, j'ai vraiment eu l'impression de découvrir une parcelle de mon pays dont je n'avais pas la moindre idée. Je me suis reconnue dans la vie des bordelais. Je me suis reconnue dans cette identité très française en fin de compte. 

Bordeaux c'est sur, j'y reviendrai. Pour tester tous ces beaux cafés, faire du shopping "indépendant", dessiner les monuments sur un carnet... J'irai passer des vacances d'été au bord de l'océan aussi, au Cap Ferret. Je porterai ces vestes d'été qui n'ont pas lieu d'exister dans la Méditerrannée, me baignerai dans les vagues et me gaverai de dunes blanches. 

Et les jours de bonne chaire, je boirai désormais du Saint Emilion, me ferait probablement envoyer des caisses du Chateau Gailhaud ou Chateau Faugas, millésime 2015, pour le prestige.  
Et qui sait ? Pourquoi pas un jour déménager à Bordeaux ?   

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