A 40 min au Nord des Yourtes d’Ardèche.
L’attraction culturelle de la Drôme : le Palais idéal du
facteur Cheval.
Un nom pareil mérite explication.
C’est l’histoire de Ferdinand Cheval. Enfant de la Drôme,
l’homme, orphelin très jeune, n’aura jamais l’occasion de suivre un cursus
artistique et devra s’estimer heureux d’avoir eu accès à l’instruction de
l’école élémentaire, là où ses camarades ne le pouvaient pas, dans l’extrême
ruralité et pauvreté de la région sous le 19ème siècle.
D’abord fermier, puis boulanger, Ferdinand se farcit tous
les travaux de durs labeur, jusqu’à sa nomination, à l’époque particulièrement
difficile à obtenir, au poste de Facteur.
La tournée du facteur Ferdinand Cheval, c’est 33km en rase
campagne. A pieds. Tous les jours. Le labeur continue.
Jusqu’à ce qu’un beau matin de 1879, à l’age de 43 ans, Ferdinand trébuche sur une pierre. Vengeur,
il la saisit dans sa main, et l’observe. Ses formes, calcaires, trouées, sont une
invitation à l’imagination la plus débridée. Et de l’imagination, Ferdinand en
a toujours eue. Ce sera la pierre du commencement.
A partir de là, le Facteur Cheval se met en tête de
construire dans son jardin le Palais Idéal, celui qui revient souvent hanter
ses rêves.
Il met à profit les longs kilomètres de ses tournées pour
repérer des pierres, et les laisse au bord de la route, bien en évidence. Une
fois sa tournée terminée, il revient sur ses pas, équipé de sa brouette, et les
ramasse, une à une, pour les monter ensemble, sur ses heures de temps libre.
Facteur le jour, bâtisseur la nuit, Ferdinand Cheval devient
un être particulièrement étrange, qualifié de fou par les gens du village,
l’observant suspicieusement amasser les pierres dans son jardin. Solitaire,
incompris, son obsession pour la construction de son palais idéal lui prend
tout son temps, toute son énergie. Il lui faudra 33 ans pour l’achever, pierre
après pierre.
Ce qui frappe dans son Palais, c’est la diversité de ses inspirations.
Mythologiques, égyptiennes, bibliques, hindoue…
Le Palais idéal du facteur Cheval, c’est un peu l’ersatz
d’un croisement de cultures, probablement inspirées de l’émerveillement
qu’aurait pu lui procurer le phénomène nouveau des cartes postales venues
d’ailleurs, chaque jour entre ses doigts.
J’ai particulièrement aimé les annotations, les phrases dont
il ponctue son palais, reflets parfaits du mode de pensée de l’artiste, très
soucieux de la mort, de la pérénité des univers oniriques.
La visite de son palais, c’est un peu la visite de son
intimité, de ses rêves, de ses ambitions, et en ça j’ai trouvé le parcours très
inspirant.
Sonder le devenir, la pensée d’un homme modeste qui, parti
de rien, ne sachant qu’à peine écrire, s’érige en énigmatique artiste
autodidacte, c’est toujours passionnant, encourageant sur les formes que
peuvent prendre une vie, en quelques sortes.
Classé Monument Historique par Malraux, bien après la mort
du Facteur Cheval, son Palais, indépendant de tout courant artistique, bâti
sans aucune règle d’architecture, inspire les artistes et suscite leur
admiration, notamment celle des Surréalistes.
Exposition Elevations
Petite exposition dans les très jolis locaux du château de
Hauterives, en hommage au Facteur Cheval, basée sur les fonds de deux
collectionneurs (dont le fondateur de La
maison rouge à Paris) d’Art Brut.
Se regroupent sous l’appellation Art brut toutes les
productions issues des travaux d’hommes et de femmes, souvent marginaux (malade
psychiatriques, détenus, originaux, clandestins) exempts de culture artistique,
en marge des règles et courants de la tradition artistique.
Définition pointue de l’Art brut en téléchargeant le dossier
pédagogique de l’exposition ici.
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Palais idéal du facteur Cheval
8, rue du palais, 26390 HAUTERIVES
Ouvert tous les jours d'été 9h30 - 19h30
www.facteurcheval.com/
Exposition "Elevations"
Château de HAUTERIVES
du 30 avril au 30 aôut
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