Road trip d'hiver en France : la parenthèse sacrée à Reims

19 avr. 2020






L'étape rémoise fut totalement improvisée. A vrai dire, je n'avais jamais eu envie d'aller à Reims. Je m'étais dit qu'il faudrait y passer un jour, juste par curiosité et parce que ces petites villes du nord de la France dont on entend parfois parler, je n'y ai jamais mis les pieds.

Dans mon grand snobisme un peu absurde, Reims c'était une petite ville sacrément inutile dans la lignée des impostures Nantes, Rennes, Amiens, Calais, Mâcon, Narbonne, Perpignan, en un mot, tout ce qui se dit ville sans parvenir à la hauteur des grandes villes de France.

Il va sans dire que j'avais atrocement tort. J'ai adoré Reims. Peut-être même plus que toutes les autres étapes.


Reims, c'est un petit Paris. Effervescence, cafés, monuments grand siècle français et manteaux élégants parsèment la ville. Le ciel, la luminosité arbore les mêmes teintes de gris d'une après-midi nuageuse.

J'ai trouvé qu'on y sentait le même air en terme de culture et de richesse. Car il ne faut pas oublier que Reims, c'est aussi la cité des sacres, la cité des rois. La ville y a couronné des dizaines de têtes, des carolingiens aux capétiens, venus chercher entre ses murs la légitimité de leur souveraineté.






Nous arrivons en fin d'après-midi, le soleil est en train de se coucher. La chambre d'hôtel est jolie, en plein centre ville et à la fois proche de la route pour le départ du lendemain.

La première chose que je veux voir, c'est la très fameuse cathédrale de Reims. On la dit une des plus sublimes de France, et on a bien raison. Sa hauteur, vertigineuse, impose le respect. A l'orée de ses voutes, éclairée des rayons du crépuscule, le spectacle est magnifique. Il faut tout de même faire un petit effort d'imagination : la partie centrale de la cathédrale est sous les échafaudages. Je lui trouve une certaine gémellité avec Notre Dame de Paris, sauf peut-être dans les dimensions.

C'est à Reims, principalement dans cette cathédrale qu'on été couronnés un bon nombre des grands rois et reines de France. Pourquoi à Reims ? Parce que c'est là que s'était fait couronner Clovis, et que reconnaitre ce lieu comme épicentre de la souveraineté, c'était pour la royauté une façon de prouver sa continuité depuis Clovis.





Il règne dans les rues de Reims une atmosphère vieille France comme je les affectionne.
Je m'imprègne de la beauté de ses façades. Avec ma cheville, difficile de profiter des attraits de la ville, d'autant plus que les rues sont pavées. Je serre les dents sur un secteur pourtant petit.

Puis je m'arrête, stupéfaite. Les panneaux devant moi posent des questions aux passants. Des questions inattendues et stupéfiantes. Les robots auront-ils des droits supérieurs aux animaux ? Deux robots peuvent-ils devenir amis ? Les robots pourront-ils décider de tuer ? L'opération a réussi, je suis interpellée. Ces questions sont très pertinentes, ont le mérite de faire réfléchir. Elles ne sont pas signées, mais je finis par comprendre qu'il s'agit d'une communication autour de l'exposition du moment à la médiathèque Falala, non loin de là. Impossible pour moi de la visiter, quel dommage... Je note afin de m'inspirer : cette campagne de communication est extrêmement efficace, très intelligente et très originale.

Pour manger, on choisit l'enseigne Les trois brasseurs (sans savoir qu'il s'agissait d'une chaine et qu'on en aurait une antenne près de chez nous quelques années plus tard), intrigués par cette cuisine pour nous exotique et motivés à l'idée de boire de la bière brassée sur place. On aura passé une soirée plutôt dépaysante et animée autour d'un petit set de dégustation de tous types de bières.




J'ai aussi la surprise de m'apercevoir que Reims est une ville... beaucoup plus moderne que Marseille. L'offre culturelle a l'air d'y être abondante et pléthore de cafés, boutiques et restaurants stylés abondent sur les pavés.

A Reims comme à Paris on sent le poids de l'histoire au travers des rues. La cité des sacres, qui classe 4 de ses monuments au patrimoine de l'Unesco, semble avoir concentré richesse et pouvoir en son temps.

Globalement, j'ai été surprise de tomber sur une ville aussi attractive, où tout les commerces sont récents, dans la tendance, conceptuels. L'air à Reims est très proche de celui de Paris finalement, les cohortes de touristes en moins. Je me suis surprise à me dire que j'aimerais assez y habiter.

On a plutôt eu envie de chiller à Reims. Non pas que ma cheville me permettait de faire autre chose, mais on s'est posés de restaurants en cafés, choses qu'on ne fait jamais habituellement. L'homme s'est même payé un tour chez le coiffeur pendant que je lisais un bon roman dans le salon de thé mitoyen.

Petite cerise sur le gâteau, cet aspect terroir qu'on ne s'attendait pas à trouver à Reims et qui est toujours un peu exotique pour nous, méditerranéens. J'ai trouvé qu'à Reims, un peu comme à Bordeaux, il y a cette culture des vins et du champagne, de la bonne chaire et de l'épicurisme à la française, aspects plutôt absents de nos mentalités provençales.





Mais le coup de coeur de la ville fut la boutique Maison Fossier. Une institution rémoise dont je n'avais jamais entendu parler. Maison Fossier, c'est la maison mère du biscuit rose, le biscuit rémois emblématique de la région Champagne. Fondée en 1756, il s'agit même de la plus vieille biscuiterie de France.

Je n'avais jamais entendu parler du biscuit rose, à croire qu'il existe une frontière invisible entre le Nord et le Sud de la France. J'ai découvert, les yeux hagards, sa complexité de gout et de fabrication, depuis la voix douce et bienveillante de la vendeuse, qui m'a fait déguster la gourmandise, en soulignant qu'il est impératif de prendre le temps de déguster son biscuit rose en le trempant dans du champagne ou du vin rouge. Le rituel m'ayant interpellée, je me suis laissée séduire et suis ressortie du magasin avec une boite, toute contente d'avoir appris l'origine du mot biscuit : bis-cuit, cuit deux fois !

J'ai aussi aimé la boutique en elle-même, avec sa façade romantique ayant ce petit quelque chose des vieilles échoppes à la française, entre les murs desquels on sent la légère influence de l'esthétique Ladurée. Nous sommes ressortis tous les deux charmés par le biscuit rose, sans doute rapport au fait qu'il nous avait autant surpris que bien été présenté.

Une des premières choses que j'ai faites en rentrant chez moi, fut de m'offrir une petite pause goûter biscuit rose au champagne. Le coup de coeur fut absolu. La beauté du moment, verres et bouteille autour de jolies assiettes, le raffinement du geste, l'explosion des saveurs dans la bouche. La pause biscuits roses, ce serait un en quelques sortes notre tea time français, et j'imagine facilement ces afternoon parties dans les grands salons à la française au 18ème, façon Marie-Antoinette. Et pour ne rien gâcher, le biscuit rose est aussi peu calorique que le boudoir, ce qui en fait juste le biscuit par-fait, ainsi qu'une petite habitude à adopter, finalement : j'ai été ravie de voir qu'on en trouvait facilement en grande surface à Marseille. Le biscuit rémois, un plaisir qui me suit désormais souvent dans ma vie de tous les jours depuis le Sud de la France !





- le palais du Tau
- la basilique Saint Remy
- la villa Demoiselle
- la bibliothèque Carnegie
- la basilique Sainte Clothilde
- le musée de la reddition
- le musée Saint Remi
- l'opéra de la ville
- le moulin de Verzenay
- les faux de Verzy
- visiter une maison de champagne : Pommery, Maison Ruinard, Veuve Coquelicot-Ponsardin...
- plein d'autres idées cool {ici}
- un excellent city guide Reims {ici}