Road trip d'hiver en France : lumière de l'Atlantique aux Sables d'Olonne

15 avr. 2020







J'étais déjà frustrée. Je voulais voir l'Océan ! Encore, en mieux ! En plus grand ! Un tête à tête face à l'Atlantique, voilà ce que je voulais. Le toucher et lui parler. Tandis qu'on s'enfonçait dans les terres de Charente Maritime.

Quelques discussions et une embardée plus tard, on prenait le chemin des Sables d'Olonne. Parce que c'était le spot le plus proche et que sur les nombreux points de la carte de France à proximité, seul ce nom m'était familier.

Je ne connaissais pas du tout la Vendée. J'aimais ce nom comme on aime des sonorités. Vendée, je l'avais surtout entendu dans Vendée Globe, que j'avais longtemps orthographié Vent-des-Globes. Admirez ma logique : s'ils font le tour du monde en voile au départ de la Vendée, c'est sans doute parce qu'il y a beaucoup de vent. Ma petite culture générale me permettait de savoir néanmoins que Les Sables d'Olonne, ça a toujours été le point de départ du Vendée Globe.  




 



Ce qui me frappe au premier abord, c'est l'aspect dégueu-industriel qui s'épaissit à mesure que nous approchons de la ville. Phénomène généralisé en France, visuellement ignoble, on commence à peine à s'en soucier, de ses banlieues industrielles qui défigurent le paysage. 

Les Sables ont des faux airs de Biarritz, dans l'atmosphère atlantique de ses rues pavillonnaires. Nous échouons sur le port, et le choc est rude. Chantier naval, atmosphère trouble, impression de saleté. Effet répulsif immédiat. Les parkings publics sont pleins, le paysage décevant, la crise n'est pas loin. "Cool ton idée, ça valait trop le coup d'oeil les Sables d'Olonne..."

Et puis, au détour d'une petite rue, un rayon de soleil et une immense jetée. La jetée des Sables. "Waouh !" Je retiens mon souffle. C'est presque céleste, divin, tombé des cieux cette perspective. Je brûle de prendre une inoubliable photo, mais la circulation nous l'interdit.  

En l'espace de quelques instants, je comprends l'intitulé de la côte : la côte de Lumière. Il suffisait de quelques mètres, et les Sables d'Olonne c'est soudain magnifique. Etendues de plages à perte de vue. Le ciel, maître des lieux, distille des couleurs aux grès de ses caprices. On se croirait dans un tableau de Turner.

Se garer même en hiver quand les rues sont désertes aux Sables d'Olonne n'est pas chose facile. Il faut compter sur un coup de chance. Je tente de négocier la visite du Musée du Coquillage, mais la réalité m'attaque en pleine face, ma cheville m'en empêchera.

L'idée principale évidemment, c'est de descendre à la rencontre de l'océan. Un léger vent crée de grosses vagues à la surface de l'eau, les mêmes qu'on trouve les jours de gros mistral en Méditerranée. Le littoral est mixte, mi-sable californien, mi-rochers bretons avec des algues. Quelques silhouettes se promènent dans cette étendue de lumière hors du temps. Plus loin, un surfeur s'entraine malgré les températures d'hiver.

J'imagine que la marée est basse. Mais je me trompe peut être complètement, plus que néophyte dans le calcul des poussées océaniques, totalement incapable de lire un quelconque calendrier des marées.







C'est un délice d'espace comme on en rêve dans le Sud de la France. La plage court sur des kilomètres, la lumière est changeante, berce le paysage de son éclat, ou le voile de son courroux. La sensation de liberté est folle, l'envie m'étreint de courir, de sauter, de danser, de ressentir mon corps face aux éléments.

Même loin des vagues, le sable est mouillé. Les sensations sont si différentes de la mer. Il y a cet infini au delà de l'horizon, exaltant et terrifiant à la fois qu'on ne ressent pas sur les côtes de la Méditerranée. Au bout de la rencontre entre le ciel et la mer, rien, sur des jours et des jours. Et puis l'Amérique, à des milliers de kilomètres. J'en ai des frissons. Combien d'épaves englouties, de monstres marins, de vide et de silence entre ces deux continents ? L'appel du large me terrorise. Je le savais déjà mais je le sens plus que jamais. Je suis une terrienne. Je ne suis pas un enfant des eaux. L'océan me fait trembler de peur.

Mais son contact me grise. Le phare, les embruns, l'horizon, l'infini, les caprices du ciel, l'odeur de l'iode, la forme dentelée des algues... Je me sens étreinte d'un gigantisme à la hauteur de mes désirs. Apaisement, abandon, liberté... L'instant me parait parfait. Aux côtés de celui avec qui j'avais envie de le partager.

L'eau n'est pas si glaciale. Le vent souffle, mon écharpe vole au gré du vent. Mes semelles s'enfoncent dans le sable mouillé. Je pars à la chasse aux coquillages. Ils n'y a qu'à se pencher pour les ramasser. L'heure tourne mais le moment me parait suspendu dans le temps.

Une rasade de pluie nous surprend. C'est un dimanche, il est 14h, la ville est vidée de ses habitants, et pourtant il y a de l'attente pour une table au restaurant. Moins d'une heure plus tard, le soleil s'est levé, irrigue le paysage de ses rayons, et les Sables d'Olonne, c'est tout à coup St Tropez. Les silhouettes fourmillent sur la plage, les trottoirs se sont remplis d'une valse de va et viens. Les Sables d'Olonne reprennent leur statu de ville balnéaire et tout à coup l'océan perd un peu de sa magie. Ici comme ailleurs en été, les plages sont sans doute assaillies de monde, à l'exception du fait qu'on y croise parfois des baleines ou des cargos échoués.





- visiter le Musée du coquillage
- se promener le long de la jetée des Sables
- marcher jusqu'au phare de l'Armandèche
- visiter la tour d'Arundel
- visiter le château de Saint Clair
- voir le prieuré Saint Nicolas
- visiter le quartier de l'île penotte


 Cinq parcours thématiques à pieds pour visiter la ville, directement sur ton smartphone : ici