Road trip d'hiver en France : Un pays. Une semaine. 3200 km.

10 avr. 2020


algodystrophie road trip d'hiver en france



A l'heure où j'écris ces lignes, nous sommes encore confinés en France pour cause d'épidémie Coronavirus. Le confinement, c'est un bis repetita pour moi. J'ai déjà connu ses affres quelques années en arrière, et ce n'était pas pour deux petites semaines : c'était pour deux ans, les deux premières années de cette maladie qui s'était installée dans mon corps.

Petit saut dans le temps. Nous sommes en février 2016. On vient de me diagnostiquer une algodystrophie de la cheville droite. Ce qui explique le mal de chien qui me secoue le corps depuis des mois chaque fois que mon pied violet touche terre. Je n'ai pas encore compris que je suis atteinte d'une maladie orpheline, qui sera très longue à passer. Je suis juste à bout de nerfs, prisonnière d'un intérieur, rétrécie sur moi-même.





Il aura suffit d'une idée soufflée dans l'air, proposée par un amateur de défi. Peut être était-ce l'appel des kilomètres, à moins que ce soit mes jérémiades sourires tristes de fille bloquée entre quatre murs à cause de sa cheville qui aient eu raison de lui.

Toujours est-il qu'il m'a proposé un Roadtrip en France en guise de cadeau, pour une occasion très spéciale. Mes yeux ce sont illuminés. Je me suis rappelée pourquoi c'était lui et pourquoi c'était pas quelqu'un d'autre. Il n'avait pas fini sa phrase que j'ouvrais déjà une valise, excitée comme un bonobo une puce.


Parce que le désespoir se lisait dans chacun de mes mots, mouvements, et que tout en moi criait que j'avais besoin d'air.
Voyager, voir du pays, changer d'air avec une algodystrophie de la cheville, c'était quasiment de la science-fiction. Mais il voyait que je me sentais prisonnière entre ces quatre murs, que je devenais désagréable et qu'une explosion menaçait de tout foutre en l'air.

Il m'a proposé ce road trip comme un défi. Il est du genre exhaustif, carré, planificateur. Il a toujours voulu qu'on teste TOUS les arrêts de métro de notre ville. Qu'on teste TOUS les plats de notre restaurant préféré. Qu'on essaye TOUTES les variétés de moutarde maille. Alors pourquoi pas tout un tour de France ?

A mesure que son idée folle germait en nous, on s'est aussi rendu compte qu'on connaissait peu la France, en fin de compte. Certaines régions de notre propre pays, nous n'étions même pas capables de les nommer, de les visualiser. Honte à nous.

Portée par l'élan de mes envies, je me suis laissée menée vers les lieux qui m'inspiraient.
J'ai rassemblé sur une carte les points d'intérêts qui m'attiraient au feeling. On a essayé d'en faire un itinéraire raisonnable, et c'est parti.



L'avantage du Road Trip, c'est que pour l'handicapé / l'empêché / le malade, la formule a l'avantage de faire voir du pays sans trop forcer physiquement.

Pour moi, il n'était pas question d'entendre parler de fauteuil roulant, même si chacun de mes pas sur le sol me faisait souffrir.

La plupart du temps, on l'a passé en voiture. A hauteur de 5h par jour, facile. Ça m'allait bien, j'avais le temps de me reposer entre les étapes, je pouvais visiter des lieux diverses et variés et je voyais du pays circuler à travers la vitre.

Si je n'ai pas pu profiter pleinement des lieux à cause des impossibilités liées à ma cheville, l'enchainement des choses à voir ont largement pallié à ce manque, et je n'ai pas spécialement ressenti de grande frustration dans le temps réduit qu'on accordait à chaque étape.

En gros, ce Road Trip Made in France, ça se présenterait un peu comme un préambule. Une introduction, un tour d'horizon d'un pays qu'on sait qu'on ne fera qu'effleurer sans rentrer dans le vif du sujet. Car rapidement, l'envie de retourner à tel endroit pour le visiter plus longtemps de manière plus approfondie se fera ressentir.

Je garde un souvenir particulièrement tendre de ce Road Trip Made in France et Made in Love. Si je me suis sentie très reconnaissante envers l'initiative originale, créative et salvatrice de mon amoureux, j'ai aussi profité des beautés de mon pays sous un angle aussi intéressant que séduisant. Cette petite semaine autour de la France m'aura ré-oxygénée pleinement. Je suis rentrée avec des étoiles dans les yeux, des images plein la tête, des envie d'en connaitre, d'en apprendre plus, encore et plus loin.




Jour 1 : départ Marseille / La Rochelle (nuit)
Jour 2 : La Rochelle / Les Sables d'Olonne / Brocéliande (nuit)
Jour 3 : Brocéliande / Le Tréport (nuit)
Jour 4 : Le Tréport / Mer-les-bains / Ault  / La baie de Somme / Rheims (nuit)
Jour 5 : Rheims / Verdun / Plombière-les-bains (nuit)
Jour 6 : Plombière-les-bains / Haut koeningsburg / Riquewihr / Colmar (nuit)
Jour 7 : Colmar / Kayserberg / Eguisheim / Lyon (nuit)
Jour 8 : Lyon / retour Marseille 





Première étape atlantique. La Rochelle, ville tant entendue et pourtant jamais arpentée. Sa culture de l'océan, ses sportifs, ses forts et l'odeur de ses embruns. 
 ◆ Embruns et vents de La Rochelle



La grande forêt bretonne, berceau des mythes du roi Arthur, où les noms sont enchanteurs et la végétation des plus denses.
 ◆ Escapade bretonne, la forêt de Brocéliande

Calme et tranquillité notoires dans la Baie de Somme où la vie se vit au ralentit ou ne se vit pas.
 ◆ Courte halte en baie de Somme



Le très impressionnant site de Verdun, la lande abimée de la Meuse et les rangées de tombes de l'Ossuaire Douaumont.
 ◆ Sur les traces de stigmates de Verdun


Dernière étape de ce road trip, la plus dépaysante. Les maisons à colombages, les cigognes et le kitsch à Colmar, Riquewihr, Kayserberg, Eguisheim, sans oublier le château du Haut-Koeningsbourg.
 ◆ Laparté alsacienne  
     







Villes côtière aux sonorités poétiques, porte atlantique vers le large et le bout du monde, le long de ses plages nimbées de lumière.
 ◆ Lumières de l'Atlantique aux Sables d'Olonne






Les plages et les falaises normandes, un rêve enfin réalisé. Beauté de ces lieux rudes, balayés par les vents, où mer et terre semblent se livrer un combat fougueux.
 ◆ L'étape normande : Ault, Le Tréport & Mer les bains






Surprenants charmes de Reims, une sorte de petit Paris pleine de caractère où la culture de son biscuit rose au champagne m'a totalement envoutée.
 La parenthèse sacrée à Reims






L'étape inattendue, détour nocturne par Plombière-les-bains, petit village thermal des Vosges, autrefois très faste sous le règne de Napoléon.
 ◆ Le crochet vosgien à Plombière-les-bains



Etape éclair, juste pour dormir. Parce qu'on connait déjà Lyon, et n'avons pas le temps d'y octroyer le week-end que sa visite mériterait.

La saison : Notre Road Trip, on l'a improvisé en une semaine. Et en hiver, donc. Mi-février, pour être plus précise. On a soigneusement évité les régions susceptibles d'être enneigées #goodbyelesalpes et on a pas eu peur de mettre le cap sur le grand Nord du pays, là où les températures font passer les méditerranéens que nous sommes pour des chochottes. Aucun équipement ni préparation spéciale en amont nécessaire.

La voiture : Nous on a roulé nos 3200 km avec une Renault Modus de 2008. L'avantage de cette voiture c'est le fait qu'elle consomme très peu de carburant. A ne pas oublier d'effectuer les quelques vérifications avant le départ (pression des pneus, huile de moteur, etc...). Petite frayeur pour nous : le voyant orange "filtre anti-pollution à changer" qui s'est allumé en plein road trip : la modus ou le désavantage des voitures électroniques qui en font des tonnes en prévision d'un fait qui n'est pas encore arrivé.


Coût : Evidemment, un Tour de France en une semaine, ça a un coût. Je n'ai pas spécialement tenu les comptes, mais pour chaque nuit, nous en avons eu en moyenne pour 60€ à deux. 

Péages : Pour sillonner la France, en y allant large sans privilégier systématiquement les routes nationales (selon la situation du jour et le retard sur le planning), on en a eu pour environ 150€.

Essence : Ce qui nous est revenu le plus cher, évidemment. Bien sûr en 2016, le carburant était moins onéreux, aussi nous avons utilisé 3,5 pleins d'essence au cours de ce road trip.

Logement : Parce qu'on avait rien défini en terme d'étapes avant de partir, on s'est occupés du logement au jour le jour. Munie de mon smartphone, je suis passée par internet via le site booking.com pour réserver chaque jour un hôtel dans les environs. Pour ne pas se stresser outre mesure, la règle c'était " Il faut qu'à 14h-15h on sache où on dorme." Je réservais donc notre nuit à 15h,  l'hôtelier nous confirmait la réservation, je spécifiais notre heure d'arrivée et nous étions sur place 3-4h plus tard. Très avantageux dans la saison creuse, on a pu profiter de palaces à prix cassés via les promotions du jour (et des heures) sur le site.

Valise : Malgré la saison froide et le fait que dans le Sud on est teeellement pas préparés pour affronter les températures du Nord, j'ai réussi à compacter ma valise.
J'ai pris deux manteaux, un de ville, un de campagne, ainsi que trois écharpes plaid pour marier mes tenues et j'ai tourné avec deux pulls, deux paires de chaussures et un seul jean's.
Munie de mon appareil photo très encombrant, j'ai su rester minimaliste. On a fait l'impasse sur les serviettes de bain. J'ai laissé l'ordinateur à la maison.

A prévoir : investir dans un embout USB à brancher dans la voiture depuis son allume cigare pour recharger son téléphone, très gourmand en batterie, surtout lorsque celui-ci fait office de GPS.